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Rennes au pays de Di Natale
Pour son entrée dans la phase de groupes de l'Europa League, le Stade Rennais se déplace ce soir en Italie pour affronter l'Udinese. Sanchez, Zapata et Inler ont beau être partis, le stade du Frioul n'aura d'yeux que pour le serial-buteur local que tout le pays lui envie, Antonio di Natale. Un cadeau au long cours...
Les clubs français aiment bien faire les choses à moitié. Se qualifier pour l’Europa cup par exemple, y passer la phase de groupes (d’un bon rapport pour les épiciers) avant de disparaître en février ou mars en alignant une équipe B’. Le PSG et Lille en sont les derniers exemples au printemps dernier. Cette année, le Stade Rennais paraît un candidat crédible pour prendre la suite, vu que Sochaux est déjà sorti de la route en août, étrillé à domicile par le Metalist Kharkiv (0-4). Pour ça, la fanfare d’Antonetti devra passer le cut d’un groupe qui comprend l’Atletico Madrid et son recrutement fastueux, le Celtic Glasgow et son passé fastueux et l’Udinese, son adversaire du jour, et ‘Toto’ Di Natale, son sniper majestueux.
Depuis la reprise, les Bretons alternent sorties pathétiques (à Montpellier (0-4)) et excursions pimpantes (à Belgrade contre l’Etoile Rouge (3-1), à Marseille (1-0)). Ils ont avantageusement remplacé leur gardien, avec Costil pour Douchez, ferré un autre monarque pour diriger l’orchestre, avec Féret à la place de Leroy, récupéré un pois sauteur en attaque avec le Burkinabé Pitroipa, et un électron libre marocain en la personne d’Hadji, exfiltré de Lorraine, tandis que M’Vila marche désormais sur l’eau. Avec un banc étoffé, ces promesses en clair-obscur pourraient peut-être augurer d’un meilleur classement en fin de saison (6ème la fois dernière). En attendant, Rennes devra poinçonner un des deux tickets de ce groupe, le plus ardu de tous, pour atteindre les seizièmes de finale.
Une panoplie de Gerd Müller
La campagne débute ce soir, à 21h05, chez un des recalés de la Champions League, l’Udinese d’Handanovic, le trop méconnu portier slovène. En mai, quand ils ont fait la nique à la Juve, aux deux équipes de Rome ou encore au Palermo, les hommes de Francesco Guidolin pensaient bien retourner en C1, six ans après leur dépucelage, période Laquinta-Candela. Las, des Gunners souffreteux leur barrent la route (0-1 et 1-2) lors du tour préliminaire. La première ville italienne à avoir eu l’électricité ne connaîtrait pas cette saison les luminaires de la Champions. Les transferts de Sanchez (Barcelone), Zapata (Valence) et d’Inler (Naples) n’y sont pas tout à fait étrangers. Comme souvent, l’Udinese supermercato a refourgué ses meilleures pièces. La famille Pozzo, qui dirige la société depuis vingt-cinq ans, en a fait un art de (sur)vivre grâce à un réseau de talents-scouts hyper performant.
L’ancien comptoir ghanéen du début de siècle recrute maintenant tous azimuts avec un certain bonheur. A la manière de Pinto da Costa, le tycoon de Porto, les Pozzo, des industriels de l’outillage à bois, s’y entendent pour faire pulser la plus-value. Seule incongruité de cette PME d’import-export, le long bail d’Antonio di Natale, le capocannoniere des deux dernières saisons (57 impacts). Huit ans au club alors que toutes les sirènes du pays le réclame à hauts cris. A croire que le natif de Naples préfère être premier dans son village frioulan que deuxième à…Rome ou à Milan. Une légende tenace prétend qu’à chaque fois qu’il claque, il fait une encoche sur un des murs du vestiaire local. Comme un tueur à gages qui vient de remplir son office. ‘Toto’ s’est offert très jeune une panoplie de Gerd Müller (même format –1,70m, même sens du but, même rage impavide). Dans le Frioul, c’est donc Noël toute l’année. Toute la Bretagne ferait bien de s’en souvenir…
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