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Real Madrid-Superligue : des millions ou un sort
Encore une semaine de manigances, d’attaques et de menaces entre les gros méchants loups du foot. Dernier en date : le Real Madrid et la Superligue réclament 4,5 milliards d’euros à l’UEFA. Un joli coup de pression pour que l’instance réforme la Ligue des champions.
Les Gargamel du foot moderne continuent leurs manigances. Dernière en date ce mercredi, quand le tribunal de Madrid a donné raison au Real Madrid, et tort à l’UEFA. L’audience estime que l’instance a « abusé de sa position dominante » en empêchant la création de la Superligue. En 2023, la Cour européenne avait déjà donné raison aux initiatives du genre, au nom de ses sacro-saints principes libéraux de libre concurrence. En contrepartie et pour contester ce monopole illégal des instances du foot, le Real Madrid passe à l’offensive, et demande 4,5 milliards de dollars à l’UEFA. C’est beaucoup, non ?
Des montants à faire peur
Ces énormes dommages et intérêts correspondent aux pertes de revenus liées à l’échec du projet de Superligue. La Maison-Blanche essaye de montrer qu’elle a perdu de l’argent à cause de l’UEFA. Elle tente de prouver qu’elle aurait gagné plus de flouz avec la compétition qu’avec la formule actuelle de la Ligue des champions. Pour ce faire, elle a additionné les revenus de matchs, de diffusion et commerciaux supposément générés par la Superligue, comptabilise le Financial Times. « Le club annonce qu’il continuera à œuvrer pour le bien du football mondial et de ses supporters, tout en demandant à l’UEFA des indemnités pour les dommages substantiels subis », résume-t-il, se faisant le défenseur d’un football en voie de déclin comme le fait n’importe quel politique inquiet pour la France.
#CJUE: Les règles de la #FIFA et de l’#UEFA sur l’autorisation préalable des compétitions de #football interclubs, telle que la Superleague, violent le droit de l’#UE #EuropeanSuperleague 👉 https://t.co/VGsRk63Zfn pic.twitter.com/ZTNN0bIqI0
— Cour de justice UE (@CourUEPresse) December 21, 2023
Le Real Madrid a publié un communiqué qualifiant cette décision de défaite cuisante pour l’UEFA, la Liga, la Fédération espagnole de football, le Mordor, Voldemort et toutes les autres forces obscures qui se sont liguées contre le club le plus lésé au monde. A22, société organisatrice de la Superligue et associée au Real Madrid dans la démarche, estime que l’instance « doit reconnaître le droit d’organiser des compétitions sur un pied d’égalité avec les siennes ». Elle raconte regretter que l’UEFA refuse « toute voie de compromis » et de « réformes ».
Mais comment le Real Madrid aurait-il gagné autant ? Avec quels diffuseurs ? Et quels montants de sponsoring ? La banque JP Morgan avait fait une promesse de financement de 5 milliards, Netflix était (et est toujours) à l’affût des droits télé. Reste à imaginer l’option de la menace, très trumpiste : soit vous nous payez 4,5 milliards d’euros, soit vous réformez la Ligue des champions. Des bonbons ou un sort, version foot.
A22 se félicite de la décision ferme de l’Audiencia Provincial confirmant l’abus de position dominante de l’UEFA. L’UEFA est clairement tenue, sur le plan juridique, de reconnaître le droit d’A22 d’organiser des compétitions sur un pied d’égalité avec les siennes. Cependant,… pic.twitter.com/drbp00wldP
— A22 Sports (@A22Sports) October 29, 2025
Que des méchants
L’UEFA, de son côté, maintient sa position : ne rien céder au Real Madrid. L’instance a réagi : « Cette décision ne valide pas le projet de “Superligue” abandonné annoncé en 2021, ni ne remet en cause les règles d’autorisation actuelles de l’UEFA, adoptées en 2022 et mises à jour en 2024, qui restent pleinement en vigueur. Ces règles garantissent que toute compétition transfrontalière est évaluée selon des critères objectifs, transparents, non discriminatoires et proportionnés », se défend-elle dans un communiqué transmis à l’AFP. En 2021, au moment de l’émergence de l’idée de la Superligue, elle avait affirmé qu’elle pourrait aller jusqu’à sanctionner les clubs sécessionnistes.

En réalité, ce cadre juridique maintient en vie le projet de Superligue. Les avocats doivent maintenant s’écharper, en sachant que la décision de la Cour peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation, tranché ensuite par la Cour suprême. Si le projet de Superligue n’a pour le moment pas pris, c’est qu’il était encore trop absurde pour les fans de foot, et pas populaire. Depuis, d’autres projets pourraient voir le jour, dans la lignée de cette réforme de la Ligue des champions qui ouvre les vannes plutôt que ne les ferme.
A22 travaille sur la Unify League, sorte de grosse compétition européenne avec quatre divisions et 96 clubs, ou sur une formule avec deux groupes de 18. Les aristos du foot continuent donc de se partager le gâteau actuel. La barre des cinq milliards d’euros à partager à partir de 2027 est évoquée. Les revenus du Real ont dépassé le milliard d’euros l’année dernière. C’est une première. Il n’y a pas de gentils et de méchants dans le capitalisme du foot.
Kylian Mbappé reçoit enfin son trophée individuel doréPar Ulysse Llamas


























