Real – Barça: culte du résultat, culte du jeu
Les deux clubs les plus importants d'Espagne réussissent leur début de saison. Que des victoires, minus un nul pour le Mes sur la pelouse de l'Inter, mais deux styles qui n'ont rien à voir. Forcément...
C’est une évidence, la Liga va se jouer entre les deux plus grands clubs d’Espagne. La Champions aussi quelque part: Barcelone est le tenant, la finale à lieu à Madrid, et la perspective d’une finale entre les deux laisse songeur. Malgré le jeu du Real…
Parce que le jeu du Real, comme on l’a vu contre Marseille, se résume en quelque sorte à « on se démerde pour que l’un des trois de devant ait la balle, et puis on voit » . C’est pas beau mais ça gagne, et large en plus. Pas de jeu ? Pas besoin, le Real l’emporte 3-0. C’est le tarif minimum. Et toujours selon la même formule. En première mi temps, sauf si Christiano Ronaldo marque d’entrée (ce qui lui arrive quand même une fois sur trois), le Real ne fait rien, joue sans forcer, comme s’il s’agissait d’un match amical. D’une représentation. Surtout, ne pas se livrer, ne pas se prendre de pion avant d’en avoir mis un. Attendre, sur de sa force et de ses individualités, de marquer le premier. Ensuite, à la manière d’un Federer une fois le premier set remporté, les madrilènes peuvent dérouler. Ils prennent confiance et commencent à jouer, l’adversaire craque et roule ma poule (aux œufs d’or).
Reste que sur la durée d’un match, ça laisse une sacrée impression de gâchis. Pire, de suffisance et de gloubiboulga tactique. Pas de cohérence, ni de fluidité, des permutations au petit bonheur la chance, dictée non pas par le jeu mais par les envies de ses stars, forcément désireuse de briller, attirées qu’elles sont par l’exploit, le but, l’axe. Le jeu du Real manque cruellement d’idées larges. On joue pour gagner. On adapte son jeu à ce qu’on est censé faire pour l’emporter. Beaucoup de jeu axial donc, et de jeu direct: on va au plus efficace. On ne prend pas son temps. On n’a pas que ça à foutre. Au départ de chaque rencontre, les mecs du Real ont l’air tendu. Ils sont à cran, forcément, puisque dans l’obligation de réussir. C’est leur devoir, leur statut, leur philosophie. Ensuite, soit ils marquent, se détendent, et sourient, enfin, soit, si ça ne tourne pas rond, continuent de faire la gueule. Dans tous les cas, ils ne changeront que dalle quant à leur manière. Pas besoin, ça marche. (et heureusement pour eux, parce que sans la victoire, où serait le plaisir à jouer ainsi ?)
Le Real, par essence, est satisfait. Il peut. De sa gamberge comme de son sort. Et n’en a rien à carrer de celui des autres. De simples adversaires. Simples faire-valoir. Et, pour un joueur de la maison blanche, il en va de même pour ses partenaires. Ici, les meilleurs joueurs du monde ne sont que de simples coéquipiers. Le Real de Madrid, ou l’attente de l’exploit de chacun. Et, comme chacun en est capable, comme chacun est super fort et le sait, chacun ne ressent pas la nécessité de développer un jeu collectif, un tout qui serait à même de l’améliorer, chacun, en tant que partie.
Un tout qui serait à même de les améliorer en tant que partie, soit justement la définition la plus précise et juste que l’on peut faire de l’objectif à atteindre pour chacun des membres du collectif barcelonais. Déplacements, propositions, solutions. Intelligence collective. L’ensemble des pensées et actions de chacun ne forme plus qu’un, un système aussi complexe et élaboré que magnifique à voir évoluer. Défense dans le camp adverse, pressing, récupération haute, conservation de balle, application, conservation de balle, perte, pressing etc… On a déjà tout dit sur le jeu du Barça. Pourtant, il faudrait tout redire à chaque fois. Car le champion d’Europe l’a bien compris : il faut que tout change pour que rien ne change. De nouveaux joueurs, de nouvelles possibilités, soit la nécessité de (re)travailler les enchainements, les transmissions et les appels, pour intégrer au mieux les petits nouveaux. Telle une famille qui se redéfinit avec l’arrivée d’un nouveau membre, c’est toute l’équipe qui se réinvente.
Si le Real surfe sur ses acquis, le Barça, lui, cherche sans cesse à améliorer la machine. La plus belle machine à jouer à ce jeu que l’on appelle le football. Car ici, c’est le jeu qu’on travaille, non le score que l’on recherche. Aucune obligation de résultats, mais une obligation de moyens. De manière, de principes, de jeu. Et de ce jeu, de ce putain de beau jeu, découle le résultat. Enfin devrait…
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