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Varsovie, capitale mondiale du tifo

Par la rédaction de So Foot

Au fil des ans, des bâches agricoles sont devenues les toiles sur lesquelles les ultras de tous pays (sauf d’Angleterre) affichent leurs œuvres d’art. Souvent avec très bon goût, parfois avec moins de tact, de temps en temps au risque de mettre leur club dans l’embarras. Le grand, le petit, le laid, le beau, le polémique, le mignon : vous saurez tout sur les tifos.

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#50 - AS Roma

AS Roma-Juventus (3-0) – 16 mars 1986

S’il y a débat sur la date des premières animations visuelles dans les stades – il y aura toujours un loubard pour nous trouver une bâche du FC Mésopotamie au IVe millénaire avant notre ère – le premier tifo officiellement recensé semble être l’œuvre des tifosi giallorossi le dimanche 16 mars 1986, pour la réception du leader juventino lors de la 25e journée de Serie A. Tandis que Carlo Ancelotti, Michel Platini et les 20 autres acteurs de la rencontre pénètrent sur la pelouse, c’est toute la Curva sud du Stadio Olimpico (sans toit à l’époque) qui se pare alors de pourpre et d’or, à l’aide d’immenses bâches en plastique confectionnées pour l’occasion et qui engloutissent bientôt l’intégralité des tribunes de l’arène romaine. Un joli premier tifo qui en appellera beaucoup d’autres dans la Ville éternelle, et qui poussera ce soir-là le club de la Louve à étriller le futur champion d’Italie 1986, grâce à des réalisations de Graziano, Pruzzo et Cerezo. FG

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#49 - Sporting de Kansas City

Kansas City-LA Galaxy (1-1) – 1er mai 2016

« Bienvenue dans l’enfer bleu. » Ce n’est pas uniquement le slogan du Sporting de Kansas City, c’est aussi une prophétie. Un cri de guerre balancé le 1er mai 2016 contre le Galaxy de Los Angeles (1-1), façon glaive de glace plantée dans l’âme de l’adversaire. Ce jour-là, le Roi de la nuit himself semblait avoir troqué ses Marcheurs blancs pour des supporters de soccer, tous prêts à envahir le Port-Real angelino. En 2016, on est en pleine sixième saison de Game of Thrones, *Attention spoilers* Jon Snow vient de se faire planter par ses potes, les sauvageons escaladent le mur pour fuir l’hiver, et la série est au sommet de sa hype. Les tribunes du Sporting, elles, vivent leur épisode spécial : ambiance bataille des bâtards. MJ

#48 - Standard de Liège

Standard de Liège-Anderlecht (2-0) – 25 janvier 2015

« Gloups. » C’est très certainement par une déglutition que Steven Defour a découvert, en ce jour de classique belge, sur une toile de 1000 m2 sa trogne décapitée et tenue du bout des cheveux par un Jason Voorhees, personnage du film d’horreur Vendredi 13. La violence de l’image a choqué la Belgique. Certes, le milieu était encore quatre ans auparavant l’idole des Rouches, avant de s’exiler à Porto, mais son retour au pays chez l’ennemi juré d’Anderlecht n’est pas passé. Trop pour les esprits sensibles. Trop dans un contexte où, la veille, un Japonais se faisait réellement décapiter par l’État islamique, et que la France était entièrement Charlie. Trop pour le principal concerné qui a quitté la pelouse au bout de 52 minutes pour une deuxième carte jaune. S’il en manquait une sur le tifo, visiblement c’est resté en travers de la gorge.  MR

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#47 - Sydney FC

Sydney FC-Sydney Wanderers (0-1) – 25 novembre 2023

« Nous sommes entrés dans l’histoire du pays en créant le plus grand tifo que notre ligue ait connu en plus de 19 ans d’existence. Il s’agit d’une prouesse à tous les niveaux. » Voilà comment The Cove, la section ultras du Sydney FC, décrivait humblement son œuvre dévoilée le 25 novembre 2023 lors du derby de la ville contre les Wanderers. Historique à l’échelle de la A-League – beaucoup moins à l’échelle mondiale, on ne va pas se le cacher –, le tifo indique : « Préparez-vous à la tempête de Sydney » avec un dieu des mers – à la sale tronche – prêt à faire chavirer la chétive embarcation du WSW, bientôt submergée par les vagues. La tempête, ce sont pourtant les Sky Blues qui l’ont prise, ce soir-là, avec une défaite à domicile (0-1). JB

#46 - Kashima Antlers

Kashima Antlers-Cerezo Osaka (1-1) – 2 novembre 2024

C’est récent, mais ça pèse lourd. Le club le plus titré de l’archipel, qui a vu passer un certain Zico dans les années 1990, sait jouer sur tous les tableaux, y compris le psychologique. Sur le terrain, les Antlers dégainent leur mythologie pour intimider l’adversaire. Deux divinités guerrières veillent sur eux : en rouge, Futsunushi, une divinité de l’épée, et en bleu, Takemikazuchi, le dieu du tonnerre, connu pour avoir remporté le premier combat de sumo de l’histoire. Ça pose un club. MJ

#45 - KRC Genk

Genk-Saint-Trond (3-0) – 19 décembre 2015

Un Grand Schtroumpf bodybuildé serrant dans sa paume un Titi bien naïf, le tout au pays de la bande dessinée ? On a cru voir un gros bide, et… Finalement, le barbu tout droit sorti de l’imagination l’univers Peyo partage effectivement sa couleur avec l’équipe locale, et il s’apprête bien à croquer le canari de Looney Tunes, en référence au surnom de l’équipe visiteuse. De la bulle au terrain, il n’y a qu’un pas : 3-0 pour Genk. Et puis, mieux vaut ce petit arrangement scénaristique qu’une vilaine blueface. MR

#44 - ŠK Slovan Bratislava

Slovan Bratislava-Manchester City (0-4) – 1er octobre 2024

On peut avoir quatre ans de retard et rester à la page. Il y a moins de trois mois, les ultras du Slovan Bratislava nous gratifiaient d’un tifo hommage au Jeu de la dame, série Netflix de 2020 racontant le parcours d’une crack des échecs dans les années 1950, et qui avait notamment fait des ravages en France lors des soirées de couvre-feu. Quatre ans après, donc, à l’occasion de la réception de City en Ligue des champions, nos amis slovaques utilisent le personnage de Beth Harmon, avec le message : « Le jeu commence. Nous sommes le Slovan. Nous sommes prêts. » En arrière-plan, les noms des équipes éliminées aux tours précédents. Face à Beth, sur l’échiquier, des pions à l’effigie des huit adversaires du Slovan dans cette phase de poules. Résultat : 4-0 pour City, évidemment. JB

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#43 - Qarabağ FK

Qarabağ-Atlético de Madrid (0-0) – 18 octobre 2017

Alors que Qarabağ joue le match le plus important de sa saison face à l’Atlético de Madrid en Ligue des champions, troisième journée de la phase de poules, les supporters azéris ont sorti l’artillerie lourde. Pendant que les Madrilènes traînent leurs jambes lourdes après 6 000 kilomètres de voyage, les tribunes locales s’enflamment de tifo de folies : des pancartes en fiches plastifiées, tout droit sorties du cartable d’un élève de 5e B. Et ça, personne ne s’y attendait, comme ce nul héroïque. Pas de Qarabistouilles. MJ

