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Robben, mon amour

Par Douglas de Graaf
Robben, mon amour

Samedi dernier, Arjen Robben a à la fois bluffé et émerveillé le monde du football en annonçant la sortie de sa retraite, prise l'an dernier. À 36 ans, l'ailier chauve rempile pour un dernier contrat d'un an dans le club de sa région et de ses débuts, le FC Groningen. Un choix qui ne doit qu'à la générosité de « l'homme de cristal », bien décidé à rendre service à sa formation de cœur et à placer sa région du nord des Pays-Bas sur la carte du football.

Au fond, qui en doutait vraiment ? Oui, Arjen Robben est bel et bien de retour à Groningen, 18 ans après avoir quitté son club formateur pour des sommets plus pentus, mais ce n’est pas une si grande surprise pour la plupart des fans néerlandais. Au pays de Johan Cruyff, tout le monde a encore en mémoire le come-back du « Hollandais volant » dans le berceau qui l’a vu naître, l’Ajax Amsterdam, malgré sa décision de raccrocher les crampons en 1978. Beaucoup se remémorent aussi les précédents Edgar Davids (Ajax) et Marc Overmars (Go Ahead Eagles). Tous, enfin, gardent un bon souvenir du retour des vieillissants, mais pas encore retraités Robin van Persie (Feyenoord), Dirk Kuyt (Feyenoord) et Klaas-Jan Huntelaar (Ajax). Alors imaginer un seul instant qu’Arjen Robben, son attachement viscéral au FC Groningen et à sa région de naissance, son opiniâtreté et sa générosité, sa volonté brûlante de regoûter à l’herbe fraîche et son incommensurable envie de porter haut les couleurs des « gens du Nord » , imaginer que ce Robben-là ne suivrait pas le même chemin, c’était vraiment mal connaître le bonhomme.

« Comment je peux aider ? »

Malgré l’image de footballeur hautain et individualiste que l’international néerlandais (96 sélections) a toujours laissé transparaître, l’homme n’a rien à voir avec cette étiquette. Son énervante tendance à garder la tête baissée et à ne pas laisser le ballon quitter son pied gauche contraste avec son altruisme et sa simplicité en dehors des pelouses. Et dans l’esprit de Robben, il a toujours été prévu de rendre à Groningen ce que son club et sa ville lui ont apporté. « Pourquoi je fais ça ? interrogeait le natif de Bedum lors de sa conférence de presse de présentation. J’en parlais avec ma femme ce matin. Elle me demandait si je pouvais résumer ma décision en un mot. Et ça tient effectivement en un mot : l’amour du club. Je pense que je ne l’aurais jamais fait pour un autre club que Groningen. » Romantique, Robben l’avait déjà été en restant fidèle pendant dix ans au Bayern, qui le lui a bien rendu en garnissant grassement son palmarès et en ne lui tournant jamais le dos malgré ses blessures à répétition.

Aujourd’hui, la donne a changé : Robben n’est plus ce footballeur avide de titres, de temps de jeu et de lumière. Robben n’est plus ce footballeur capable de jouer 90 minutes toutes les semaines – il ne l’a d’ailleurs jamais été. Robben est aujourd’hui en mission pour sa communauté, et il n’a pas d’autre dessein que de l’aider et d’agir pour l’intérêt collectif. « Quand tu vois ça (l’impact de la crise coronavirus sur le FC Groningen), tu te dis : « Comment je peux aider ? Et dans quel rôle ? » s’interrogeait-il en référence aux salariés qu’a notamment dû licencier le club pour faire face. J’en suis arrivé à la conclusion que c’est sur le terrain que je pourrais être le plus utile. »

1500 maillots vendus en deux jours

Alors qu’attendre de ce Robben à court de compétition depuis plus d’un an et qui sera comme un coq en pâte parmi les siens ? Rien de plus : le pari est déjà gagné. Et Robben le savait : plus que ses performances à venir, c’est surtout l’effet qu’a produit l’annonce de son retour qui chamboulera le futur de Groningen. Et qui l’a déjà chamboulé. Deux jours après la bonne nouvelle, le club vert et blanc avait déjà reçu 3500 demandes d’abonnement annuel et vendu 1500 maillots floqués du nom d’un certain n°10. En un clin d’œil, les comptes du FC Groningen sont légèrement repassés au vert. Et ce n’est que le début : « Des entreprises et des sponsors se sont rapprochés de nous pour discuter de partenariats. On a aussi reçu sept demandes de skybox », salivait le responsable marketing du club auprès de NU.nl. Et dans les 220 millions de visionnages de la présentation de Robben doivent forcément se trouver quelques curieux à l’étranger, qui ont sans doute découvert le nom du club par la même occasion. Idéal pour Groningen et l’Eredivisie dans son ensemble, qui vont attirer un public planétaire et bénéficier de droits TV juteusement renégociés.

Reste que le meilleur est encore à venir. À 36 ans, Robben en a encore sous la pédale, qu’importe ce qu’en disent les sceptiques. « Je devais courir le marathon de Rotterdam (finalement annulé) et j’ai demandé au Bayern si je pouvais m’entraîner au sein du club », confiait celui à disposition duquel le Rekordmeister a mis un entraîneur individuel. « Ma condition physique est plutôt bonne, mon préparateur physique et moi sommes confiants. » Pour accomplir sa mission principale d’ambassadeur, mieux vaut que Robben soit en capacité de faire ce qui a fait sa réputation. Ce dont ne doute absolument pas l’ancien sélectionneur des Pays-Bas Bert van Marwijk, auprès duTelegraaf : « Même sur une jambe, Robin van Persie a réussi son retour à Feyenoord, et en s’économisant. Robben, lui, a toujours tout fait à fond en repoussant ses limites. Pour son bien, je lui avais conseillé de prendre un peu de repos. » C’est désormais chose faite : après un an de détente, de ski et de padel, Robben ne ressent plus aucune douleur dans sa hanche meurtrie qui l’avait poussé à mettre un terme à sa carrière l’an dernier. Sans aucune pression (« je n’ai rien à perdre »), fort de son statut de titulaire à temps partiel ou de joker de luxe (« je sais que je ne vais pas jouer tous les matchs »), les conditions optimales sont réunies pour que la Ferrari rouillée lâche les chevaux. Pour que, dans une Eredivisie bien plus faible défensivement et bien moins intense physiquement que la Bundesliga, Robben puisse s’offrir la joie de claquer sa « spéciale » et ses enroulés en lucarne. Pour que, peut-être, l’idole de toute une région puisse faire goûter un brin de Ligue Europa à la « Fierté du Nord » (le surnom du FC Groningen). L’histoire serait belle.

Par Douglas de Graaf

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