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Southampton s’est mis à Puel

Par Romain Duchâteau et Maxime Brigand
Southampton s’est mis à Puel

Arrivé à Southampton cet été, Claude Puel a réussi à poser en l’espace de quelques mois sa patte en Angleterre pour conquérir un pays qui n’avait plus de grande confiance envers les entraîneurs français. Grâce à un travail sans révolution, un retour à la formation et une philosophie qu’il dessine depuis maintenant vingt ans.

La brosse poivre et sel est humide. Le St. Mary’s Stadium de Southampton n’a pas vraiment eu le temps d’appréhender le personnage qu’il s’est déjà fondu dans le décor. Depuis le premier jour, Claude Puel n’a pas changé. Sa philosophie s’est écrite ainsi : « Il faut essayer d’avoir des profils sachant réciter la même partition.(…)On a moins de moyens, alors on s’efforce de rassembler des joueurs dont le profil correspond au jeu pratiqué par l’équipe. » Il y a eu Monaco, Lille, Lyon et surtout Nice. Il y a donc maintenant la difficulté suprême : s’exporter avec ses idées et les faire accepter. Alors, le 13 août dernier, il a d’abord regardé avec prudence, enfoncé dans son siège. Puis, rapidement, il s’est agité, a balancé ses bras pour dessiner les mouvements géométriques qui ont assis sa crédibilité sur un banc. Un peu plus loin, Walter Mazzarri, fraîchement débarqué lui aussi dans le Royaume et calé sous son costume de Watford, appréhende l’histoire à sa manière alors qu’Étienne Capoue balance son sourire d’entrée.

Le début de saison des Saints s’est peut-être joué à cet instant. Dans la tête de Puel et dans le silence d’un vestiaire. Car, à la pause du premier match de sa vie en Premier League, le Français a pris la parole avec autorité, comme le racontait il y a quelques semaines Oriol Romeu au Guardian : « À la mi-temps, il a parlé très fort. Il voulait simplement nous voir plus combatifs et qu’on prenne plus de responsabilités sur le terrain. On était tous un petit peu timides. » Et Southampton est revenu sur une belle volée de Redmond. La suite ? Trois nouvelles semaines pour parfaire l’apprentissage – deux défaites et un nul à domicile contre Sunderland (1-1) – et une série de cinq matchs sans revers dont un nul marquant à l’Etihad Stadium de Manchester (1-1). Les deux dernières contre-performances des Saints ont ramené du calme, mais il faut se le dire : Claude Puel a réussi son mariage anglais.

L’anti-révolution

On parle ici d’une alliance de raison et d’idées. Comme l’explique Damien Comolli, vieil ami de l’entraîneur français et artisan de son arrivée dans le Hampshire, « Claude Puel était fait pour Southampton et Southampton était fait pour Claude Puel » . Pourquoi ? Car depuis l’intronisation de Nigel Adkins en 2010, les Saints ont raffermi les fondations de leur club et acquis une stabilité reconnue grâce à une ligne directrice forte. Les venues de Mauricio Pochettino et Ronald Koeman, successeurs de Puel, escortée chacune de résultats probants, ont donné un peu plus de crédit à ce travail de fond. Celle de Claude Puel, qui s’est engagé jusqu’en juin 2019, s’inscrit davantage dans une forme de continuité. En octobre dernier, l’ancien coach niçois l’affirmait ainsi : « Je ne suis pas venu pour tout changer. J’ai pris le train en marche, c’est comme ça ici, planifié, construit. » En réalité, tout était plus ou moins prévu. « Southampton a une cellule de veille pour surveiller les entraîneurs qui réussissent et qui correspondent à la philosophie du club donc, oui, ils le surveillaient depuis plusieurs années » , détaille Comolli. Comme une évidence.