#42 - AS Saint-Étienne

AS Saint-Étienne-Olympique lyonnais (1-2) – 20 janvier 2019

Alors oui, l’un des meilleurs publics de France aurait sûrement mérité un meilleur classement au vu des bangers à répétition déployés dans le Chaudron. Mais seuls les vrais auront reconnu la dédicace au département de la Loire : 42 RPZ ! C’est d’ailleurs une belle référence au passé minier et ouvrier de la région que les Magic Fans décident de concocter ce soir glacial de janvier, à l’occasion du 118e et bouillant derby entre Saint-Étienne la populaire et Lyon la bourgeoise. Un tableau en deux temps, l’immense portrait d’une Gueule noire déployé dans le kop nord, à la main duquel une lampe de mineur vient ensuite s’ajouter. Le tifo, sublimé par une bâche chargée d’histoire (« Héritiers d’un passé minier – Guidés par notre amour pour Sainté »), sera toutefois insuffisant pour mener les Foréziens à la victoire, un but tardif de Moussa Dembélé (90e+5) offrant même aux Gones les trois points ainsi que la 3e place occupée par les Stéphanois… une autre époque. FG

 

#41 - Panathinaïkos

Panathinaïkos-Olympiakos (0-1) – 2 novembre 2013

Au mois de novembre 2013, Athènes se faisait porter par l’atmosphère, disons, très chaude du derby. Le Panathinaïkos accueille alors dans son antre l’Olympiakos et peut compter sur ses ultras de la Gate 13 pour motiver ses joueurs qui prennent les choses au pied de la lettre, puisque ceux-ci déploient un tifo interdit aux moins de 18 ans. Celui-ci met en scène une femme, ne portant qu’un maillot aux couleurs de l’Olympiakos, le postérieur à l’air et à quatre pattes. Derrière elle, un homme portant un débardeur aux couleurs du Pana… Bon, on ne va pas vous faire un dessin, mais quoi qu’il en soit, après le but visiteur signé Kostas Mitroglou, c’est bien le Panathinaïkos qui a mal au cul. BGC

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#40 - Stade de Reims

Stade de Reims-CS Sedan Ardennes (0-0) – 17 septembre 2004

Les guerres de clochers peuvent être cruelles quand l’un des deux est celui d’une cathédrale. En l’occurrence, Reims a bien fait comprendre à son voisin des Ardennes que dans ce derby régional, les bourgeois n’étaient pas forcément des gentilshommes. La belle flèche blanche, pointée sur les Sangliers englués dans le parcage visiteur de Delaune, ne fait pas de mystère : « Pour trouver les paysans, suivez la flèche. » Là où le piège est efficace, c’est que les Sedanais ont dû attendre de revoir le résumé sur Eurosport pour comprendre à quelle sauce ils se sont fait manger. MR

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#39 - 1. FC Magdebourg

FC Magdebourg-Berliner AK 07 (1-2) – 25 mars 2012

Quand nos attaquants ne sont pas des flèches, autant en avoir en tribune. Chose faite par les ultras de Magdebourg avec leurs joueurs, bons derniers de Regionalliga. Ces derniers étant incapables de faire trembler les filets adverses (15 buts en 24 matchs), la tribune a joué son rôle de 12e homme en leur indiquant la marche à suivre. Munis de flèches colorées, les fans des Blau-Weißen ont tenu à rappeler dans quelle direction il fallait viser : « On est là pour vous aider, les gars. »  L’aide GPS – vanne faite par les fans de l’AS Nancy Lorraine  – a fait son petit effet, Christopher Wright marquant de la tête à la 78e. Le problème, c’est que l’adversaire a suivi le même chemin et plutôt deux fois qu’une. Résultat : défaite 2-1 et un rendez-vous chez l’ophtalmo. HG

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#38 - Brøndby IF

Brøndby-FC Copenhague (1-0) – 27 septembre 2015

Le derby de Copenhague est toujours féroce. Alors les ultras de Brøndby ont décidé de jouer les bouchers et de dépecer le lionceau dans le cercueil. Le tifo ? Une œuvre d’art sanglante. Le stade, devenu un colisée, dévoile un gladiateur torse bombé, triomphant, brandissant fièrement la tête d’un lion décapité. Une réponse bien sauvage au surnom de l’ennemi juré : Les Lions. Un match transformé en combat de gladiateurs, une tête qui roule, un but qui tue. Brøndby 1, Kobenhavn 0. Sauvage et chirurgical. MJ

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#37 - Al-Hilal

Al-Hilal-Persepolis (3-0) – 26 mai 2015

On reste dans l’arène, mais on échange le casque de gladiateurs pour la capuche des ninjas. Les Saoudiens, époque pré-Neymar, recevaient les Iraniens de Persepolis, et, pour l’occasion, ils avaient convoqué un invité spécial : Sub-Zero. Oui, LE Sub-Zero, le ninja givré de Mortal Kombat, maître des congélations instantanée et briseur de nuques certifié. Vision prophétique, car Al-Hilal a congelé son adversaire, avant de lui arracher le crâne en emmenant la colonne vertébrale avec. MJ

#36 - Hammarby IF

Hammarby-St. Pölten (2-0) – 9 octobre 2024

Pour leur première saison en Ligue des champions féminine de leur histoire, les supporters du club de la banlieue de Stockholm, Hammarby, ont rendu hommage à celle qui les a menés vers l’Europe : leur capitaine Alice Carlsson. La Tele2 Arena s’est embrasée avec un gigantesque tifo à son effigie, symbolisant son statut de figure emblématique du club. Fidèle aux Bajen – le surnom des supporters –, Carlsson a décliné une offre juteuse de l’Inter Milan en 2024 pour continuer à porter le vert et blanc. Arrivée en 2020, elle a guidé Hammarby vers l’élite dès sa première saison et inscrit son nom dans l’histoire du club avec un doublé championnat-coupe en 2023. Trois banderoles en majuscules annonçaient la couleur : « Stockholm et la Suède sont à nous, l’Europe est la prochaine cible. » Et pour l’ambiance électrique des tribunes ? Merci Simon Sandström. Cet ancien capo des ultras a tout changé après une question innocente de sa fille : « Papa, pourquoi personne ne chante ? C’est ennuyeux… » Le déclic. Il a fondé Bajenkompaniet, un groupe de fans dédié aux féminines. Depuis, les tifos des Bajen font le tour du monde, leurs chants résonnent pendant 90 minutes sans relâche, et les tribunes s’enflamment comme jamais. MJ

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#35 - Stade rennais

Rennes-Betis (3-3) – 14 février 2019

Rien de mieux qu’une Saint-Valentin au stade pour assister à un délicieux Rennes-Betis sous les effluves des galettes saucisses. Ce soir-là, les ultras rennais dégainent un gigantesque tifo d’un pirate s’en allant à la conquête de Séville, après les « batailles » d’Astana, de Kiev et de Jablonec lors de la phase de poules. « Faites parler la poudre », peut-on lire sous le très joli dessin fait main par les volontaires du Roazhon Celtic Kop. Une image pour symboliser la place prise par le RCK dans le tifos game dans les tribunes hexagonales au tournant des années 2010 et 2020. En même temps que le club breton grandit, le principal groupe de supporters rennais se forge une très solide réputation dans le domaine des bâches, notamment, avec plusieurs chefs-d’œuvre, de La Casa de Roazhon repris directement dans la série à de multiples tifos avec des références culturelles (Breaking Bad, le Joker, Fight Club, 300, Star Wars, Ça, les mosaïques d’Isidore Odorico, etc.), ou encore une animation sur trois tribunes à l’occasion de la réception d’Arsenal quelques semaines après le Betis. Tellement fort que le principal architecte de ces petites merveilles a fini par être embauché par le Stade rennais. CG

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#34 - Club Nacional de Fútbol de Montevideo

Nacional Montevideo-Toluca (4-0) – 4 avril 2013

Habituel locataire du Gran Parque Central et ses 34 000 places, le Club Nacional de Fútbol de Montevideo a pris l’habitude de délocaliser ses gros matchs dans l’immense Estadio Centenario et ses 60 000 sièges, bâti en vue de la première Coupe du monde de l’histoire (1930) et qui accueille la plupart des rencontres de la Celeste. À l’heure d’y recevoir le Deportivo Toluca (Mexique) en phase de poules de la Copa Libertadores 2013, les fans del Bolso décident de frapper un grand coup : nécessitant plus d’un an et demi de travail, 5 000 socios dévoilent ce soir-là le fruit de leur labeur, une interminable bâche tricolore de 600 mètres sur 50, 30 000m2 de plastique recouvrant plus des trois quarts de l’enceinte, siglés du blason du club ainsi que de quotes motivationnelles. Un tifo dingue estimé à plus de 54 000 euros tout de même, qui a toutefois eu le mérite de porter ses fruits : une victoire 4-0 del Tricolor, doublée d’un record officiel attesté au Guinness Book of Records du plus long tifo du monde. FG

