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Pour la suprématie du Royaume
Cet après-midi à 17h, à Stamford Bridge, clash au sommet entre les deux premiers du championnat, Chelsea et Manchester United. Les Blues partent favoris mais les Red Devils ont leur petite idée pour faire tomber les Londoniens de leur piédestal.
Ce qu’il y a de bien avec Patrice Evra, c’est qu’il ne fait jamais semblant. Comme quand il ramène les Gunners à « onze enfants face à onze hommes » par exemple. Cette fois, toujours aussi sincère et lucide, le latéral gauche de Manchester United n’a pas louvoyé : « Chelsea est le principal rival de MU cette saison. Je n’ai pas peur d’eux mais je les respecte » . Bon, il ne faut pas être non plus Madame Irma pour capter que les Blues vont être rudement durs à empêcher de rafler le titre de champion cette saison. Au regard de la stabilité de l’effectif et du savoir-faire de leur nouvel entraîneur Carlo Ancelotti, on se doutait bien, avant même le coup d’envoi de la saison, que les Londoniens seraient les chauds favoris de cet exercice 2009-2010. Bien conscient de la forme actuelle de ses troupes, le coach italien n’a pas fait, lui non plus, dans la demi-mesure : « Je pense que nous sommes très bien ces temps-ci, nous sommes en bon état. Nous avons un mental d’acier en ce moment » . A quelques heures d’accueillir le triples champions sortants, la sentence a valeur de défi.
C.Ronaldo n’est plus là pour sauver la mise
Il faut dire qu’à Ancelotti, on ne la fait pas. L’ancien mentor de l’AC Milan a bien vu que malgré un bilan comptable appréciable (Manchester ne compte que deux points de retard sur Chelsea), les Red Devils intriguent, surtout quand l’affaire se corse. A bien y regarder, Ryan Giggs et les siens ne sont passés que trois fois au révélateur cette saison et le moins que l’on puisse dire est que les enseignements laissent sceptique. Face à Manchester City (4-3), MU n’a dû son salut qu’à la mansuétude des arbitres (plus de cinq minutes d’arrêts de jeu, le désormais fameux “Fergie time” quand les Mancuniens sont menés) et à la rédemption d’Owen. Face à Arsenal (2-1), les champions d’Angleterre se sont carrément fait trimballer et en auraient été quittes pour une bonne leçon si Diaby n’avait pas pété un câble (but incompréhensible contre son camp). Enfin à Liverpool, pourtant proche de la dépression généralisée, Manchester a clairement sombré, battu au mental et à l’impact. Alors quoi ? Ben Ferguson n’a pas encore trouvé la bonne formule, notamment au milieu où, pour l’heure, seuls Valencia et Giggs, quand ça ne va pas trop vite, sortent du lot. Et comme les buts de Cristiano Ronaldo ne sont plus là pour sauver les mauvaises prestations de l’équipe… Une vraie plaie car derrière, la muraille quasi infranchissable de 2008 compte désormais son lot de fissures. Pour l’essentiel, elles portent un nom : Rio Ferdinand. Depuis de longs mois, le défenseur central n’est que l’ombre du joueur classieux habituel. Même Fernando Torres en fauteuil roulant l’a pris de vitesse il y a quinze jours à Anfield. Fragile derrière, inégal au milieu, MU n’a guère d’autre choix que de se reposer sur sa valeur sûre : Wayne Rooney. Tout jeune papa d’un petit Kai (question à mille pounds : est-ce qu’il lui ressemble ?), “Roonaldo” a bien l’intention de fêter ça en dézinguant l’arrière-garde londonienne.
Lampard, rédemption en trompe-l’œil
Malgré son talent et sa forme (7 buts en 10 journées disputées), le buteur des diablotins va devoir se décarcasser car la défense des Blues, la meilleure du pays, ressemble de nouveau à une forteresse. En cela, Chelsea renoue avec l’un des grands principes qui ont fait sa fortune sous l’ère Mourinho. Pourtant, le back four est sensiblement le même puisque seul Bosingwa (blessure) manque à l’appel. Mais l’entrejeu londonien est redevenu une machine à broyer l’adversaire, où le but n’est pas tant d’enflammer le dance floor que de réduire les espaces, presser dur, récupérer et hop, on envoie vers Drogba. Si Rooney est la valeur refuge de Manchester, que dire de l’attaquant ivoirien ? Avec neuf pions assortis d’une demi-douzaine de passes décisives au compteur en Premier League, pour beaucoup on ne fait pas mieux actuellement dans le monde. Surtout si l’on ajoute qu’à ses côtés sévit un certain Nicolas Anelka, actuellement dans la forme de sa vie. Le meilleur tandem de la planète, tout simplement. Et c’est là la grande nouveauté par rapport aux doubles champions d’Angleterre 2005 et 2006 : Chelsea possède une variété de coups plus grande avec ses deux strikers et des milieux comme Deco, Ballack, Malouda (ou Kalou) et bien entendu l’inusable Lampard qui a retrouvé son efficacité après deux premiers mois compliqués. En effet, l’international anglais était baladé un peu partout dans un milieu à quatre, tantôt à la pointe du “diamant” tantôt sur un flanc. Soit trop haut, soit trop excentré pour le Frank. Il semblerait que l’ancien Hammer ait enfin réussi à se situer mais l’ensemble continue de manquer d’amplitude latérale. Peut-être le talon d’Achille de ces Blues, une faiblesse que n’avait pas le Chelsea de Mourinho, tout en 4-3-3, qui contrariait si bien Manchester, adepte éternel des couloirs. Un secteur que Ferguson, en vieux routier, a bien l’intention d’exploiter. Car Si Arsenal, Liverpool, voire City ont mis à jour les lacunes des Red Devils, ces derniers peuvent se nourrir de la victoire d’Aston Villa sur Chelsea (2-1) quand les Blues avaient peiné sur les extérieurs face à Young et Milner. Le grand large pour noyer le grand bleu : voilà le pari qui est proposé dimanche à Manchester.
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