Car outre le jeu de possession davantage basé sur le contrôle qu’il a importé et sa patte apposée sur le dernier mercato estival (Redmond, Højbjerg, Pied, Boufal), Puel continue de s’appuyer sur deux composantes essentielles du club : la formation et la post-formation, soit une confiance certaine pour la jeunesse qui sort de l’une des académies les plus prolifiques du Royaume. Alors que Koeman comptait moins sur le centre de formation durant son mandat (2014-2016), le coach français n’a pas tardé à remettre cette politique au centre de son projet. Comme il l’avait délibérément fait à Nice. « Cette saison, il utilise beaucoup son groupe professionnel, mais n’hésite pas, par petites touches, à intégrer des plus jeunes qui le méritent et peuvent montrer leur potentiel, pose Jérémy Pied, qui a connu Puel à l’OL et au Gym avant de filer avec lui cet été chez les Saints. Il les sélectionne pour les matchs de Cup, les fait participer à l’entraînement, leur dit dès leur plus jeune âge ce qu’il attend d’eux. Il ne s’amuse pas à balancer un joueur juste comme ça, histoire de dire que c’est lui qui l’a lancé. Ce n’est jamais un choix par défaut. » Résultat : les visages poupons de Sam McQueen, Alfie Jones et Jake Hesketh ont débarqué sur les pelouses depuis le début de saison. Ou l’art de rendre un discours audible et cohérent auprès de tous.

Puel, le développeur

La spécificité de Claude Puel est également ailleurs. Au cœur d’un Southampton qui ne fait encore que s’éveiller, il a déjà ressorti sa « spéciale Puel » comme aime l’appeler Damien Comolli. À comprendre : transformer le rôle d’un joueur. Il l’a fait avec Nathan Redmond, passé d’ailier à buteur dès la première feuille de match du Français, mais aussi avec le jeune Sam McQueen, ailier replacé arrière gauche pour ses premiers pas chez les pros contre Burnley (3-1) en octobre après la blessure de Targett avant d’être titularisé à San Siro en Ligue Europa face à l’Inter (0-1). L’objectif est d’optimiser les aptitudes pour le développement du joueur. Partout où il est passé, Puel a fait ça : Gallardo à Monaco, Debuchy à Lille, Bodmer et Pied à Nice.

Car plus qu’un éducateur, le Français se revendique avant tout comme un développeur de talent : « Je suis pour le développement du joueur et pas seulement du« jeune » joueur. On apprend toujours, à tout âge, on peut toujours faire mieux. J’ai toujours eu ce côté de vouloir perfectionner mes joueurs, savoir leur donner des repères pour le moment présent et la suite de leur carrière. Je veux voir mes joueurs progresser avant tout. Que ça se voit dans mon équipe ou dans la prochaine. Je ne suis pas simplement un « utilisateur ». Je m’interdis cette fonction du type qui prend le meilleur du joueur et qui le fait partir ensuite. Pour moi, il faut savoir faire progresser son joueur avant tout. C’est ça ma philosophie. C’est ça le métier : savoir développer le potentiel d’un joueur. »

La seule attraction française

Voilà les premiers leviers qui ont filé une cote de sympathie rapide à Puel auprès des supporters de Southampton, au-delà de sa volonté de s’exprimer directement en anglais. C’est aussi l’histoire des entraîneurs français qui est en jeu. Car, avec une Ligue 1 réputée « ennuyeuse et défensive » en Angleterre selon Comolli, la cote du technicien tricolore reste assez faible. D’autant que les derniers exemples d’exportation ont été des échecs, même si Rémi Garde ne peut avoir toutes les responsabilités de son échec à Aston Villa. Mais Puel a su convaincre, comme aurait pu le faire Rudi Garcia, grâce à un jeu attractif qu’il a déjà installé à Southampton. Ses outils : une importance fondamentale donnée à la possession, des passes courtes en permanence, des latéraux libérés offensivement et une base de jeu tirée d’une relance propre.

Le tout articulé autour d’un 4-4-2 en losange avec ballon, un 4-3-3 en phase défensive. La marque Puel. « Les joueurs ont adhéré à son discours, souffle Jérémy Pied. Quand tu expliques aux joueurs que tu veux vraiment jouer au football, te procurer le plus d’occasions et marquer le plus de buts par match, c’est plus facile à entendre. Il a pris des joueurs en corrélation avec sa philosophie et son système de jeu. En ce qui concerne le jeu, l’image de Claude est en train de changer. » Résultat, les petits gabarits se sont imposés sur les gros physiques de l’ère Koeman et le mariage n’en est qu’à ses débuts. Il faut maintenant lui donner de la constance. Histoire que Puel pose son nom dans la durée et qu’il soit définitivement un exemple. Il a les armes pour.

Dans cet article :
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Par Romain Duchâteau et Maxime Brigand

Tous propos recueillis par MB et RD, ceux de Claude Puel extraits de L’Équipe et Onze Mondial

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