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#33 - FC Zürich

Lugano-FC Zürich (0-3) – 12 novembre 2023

On ne se moque pas de la dyslexie ! Ce jour-là, le FC Lugano reçoit à domicile le FC Zürich, les supporters du FCZ profitent du déplacement pour offrir une masterclass de tifo. De manière parfaitement rodée, ils déploient leur œuvre : « CONE OM ZÜRICH ». Vous l’aurez compris, le message passé était « COME ON ZÜRICH », mais le « N » et le « M » sont inversés. Pays aux quatre langues officielles, la Suisse n’a visiblement pas l’option anglais à tous les étages. Une cagade qui n’est malheureusement pas la première : un “Zirü”, avait déjà été déployé à la place d’un “Züri” – diminutif du club -, une bévue qu’ils traînaient déjà comme un boulet. Malgré ces pinceaux emmêlés, les joueurs de Zürich rattrapent la bévue sur le terrain et s’imposent 3-0 à l’extérieur. Leg’s To ! BGC

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#32 - FC Porto

FC Porto-Benfica (1-0) – 20 septembre 2015

Lors la saison 2015-2016, Benfica a beau remporter le championnat portugais, avec 15 points d’avance sur son rival, le FC Porto, les Aigles ont tout de même quelques raisons de rester modestes. Déjà parce que les Dragões sont restés invaincus lors de leur double confrontation et ont notamment remporté l’aller à domicile. Et aussi parce que côté tribune, les Portistas ont sorti l’artillerie lourde. Une tête de dragon recouvrait alors la tribune Sud du stade, avec une pyrotechnie rouge dans les yeux du dragon, et des échappées de fumée par ses naseaux. Un tifo vivant pour mieux croquer les chevaliers rouges. BGC

#31 - Toulouse FC

Toulouse FC-Liverpool (3-2) – 9 novembre 2023

Le match n’avait pas débuté que la soirée était déjà réussie pour les supporters toulousains. Balayé au match aller à Anfield (5-1), le TFC recevait l’ogre Liverpool dans un Stadium incandescent comme rarement auparavant pour cette 4e journée de Ligue Europa. Craintifs à l’idée de recevoir en Haute-Garonne (département 31, vous l’aurez compris) l’un des favoris de la compétition, c’est un tifo mythique et plein d’autodérision que les supporters des Violets décident de dégainer à l’entrée des joueurs : référence aux Bronzés, c’est ce bon vieux Jean-Claude Dusse qui apparaît tout à coup dans le virage Brice Taton. Manière pour les NVRDS (principal groupe ultra du Téf) d’encourager les Pitchouns sans véritablement croire à l’exploit, en témoigne la citation jouxtant la ganache du plus attachant des dragueurs losers : « Sur un malentendu, ça peut marcher. » Pourtant, à l’inverse de JCD qui n’aura jamais réussi à serrer, Toulouse réalise l’impensable et parvient à taper des Reds certes remaniés, mais Reds tout de même, grâce à trois pions de Dønnum, Dallinga et Magri (3-2). Si la porte des 16es de finale s’ouvre alors pour le TFC (éliminés par Benfica par la suite), l’immense Michel Blanc s’éteindra près d’un an plus tard, le 3 octobre 2024, à l’âge de 72 ans. Repose en paix l’artiste ! FG

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#30 - Omónia Nicosie

Omónia Nicosie-Jagiellonia Białystok (1-0) – 23 juillet 2015 

À l’heure où la plupart des joueurs pros se dorent la pilule à Ibiza ou Dubaï, les premiers tours préliminaires de qualification européenne battent leur plein en cette fin juillet 2015. C’est le cas pour deux prétendants à la Ligue Europa, l’Omónia Nicosie (Chypre) et le Jagiellonia Białystok (Pologne). Absent sur le terrain à l’aller (0-0), le spectacle se situe plutôt en tribunes puisque les fans du Jagiellonia – réputés très à droite politiquement – ont décidé d’accueillir leurs confrères chypriotes – réputés très à gauche – à l’aide d’un tifo politique, un marteau et une faucille barrés symbolisant leur rejet de toute forme de communisme. Vexés d’un tel affront, les supporters de Nicosie décident donc de rendre à leurs collègues la monnaie de leur pièce au match retour : munis de bâches individuelles en plastique, les ultras de la Gate 9 donnent vie à ce petit bonhomme vert chassant à coups de pied une croix gammée nazie. La banderole attenante comporte un message lourd de sous-entendu : « Nos grands-parents vous ont chassé jusqu’à Berlin. » Un partout, balle au centre en tribune, c’est bel et bien sur le terrain que le duel doit être départagé : à ce petit jeu, c’est finalement l’Omónia qui sort vainqueur du duel sur la plus petite des marges (1-0) et poursuit sa route. Comme en 45. FG

#29 - Persis Solo

Persis Solo-Magelang (3-1) – 22 avril 2017

Pourquoi se référer au passé ? Les ultras du club indonésien de Persis Solo ont répondu en 15 minutes, le temps de l’animation d’avant-match : parce qu’il est glorieux. Le club centenaire est le troisième club le plus titré de l’archipel. Il a gagné le championnat sept fois, mais problème : le dernier remonte à 1943. Soit 13 ans après la première édition du championnat indonésien, qu’il avait contribué à créer. C’est ce que les ultras rappellent sur ce magnifique tifo en trois temps dans un match qui n’était qu’un match de deuxième division entre deux villes de l’île de Java. Temps 1 : rendre hommage au prince Sambernyawa. Le type a participé à se rebeller contre le pouvoir colonial hollandais au XVIIIe siècle, et le club a gardé une filiation dans la révolte. Temps 2 : les dates des trophées du club, avec cette légende : « Amener notre équipe de la fierté au succès. » Ça a marché ce soir-là, et c’est ce qu’on voit sur le troisième tifo : un tableau d’affichage du score, 3-1. Les locaux ne sont pas montés en fin d’année, mais jouent désormais en première division indonésienne. Thèse, développement, synthèse. Parfait pour répondre à la question « pourquoi se référer au passé » en plus de 15 minutes. UL

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#28 - Rosario Central

Rosario Central-Newell’s Old Boys (1-0) – 10 décembre 2017

Argentine + derby = ambiance assurée. Cette formule magique, presque mathématique, s’est appliquée le 10 décembre 2017, lorsque Rosario Central reçoit les ennemis jurés : l’équipe des Newell’s Old Boys. Pour l’occasion, la quasi-totalité des tribunes de l’Estadio Gigante de Arroyito se drape d’une belle bâche jaune et bleu. D’un côté, les bâtiments historiques de Rosario, un drapeau argentin ainsi que « 1889 », date de naissance du club. De l’autre, quatre « Guerreros ». Avec le seul but marqué à la 3e minute, il ne fallait vraiment pas être en retard. BGC

#27 - Le Havre Athletic Club

Le Havre-SM Caen (2-4) – 19 mars 2022

Toutes les étoiles sont alignées pour permettre au HAC d’honorer ses 150 ans d’existence. Déjà parce que les Ciel et Marine accueillent les voisins du Stade Malherbe pour un beau derby de Normandie, mais les festivités comprennent aussi concerts, invités spéciaux et autres animations en avant-match. Et là, c’est le drame… Les supporters dégainent une immense bâche – fruit d’heures de labeur – qui se déchire juste avant l’arrivée des joueurs sur la pelouse. La honte en mondiovision ne sera malheureusement pas calfeutrée par la prestation des joueurs, avec une cinglante défaite 2-4. Le Havre pire birthday. BGC

#26 - Zénith Saint-Pétersbourg

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Zénith-Rubin Kazan (5-0) – 21 septembre 2019

Un score net et précis (5-0) et une place de leader largement méritée. Les supporters du Zénith ont fait les choses en grand pour la réception du Rubin Kazan. En même temps, les joueurs n’avaient pas le droit à l’erreur lorsqu’ils ont découvert ce tifo mesurant la taille d’un bâtiment de dix étages. Accompagné de la mention « Made in Leningrad », le chiffre 33 qui est affiché sur le bouclier rend hommage au groupe d’ultras Secteur 33 qui célébrait ses 39 ans (après tout pourquoi pas fêter ses 39 ans). Des festivités prises au sérieux, puisque la confection de ce tifo a duré six mois. HG

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#25 - Fiorentina

Fiorentina-Juventus (0-1) – 2 mars 2022 

C’est peu dire que les supporters florentins attendaient de pied ferme le retour de Dušan Vlahović en Toscane. Arrivé en provenance du Partizan Belgrade en 2018, l’international serbe était peu à peu devenu le chouchou du stade Artemio-Franchi à la faveur de ses 49 caramels sous le maillot violet. Une cote de popularité à la hauteur de l’amertume des tifosi lorsque le gaucher décida de rejoindre l’ennemi juventino en janvier 2022 comme Baggio, Bernardeschi ou Chiesa avant lui. Un transfert houleux, qui déclencha à Florence un véritable déferlement de haine. Et lorsque le hasard du tirage au sort de la Coppa place la Juve sur le chemin de la Viola en mars, c’est l’Enfer de Dante qui est promis au traître pour ses retrouvailles : la Curva Fiesole dévoile pour l’occasion une impressionnante mise en scène de Dante Alighieri dominant les flammes de l’Enfer, premier cantique de La Divine Comédie, chef-d’œuvre de la littérature italienne écrit de la main du poète florentin. Un tifo dingue à la touche culturelle, et magnifié par ce chant destiné aux traîtres à la patrie : « À présent, je ne veux plus que tu parles, méchant traître ; à ta honte, je porterai de toi des nouvelles vraies. » Une impressionnante scénographie accompagnée de copieux sifflets à chaque touche de balle de Vlahović, qui n’empêche pas la Juve de s’imposer et de se hisser en finale. FG

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#24 - Schalke 04

Schalke 04-Fribourg (0-2) – 30 octobre 2022

Mieux réalisé que dans une pub pour de la lessive (ou des serviettes hygiéniques), un fluide bleu se diffuse dans le trikot étendu depuis le toit de Gelsenkirchen. À Schalke, on lave son linge en famille pour mieux enfumer la concurrence. Un coup de maître : le maillot se teinte du bleu royal du club allemand, fusion parfaite entre pyro et tifo. On applaudit la précision du geste, le bleu restant bien à l’écart du logo du club. La fumée descend comme une avalanche, une mer de tubes se dresse au-dessus des fans… mais finalement, c’est Fribourg qui joue les pompiers, éteignant Schalke avec un sec 2-0. Le feu d’artifice était surtout en tribunes. MJ

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#23 - Shijiazhuang Ever Bright FC

On était à deux doigts de les mettre en tête de liste. Les supporters du Shijiazhuang Ever Bright FC (aujourd’hui Cangzhou Mighty Lions FC) ont tout donné, mais vraiment tout. Une performance avant-gardiste et méta, comme si Christopher Nolan s’était chargé de leur tifoseria. Reproduire le stade, recréer le kop des ultras, s’infiltrer dans le kop et chanter les mêmes hymnes. Ça sent l’Inception à plein nez. En revanche, grosse interrogation sur ce passage piéton gigantesque juste à côté. Un petit tour sur Google Maps n’a rien éclairé. Peut-être une piste pour savoir si Leonardo DiCaprio est toujours coincé dans un rêve ? Nous, en tout cas, on a été pris en plein rêve shijiazhuangais devant ces supporters féroces. MJ

#22 - Club africain

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Club africain-Paris Saint-Germain (0-3) – 4 janvier 2017

Ce match, qui devait être une simple rencontre amicale, est resté gravé dans la mémoire de Nasser al-Khelaïfi, le président du PSG. Le 4 janvier 2017, au stade olympique de Radès, la Curva Nord du Club africain a déployé sous son nez une œuvre magistrale lors d’une rencontre face aux Parisiens, sponsorisée par Ooredoo, la multinationale qatarie. Pour le groupe ultra tunisien, le message était clair : le football avait encore une âme et l’argent des géants ne devait pas prendre le dessus. Au centre, un message résonne comme un uppercut : « Créé par les pauvres, volé par les riches. » L’histoire ne dit pas si NAK a changé de vision des choses après ce match… Comment ça, « non » ? HG

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#21 - US Salernitana 1919

Salernitana-Inter Milan (0-4) – 30 septembre 2023

Franck Ribéry n’est pas la seule œuvre qu’a appréciée Salerne. Le jour de la réception de l’Inter, et en pleine galère sportive (en témoigne le score final), le club grenat de la région napolitaine s’est payé un kif que n’aurait pas renié les ados aux cheveux longs des années 1970. La drogue ? Non, quoique : un vibrant hommage au groupe de rock Pink Floyd, 50 piges après la sortie de l’iconique The Dark Side of the Moon. Tant pis si l’album à la pyramide traversée d’un faisceau lumineux est mélangé avec le non moins puissant The Wall, 1979, l’ensemble a de la gueule. Le Stadio Arechi n’en était pas à sa première référence culturelle, puisqu’en 2015, la tribune avait tripé autour de Happy de Pharell Williams ou encore sur le thème du cinéma. MR

#20 - US Crotenay Combe d’Ain

Matchs U15 et U18 – 25 mai 2019

Coup de cœur pour le club de l’US Crotenay, dans le district du Jura, et ses supporters, les Red Debil’s 17, qui ont célébré comme il se doit leur deuxième année d’existence en réalisant une série de magnifiques tifos en U15 et U18. 1500m2 et 700 heures de travail et quelques tracteurs réquisitionnés, il n’en fallait pas moins. Déjà réputés pour impressionner leurs adversaires, ces supporters mélangent genres et jeux de mots : « USCCA, c’est plus fort que toi », « On n’est pas trop gâteau, on préfère les tifos ». Ils ont même repris un tube des années 1980 : « Et tu chantes, chantes, chantes, le refrain des RD / Et tu bâches, bâches, bâches, pour ton club préféré / Ce rythme qui t’entraîne de Crotenay à Marigny / Réveille en toi la tentation d’craquer un fumi. » Des tifos réalisés à leur échelle, mais dignes des plus grands groupes d’ultras européens. HG

#19 - Celtic

Celtic-Rangers (4-0) – 3 septembre 2022

Un môme de 13 ans, un cocktail Molotov dans une main, un masque à gaz bien calé sur le pif. C’est ce cliché brut du jeune Paddy Coyle qu’a choisi la Green Brigade pour habiller les tribunes du Celtic lors de ce Old Firm. Une scène arrachée à l’histoire, immortalisée en août 1969, au cœur de la bataille de Bogside. Trois jours de chaos où les catholiques républicains irlandais ont tenu tête aux flics et à l’armée royale britannique dans les rues de Derry. Trois jours, et le début d’un match bien plus long : le début des attentats de l’IRA et des « Troubles », ces 30 ans de guerre entre l’Irlande du Nord et la Couronne. Le Celtic, lui, n’a jamais été qu’un club de foot. Depuis ses premiers dribbles en 1888, le club écossais incarne une cause : celle des opprimés, des rêveurs d’une Irlande catholique et réunifiée sous un même drapeau. Le football est la tribune des Bhoys pour afficher leur soutien aux luttes sociales et politiques. Black Lives Matter, Palestine, ou comme ce soir, une référence à Bernadette Devlin-McAliskey, icône des droits civiques irlandais. Avec un slogan en guise de punchline : « Today we dare to win. » En face, les Rangers jouent une autre partition. Leur public se régale de tifos à la gloire de Bill the Butcher, le boucher sanguinaire des Gangs of New York, connu pour sa haine des immigrés catholiques irlandais. Ou encore de messages type « Make Rangers Great Again ». Deux clubs, deux mondes. Mais ce soir, le monde est vert. MJ

#18 - Rapid Vienne

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Rapid Vienne-Austria Vienne (1-2) – 9 octobre 2022

Un écrasement de tête en pleine voltige et tout un kop qui résonne : « Viola merda ! » – pour les italophobes : « violet c’est de la merde ». La scène culte que vous voyez, c’est une réplique assumée d’un geste resté dans les annales – ou les infamies – du derby 2013 entre le Rapid et l’Austria. Ce jour-là, Branko Bošković, ancien numéro 10 du PSG passé à l’époque sous les couleurs vert et blanc, avait pratiqué son meilleur kung-fu sur Marin Leovac, défenseur croate de l’Austria. Des crampons bien plantés dans la chair, un bandeau ensanglanté pour Leovac, et un simple jaune pour Bošković, sous les hurlements des tribunes de l’Austria en implosion face à l’injustice. Mais ne vous en faites pas, Branko est venu pour casser des bouches : douze minutes plus tard, l’arbitre lui tire un rouge après une nouvelle folie. Entre-temps, Leovac, tête bandée comme un gladiateur, avait tenté de continuer avant de rendre les armes à la mi-temps. Score final ? 2-1 pour l’Austria comme si l’histoire se répétait entre le 304e et ce 333e derby  : l’Austria peut arracher une victoire, le Rapid garde ses 18 longueurs d’avance. Lâcher un match, c’est presque un plaisir, tant que les Violets quittent le terrain en pièces, la gueule en sang. MJ

#17 - Atlético de Madrid

Atlético de Madrid-Eibar (2-2) – 20 mai 2018

Les supporters de l’Atlético ne pouvaient pas rêver meilleure occasion pour rendre hommage à leur Niño, décidé à (presque) tirer un trait sur sa riche carrière de footballeur avant d’aller bourlinguer une dernière saison au Japon. Car avant d’être bodybuilder, Fernando Torres était une légende des terrains européens et internationaux. Après avoir terrassé les défenses anglaises et italiennes sous le maillot de Liverpool, de Chelsea, puis de l’AC Milan, les plus belles mèches blondes du circuit mondial étaient revenues en 2016 découvrir le Metropolitano, lui qui avait arpenté le Vicente-Calderón entre 2001 et 2007, pour laisser une empreinte encore plus indélébile dans les cœurs colchoneros. Autant dire que la réception d’Eibar lors de la dernière journée de championnat constitue l’occasion parfaite pour les socios de l’Atlético de célébrer comme il se doit les adieux du champion du monde 2010 formé au club. Quelques jours après le sacre en Ligue Europa face à l’OM (3-0), c’est dans un Metropolitano incandescent que Fernando Torres, capitaine pour l’occasion, découvre cet immense tifo à 360 degrés, orné de rayures rouges et blanches et d’un message à foutre la chair de poule : « D’enfant du club à légende ». Si le cadeau d’adieu est superbe, El Niño n’est pas venu les mains vides : d’un doublé dont il a toujours eu le secret, Torres vient porter à 129 golazos son total définitif sous le maillot de l’Atlético. Respect éternel. FG

#16 - Red Star

Red Star-Nîmes Olympique (2-0) – 2 décembre 2023

C’est l’histoire d’un stade mythique et de son club : le Red Star. À Saint-Ouen, au cœur de la Seine-Saint-Denis, là où le foot sent encore un peu la sueur et beaucoup l’histoire. Ce stade, c’est Bauer. Une enceinte qui dépasse tout : joueurs, entraîneurs, et parfois même le club lui-même. Mais voilà, Bauer était devenu trop vieux, trop vétuste, plus dans les clous pour accueillir les générations futures et répondre aux exigences des acronymes : LFP, UEFA, FIFA. La tribune ouest, celle qui abrite le kop depuis 101 ans, doit alors être détruite et retapée. Alors, avant de ranger les projecteurs et de démonter Stonehenge, les supporters ont déroulé un dernier tifo. Une fresque vivante, un cri du cœur, vibrant à la gloire des moments et des figures qui ont fait l’âme de ce stade légendaire depuis 1909. Évidemment est là Jules Rimet – premier président de la FFF (1919-1949), président de la FIFA (1921-1954), inventeur de la Coupe du monde et un des fondateurs du Red Star –, mais aussi les héros de la Résistance : Jean-Claude Bauer, résistant fusillé au Mont Valérien, dont le nom orne fièrement ce stade, Rino Della Negra, grand espoir du Red Star et, tombé lui aussi sous les balles nazies. Bauer, c’est leur maison. Mais comme le bateau de Thésée, tant que les chants résonnent, Bauer reste éternel. MJ

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#15 - FC Twente

Twente-Ajax Amsterdam (1-3) – 14 janvier 2021

Souvenez-vous : tests PCR, attestations de déplacement, gestes barrière, « Nous sommes en guerre », le professeur Raoult… mais surtout, ces horribles matchs de foot joués dans des stades vides qui sonnent creux ! Heureusement, les supporters du FC Twente ont trouvé la parade pour rappeler à leurs joueurs que l’épidémie ne peut rien contre la ferveur d’un peuple. Alors que les mesures contre le Covid-19 se durcissent aux Pays-Bas en ce début d’année 2021, la faute à un foutu nouveau variant épidémique, le football local est toléré en l’absence, néanmoins, de supporters en tribunes. Pas une raison toutefois pour les supporters des Tukkers de ne pas encourager leur équipe lors du choc face à l’Ajax : à l’aide de centaines de bâches plastiques rouges, blanches et noires disposées sur chaque siège de la grande tribune vide du stade De Grolsch Veste, le groupe ultra Vak-P dresse le magnifique dessin d’un supporter local brandissant une écharpe encourageant le club d’Enschede, s’appropriant au passage le YNWA de Liverpool et du Celtic. Une belle marque de soutien des supporters du club frappé du cheval, insuffisante toutefois pour éviter la roublardise du renard Klaas-Jan Huntelaar, auteur d’un doublé en toute fin de match pour les Lanciers (1-3). FG

#14 - Atlético Nacional

Atlético Nacional-Independiente Medellín (2-0) – 1er novembre 2024

Ici en Colombie, pas de place pour les demi-mesures. Atlético Nacional contre Independiente Medellín, un derby où l’amour du maillot flirte avec la haine de son voisin. L’Atanasio-Girardot, cette maison qu’ils partagent à contrecœur, devient le théâtre d’une prise d’assaut. Ce soir, le bleu de l’Independient prend un carton jaune, ça sera vert ou rien. Le stade se lève d’un seul bloc, chaque supporter brandit son carré de tissu comme un pinceau et en fait une toile circulaire avec un seul et unique propos : « orgullo antioqueño » – la fierté d’Antioquia. Antioquia, ce département colombien du nom des peuples autochtones. Une terre qui a vu naître Pablo Escobar, le baron de la drogue, comme J. Balvin et son reggaeton. Ici, tout est excessif. Le foot ne fait pas exception. Alors ce soir, le stade se transforme en concert. Les supporters des Verdolagas déroulent un tifo titanesque : un océan vert et blanc, vibrant, vivant, écrasant. Nacional n’est pas seul, Nacional ne l’est jamais et surtout seul Nacional est Antioquia. Sur le terrain, la messe est dite avant même le coup d’envoi. 2-0, une victoire déjà cousue dans le tifo. Dans les cages, un certain David Ospina, de retour dans son premier club, après un passage exotique en Arabie saoudite avec CR7. Quelques semaines plus tard, Nacional fait la peau à l’América de Cali en finale. Nacional campeón, les Verts au sommet, et Antioquia, en transe, enchaîne avec le championnat pour un doublé. Antioquia, terre de passion ? Non, terre de folie. MJ

#13 - Athletic Club et FC Barcelone

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Athletic Club-FC Barcelone (1-3) – 30 mai 2015

La 112e finale de l’histoire de la Copa del Rey entre l’Athletic Club et le FC Barcelone est une rencontre digne d’intérêt à plus d’un titre. Plus qu’un affrontement entre deux des équipes les plus sexy du pays, c’est surtout deux communautés aux velléités indépendantistes qui se retrouvent au Camp Nou en cette fin mai pour se disputer la Coupe du Roi, pourtant symbole d’unité et de centralisation du royaume. Si l’heure n’est pas aux revendications politiques, mais bien à la quête du précieux trophée, Basques comme Catalans peignent ensemble une immense fresque colorée à l’entrée des joueurs sur la pelouse. Côté Barça, les bandes horizontales aux couleurs de la Catalogne s’adossent aux couleurs blaugrana et à l’immense message « Faire l’histoire ». Côté Bilbao, les bandes horizontales, tout aussi impressionnantes, sont bien évidemment rouges et blanches, et côtoient un magnifique Ikurriña (drapeau basque), symbole de la communauté autonome du Pays basque espagnol (Euskadi). Un splendide spectacle lourd de sens pour le club de la province de Biscaye, connu pour ne compter dans ses rangs que des joueurs nés ou formés dans la région. Malheureusement pour les Zuri-Gorriak, le Barça est trop fort ce soir-là, le but d’Iñaki Williams ne pesant pas lourd face au doublé de Léo Messi et au pion de Neymar : la Coupe du Roi restera en Catalogne, de même que le championnat et la Ligue des champions quelques jours plus tard. Un triplé historique pour les hommes de Luis Enrique. FG

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#12 - Slavia Prague

Slavia Prague-Sparta Prague (1-1) – 24 septembre 2023

« Dans le menu de Slavia, nous sommes en plein essor comme un seul homme. » Si la traduction DeepL du tifo ne veut pas dire grand-chose, le message est clair : les ultras du Slavia, le plus vieux club de Prague, n’accueillent pas leurs voisins du Sparta pour une soirée thé lecture. C’était plutôt le trip des étudiants en littérature qui ont fondé leur club en 1892, ce qu’ils rappellent sobrement ce soir de septembre 2023. Avec du rouge, du sang, des gueules de fous et des fumigènes très bien dispersés, ils s’y prennent plutôt bien pour rappeler une chose : un derby, ça se gagne, un ennemi, ça se mange. L’ambiance est clairement vénère dans la Fortuna Arena du Slavia. Sur le terrain, c’est pareil : le 308e derby de Prague a donné du fil à retordre à l’arbitre : cinq jaunes pour le Slavia, six pour le Sparta. Un rouge pour le Slavia, un pour le Sparta. Les coachs ont tous les deux été exclus. Bromance. UL

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#11 - Eintracht Francfort

Eintracht Francfort-Chelsea (1-1) – 2 mai 2019

La tournée européenne de Francfort 2019-2020, c’est du lourd. Ils étaient 13 500 à Milan, 6 000 à Lisbonne, 9 000 à Rome, 5 000 à Limassol. Alors quand leur club accueille Chelsea, en demi-finales, il a fallu faire fort. 1,4 tonne de matos a été utilisée. Le poids d’une grosse voiture. La chorégraphie est grandiose : un stade entièrement bariolé de noir et de blanc, et une chorégraphie qui dévoile un énorme tifo dans le Deutsche Bank Park. Un camaïeu de stickers du club, qui ont sans doute traversé les toilettes, les aires d’autoroute, les aéroports et les musées d’Europe. Les Allemands, alors entraînés par Adi Hütter, auront régalé toute l’année. Contre l’OM, les joueurs étaient entrés sur la pelouse avec une tunique floquée du numéro 12, en hommage à leur 12e homme. Malheureusement pour eux, Chelsea se qualifiera aux tirs au but et gagnera la compétition. Francfort se consolera en gagnant la Ligue Europa en 2022. UL

#10 - Steaua Bucarest

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Steaua Bucarest-Manchester City (0-5) – 16 août 2016

Oui, un fail peut totalement avoir sa place dans le top 10. Alors que le vice-champion de Roumanie en titre s’apprête à recevoir l’ogre Manchester City pour les barrages d’accession à la Ligue des champions, l’occasion semble toute trouvée pour Gigi Becali, président du Steaua, de commander un tifo pour célébrer en grande pompe les 30 ans du sacre en Coupe des clubs champions. Mais alors que les 22 acteurs pénètrent sur la pelouse de l’Arena Națională, c’est un tout autre spectacle que celui escompté qui garnit tout à coup l’immense tribune principale : « Seulement Dinamo Bucarest » peut-on alors lire distinctement, un troll énormissime de la part de l’ennemi juré de la capitale roumaine. Selon les investigations de la presse locale à la suite de ce sabotage en règle, c’est un groupe de supporters du Dinamo sous couverture qui a proposé avec succès ses services à Becali, afin de réaliser le tifo. Un pied de nez ultime pour des supporters du Steaua qui se font hara-kiri en brandissant eux-mêmes un tableau à la gloire du rival honni. Et malgré un doublé de pénos ratés par Kün Agüero, c’est le calice jusqu’à la lie que les supporters roumains boivent ce soir-là, giflés 0-5 par City et humiliés par le Dinamo dans leur propre arène. FG

#9 - Paris Saint-Germain

Paris Saint-Germain-AC Milan (3-0) – 25 novembre 2023

Le PSG, c’est un script griffonné sur une nappe de brasserie, clope au bec, par des scénaristes rêvant d’éternité. 1970, fusion improbable entre le Stade saint-germanois et le Paris FC qui pondent un môme turbulent : le Paris Saint-Germain. Deux ans plus tard, les darons divorcent, mais l’enfant est déjà lancé. Parmi les parrains, un certain Jean-Paul Belmondo. Avec son amour pour le maillot Hechter, il est l’éternel « père fondateur ». Pour rendre hommage à Bébel, le Parc dégaine un tifo ou plutôt une affiche d’un de ses films culte, Le Professionnel de 1981. Magnum 357 en main, Belmondo en agent secret vise un diable rouge et noir de l’autre côté du stade — l’AC Milan. Sur le terrain, les Parisiens respectent le scénario de cette phase de groupes de Ligue des champions : 3-0. Trois bastos dans les filets des Rossoneri, phase de poules pliée. Mais comme dans tout thriller, il y a un twist. À San Siro, Milan réplique en mode Matrix : un Neo en bullet time arrête les balles parisiennes et celles de Belmondo. Score final : 2-1 pour Milan. 2023-2024 est une nouvelle tentative de conquête du graal européen, et le Collectif Ultras Paris (CUP), lui, carbure à la passion. À chaque rencontre européenne, un tableau. Un tifo « Free Palestine » en phase de groupes contre l’Atlético de Madrid qui verra le groupe interdit de tifo jusqu’à fin 2024. Mais avant que la sanction ne tombe, le CUP déborde de créativité. En quarts de finale contre le Barça, c’est Maître Yoda qui débarque pour foudroyer les Catalans. Demi-finales, changement de décor : un tifo sur deux étages représentant Dortmund. Coup de théâtre, le CUP le brûle, laissant surgir un bus en flammes fonçant vers le trophée de la Ligue des champions. Pas de finale pour le PSG, mais le CUP, lui, rentre dans le top 10 des tifos, même si ça ne vaut pas une Ligue des champions. MJ

#8 - Lazio

AS Roma-Lazio (1-1) – 26 janvier 2020

Il semblerait que tous les chemins mènent à Rome, la ville natale du tifo (voir #50). Ce 26 décembre 2020, l’antre de la Louve assiste à un énième combat à mort entre ses filles, l’AS Roma et la Lazio. En cette soirée de derby, Rémus et Romulus n’ont pas réussi à s’entretuer : les deux équipes se sont quittées sur un triste 1-1. La guerre fratricide au sein de l’arène romaine n’a pas su déterminer un vainqueur, mais les spectateurs ont changé la donne. On connaît la passion italienne pour le foot, et ces soirées-là sont attendues de pied ferme par les deux tribunes rivales. Les Biancocelesti ressortent victorieux de l’affrontement grâce à un immense tifo déployé dans la Curva Nord représentant l’œuvre mythique de Michel-Ange, Les Mains de Dieu et d’Adam. C’est comme si, en s’appropriant la peinture ornant le plafond de la chapelle Sixtine, la Lazio avait gravé ses lettres d’or dans la pierre de ce monument emblématique et historique. Les Giallorossi avaient pourtant fait le taf avec un grand écusson de la Louve sur un fond rouge et jaune, mais le ciel était ce jour-ci blanc et bleu. BGC

#7 - Olympique de Marseille

Olympique de Marseille-Olympique lyonnais (2-1) – 10 novembre 2019

Un tifo comme une lettre d’amour à l’histoire. Dans un Vélodrome plein à craquer pour la réception de l’Olympique lyonnais, c’est tout le stade qui s’est uni afin que la soirée des 120 ans du club phocéen soit mémorable. Du Virage Nord en passant par Ganay jusqu’au Virage Sud, les ultras ont tenu leur promesse en déployant un tifo XXL dans lequel, à travers le fond bleu et blanc, on peut apercevoir une fresque monumentale à la gloire de René Dufaure de Montmirail, fondateur du club en 1899, l’écusson de la Ville, Notre-Dame de la Garde, ainsi que le nombre 120. Des efforts récompensés par une victoire des Phocéens grâce au doublé du majestueux Dimitri Payet. Preuve que les ultras marseillais sont capables de produire des tifos historiques, quand ils n’incrustent pas des humoristes en promo sur leurs bâches. HG

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#6 - AC Milan

AC Milan-Inter Milan (0-2) – 10 mai 2023

Experts en la matière, les tifosi milanais ont pour habitude de programmer – dès que le calendrier est dévoilé – la confection de leurs chefs-d’œuvre. Sauf que personne ne pouvait prévoir qu’un double Derby della Madonnina surgirait en plein mois de mai pour les demi-finales de Ligue des champions. 21, c’est le nombre de jours dont ont disposé les groupes de supporters pour préparer les festivités. Pas un problème pour Marco Pacini dit Pacio, leader de la Curva Sud, et son groupe qui ont cravaché jusqu’au dernier moment pour nous offrir ce spectacle visuel. « Certains ont travaillé jusqu’à 5 heures du matin, toutes les nuits, pour dessiner et peindre sur des parkings », raconte-t-il. Pour la réception de leurs rivaux historiques, les supporters de l’AC Milan dévoilent un tifo impressionnant représentant un diable géant, emblème du club. Malgré cela, les fans nerazzurri, coincés dans une petite partie de la Curva Nord, verront leur équipe s’imposer. L’Inter n’a eu besoin que de onze minutes pour éteindre les flammes de l’enfer – en faisant le break grâce à un but de Džeko et de Mkhitaryan – et plonger leurs voisins dans un froid glacial. Et la beauté de cette histoire, c’est que les Rossoneri devront subir la réponse des Interisti quelques jours plus tard au retour. « Victoria nobis vitam », signifiant « La victoire nous donne la vie » spoilera la suite : c’est bien l’Inter qui sortira vivante de ce duel. AC

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#5 - USMA et Mouloudia Club d'Alger

USMA-MC Alger (0-0) – 29 décembre 2023

Le spectacle est en tribunes. Cette formule n’a jamais pris autant de sens qu’en ce 23 décembre 2023, jour de 115e Grand derby algérois. En effet, si sur la pelouse, l’Union sSportive de la Médina d’Alger (USMA) et le Mouloudia Club d’Alger (MCA) offrent un jeu lent et pénible (0-0), les travées du stade 5-Juillet-1962 de la capitale algérienne ont eu à cœur de compenser. Et de quelle manière ! En son, lumières et fumigènes, les 64 000 âmes présentes ne se sont pas contentées d’un ou deux tifos, mais bien six ! Six fresques à la suite, mêlant l’histoire de ces clubs et leurs succès du moment. Les Unionistes de l’USMA célébraient ainsi leur sacre en Coupe de la confédération (équivalent de la Ligue Europa) et en Supercoupe d’Afrique – trophées acquis quelques mois auparavant – tandis que les « Chinois » du MCA saluaient la dynamique de leur équipe, qui filait alors vers son huitième titre de champion d’Algérie (considérés comme les plus nombreux du pays, les supporters du MCA sont surnommés les « Chinois » en référence à la démographie chinoise). Côté citations, Doctor Who a eu le droit à la sienne avec l’USMA, mettant en avant l’une des scènes finales de la série pour se proclamer patronne d’Alger : « I will always remember when the Doctor was me » (les fans de la série comprendront). Le MCA, lui, a préféré le chambrage : « Quand on a un petit bec et des ailes fragiles, on évite de se pavaner. » Les aigles ne volent pas avec les pigeons a dit un jour le poète. AB

#4 - River Plate

River Plate-Boca Juniors (1-1) – 25 février 2024

Théâtres de toute la ferveur des hinchas, parfois de leur folie, les stades argentins regorgent chaque semaine de furieux spectacles, à la hauteur de la passion débordante de supporters hurlant à gorge déployée chaque week-end. À ce petit jeu-là, River Plate fait partie de ces clubs où l’ambiance dépasse souvent les limites de l’entendement : c’est le cas pour la réception du rival de Boca Juniors, au cœur du bouillant Estadio Antonio-Liberti. Si chaque Superclásico offre son lot de tifos tous plus locos les uns que les autres, au Monumental ou à la Bombonera, le spectacle offert ce soir de février par plus de 85 000 aficionados de River mérite bien un focus tout particulier. Alors que les dizaines de bandes de plastique blanches et rouges, déployées sur toute la hauteur de tribunes vertigineuses dans la pure tradition sud-américaine, donnent à l’énorme arène des airs de cocotte-minute colorée, les sauts, chants et fumigènes rouges craqués par des hinchas totalement timbrés font de ce tableau un véritable spectacle mouvant. Des images complètement dingues vues du ciel, probablement tout aussi puissantes pour les acteurs de la rencontre, émerveillés face à un tel décor à leur entrée sur la pelouse. De quoi donner la chair de poule aux gallinas, qui ne pourront néanmoins pas faire mieux qu’un match nul (1-1) face à leurs meilleurs ennemis xeneizes. FG

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#3 - Wydad Casablanca

Wydad Casablanca-Mamelodi Sundowns (0-0) – 13 mai 2023

Véritables doyens de l’art du tifo, les Winners, groupe d’ultras du Wydad Casablanca, envoient des claques à la face de la planète football dès qu’une occasion se présente. Cette fois, c’est une demi-finale aller de Ligue des champions africaine qui attend les tenants du titre, face aux Sud-Africains du Mamelodi Sundowns, dans un stade Mohammed-V transformé en chaudron. Le tableau est mythique, s’ouvrant sur un phénix flamboyant, symbole de renaissance et de domination éternelle. Sous ses ailes enflammées, une banderole prophétique : « Chassant les trophées indéfiniment, notre phénix règne sur les cieux africains. » Mais les Winners ne s’arrêtent pas là. Pour le second acte, le message claque en lettres capitales : « Greatness never dies. » La grandeur ne meurt jamais. Pas de bol : si les Marocains se hisseront en finale, ils se brûleront les ailes sur Al-Ahly. HG

#2 - Borussia Dortmund

Enjeu, stress, rebondissements, ambiance inégalable et cinq buts : voilà l’exemple parfait des soirées foot qui font tomber amoureux les plus jeunes de ce sport. Le Dortmund de Jürgen Klopp accueillait en cette soirée d’avril 2013 le Málaga de Jérémy Toulalan et Joaquín pour un quart de finale retour, où les Schwartzgelben avaient le champ libre après le 0-0 ramené d’Andalousie. Pourtant menés 2-1 jusqu’à la 90e minute, Reus et Felipe Santana ont fini par délivrer les leurs dans le temps additionnel. Le moindre mal pour récompenser les résidents de la fameuse Südtribüne. En effet, le Mur jaune s’était décarcassé pour offrir à l’Europe un tifo devenu légendaire. Un homme au sourire malicieux ornant un chapeau aux couleurs du club, regardant à travers des jumelles le trophée aux grandes oreilles, lancé « sur les traces de la coupe perdue », référence à l’unique victoire du BvB dans cette compétition en 1997. Malheureusement, leur ennemi juré, le Bayern, viendra briser leurs rêves lors de la finale. La saison suivante, Lewandowski rejoint le club de Munich… La double peine de cette fin d’année pour Dortmund et ses fans. BGC

#1 - Legia Varsovie

Rassemblés dans la célèbre Żyleta, les ultras du Legia Varsovie se sont hissés au rang de références absolues dans l’art du tifo. Grâce à des œuvres esthétiquement très réussies et, surtout, aux messages qu’elles font passer. – Par Raphaël Brosse

C’est le plus beau pied de nez de l’année. Ce 22 février 2024, le Legia Varsovie accueille Molde en barrage retour de Ligue Conférence. Vaincus en Norvège une semaine plus tôt (3-2), les Polonais doivent combler leur retard dans une ambiance particulière, et pour cause : épinglés par l’UEFA, ses supporters les plus bouillants ont été boutés hors de leur tribune habituelle, la fameuse Żyleta. Ils y ont tout de même laissé une banderole, portant l’inscription suivante : « Cette fois, tu as gagné, l’UEFA ». Une abdication ? Pas vraiment. Car à quelques minutes du coup d’envoi, au moment où retentissent les notes du « Sen o Warszawie », chanson un brin kitchouille des années 1990 devenue l’hymne du Legia, une gigantesque bâche descend depuis le haut d’une tribune latérale. Les ultras varsoviens s’y sont réfugiés et leur message (« Surprise, Motherfuckers! »), appuyé par un feu d’artifice tiré depuis l’extérieur du stade, est on ne peut plus explicite. En plus d’avoir remis de l’huile sur le feu de leurs relations compliquées avec l’instance dirigée par Aleksander Čeferin – on y reviendra -, les fans des Légionnaires ont encore démontré qu’ils maîtrisaient l’art du tifo comme personne.

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Mur blanc et devoir de mémoire

En temps normal, ce savoir-faire est donc exposé dans la Żyleta, l’un des virages du stade du maréchal Józef-Piłsudski. Cette tribune a hérité de son drôle de nom (« lame de rasoir », en VF) en référence à une publicité d’une marque de rasoirs, Polsilver, qui a longtemps surplombé ses gradins. Quelque 8 000 supporters liés à différents groupes, politiquement situés à droite – voire très à droite – s’y rassemblent à chaque match à domicile, formant un mur blanc très bruyant. Quant aux si scrutés tifos d’avant-match, ils sont à mettre au crédit des Nieznani Sprawcy (les « Auteurs inconnus »). « Ce nom n’a pas été choisi au hasard, fait remarquer Radosław Kossakowski, professeur de sociologie à l’université de Gdańsk et auteur de plusieurs ouvrages sur le supportérisme en Pologne. Comme ailleurs, les ultras polonais ne cherchent pas la notoriété. Ce qui compte pour eux, c’est la qualité de leur travail et le rendu de leur performance. »

Installés dans la Żyleta depuis près de 20 ans, les Nieznani Sprawcy redoublent d’ingéniosité pour attirer l’attention, notamment sur la scène européenne. Rien que sur les 18 derniers mois, le « Legioland » déployé devant les Danois de Midtjylland, l’imposant gorille censé effrayer les joueurs d’Aston Villa ou encore le taureau mettant en déroute des picadores sévillans ont abondamment circulé sur les réseaux sociaux, suscitant respect et épatement. Et tant pis si, chaque saison, le Legia doit prévoir une ligne dans son budget pour s’acquitter d’amendes bien salées en raison du nombre élevé de fumigènes craqués dans son antre. « Les dirigeants aimeraient s’en passer, sourit Dominik Antonowicz, sociologue enseignant à l’université de Toruń et lui aussi spécialiste des supporters polonais. Mais ils savent que si le club jouit d’une telle popularité, il le doit avant tout à ses ultras. »

Les références patriotiques sont clairement au centre de l’agenda politique de la Żyleta. Elles permettent en outre de fédérer tous les groupes ultras du pays, souvent en conflit par ailleurs.

Dominik Antonowicz

Au-delà de leur aspect purement visuel, les tifos confectionnés par les Nieznani Sprawcy réussissent bien souvent à générer une large adhésion en raison du message qu’ils véhiculent. L’un de leurs piliers fondamentaux est le devoir de mémoire, comme en attestent leurs multiples productions faisant écho à l’histoire tourmentée de la Pologne. L’insurrection de Varsovie, déclenchée en août 1944 et sévèrement réprimée par l’occupant allemand (près de 200 000 victimes au total, dont de très nombreux civils, une ville presque entièrement détruite) tient une place de choix dans leur répertoire. En 2017, l’une de leurs œuvres les plus marquantes montrait ainsi un officier SS pointant son Walther P38 sur la tempe d’un enfant polonais. De quoi toucher la corde sensible de leurs compatriotes. « Les références patriotiques sont clairement au centre de l’agenda politique de la Żyleta, appuie Dominik Antonowicz. Elles permettent en outre de fédérer tous les groupes ultras du pays, souvent en conflit par ailleurs. » « C’est une tradition nationale. Ici, tous les ultras commémorent les événements historiques importants », abonde Radosław Kossakowski.

L’UEFA, ennemi public n°1

À l’échelle internationale, les ultras varsoviens ont acquis une popularité exponentielle grâce à une autre thématique récurrente : leur opposition à l’UEFA, habituée à sanctionner leur tribune en infligeant des amendes ou en imposant des huis clos. L’inimitié entre les deux entités a véritablement pris une autre dimension à l’été 2014. Net vainqueur du Celtic en troisième tour préliminaire aller de Ligue des champions (4-1), le Legia a eu la mauvaise idée, à quelques minutes de la fin du match retour, de faire entrer un joueur non inscrit. La victoire 2-0 obtenue en Écosse s’est transformée en défaite 3-0 sur tapis vert, et la qualification aisée a laissé place à une élimination ressentie comme étant totalement injuste. Depuis, les Nieznani Sprawcy n’ont eu de cesse de narguer l’instance européenne, parfois caricaturée en cochon qui se gave d’argent au lieu de favoriser le mérite sportif.

Un message qui s’imprime à merveille au sein de la communauté ultra. « Nous vivons dans un monde très complexe, mais celui des ultras, lui, est relativement simple, avec une carte précise des amis et des ennemis, analyse Dominik Antonowicz. Les membres de la Żyleta désapprouvent le foot moderne, le sport moderne et aussi la société moderne. Ils vivent dans cette nostalgie du bon vieux temps. » D’ailleurs, les partis politiques traditionnels ou les forces de l’ordre ont également été la cible de cette rhétorique anti-système. En fin de compte, quels que soient les sujets abordés par ses tifos et les messages qu’elle cherche à faire passer, il y a une constante : la « lame de rasoir » n’est jamais barbante. Bien au contraire. RB

Par la rédaction de So Foot

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