- France
- Paris Saint-Germain
Parc des Princes : two blocks, one CUP
Victime de son succès, le Collectif Ultras Paris (CUP) cherche à élargir sa présence au sein du Parc des Princes. Et pourrait, dès la saison prochaine, étendre ses quartiers sur les terres du rival historique : la Tribune Boulogne. Le retour de deux virages actifs dans le stade de la capitale est sur le point de devenir réalité, mais à quel prix ?

L’information, révélée par RMC Sports, a fait grand bruit dans le monde des tribunes : dans un courrier envoyé à ses membres, le Collectif Ultras Paris (CUP) invoque une « liste d’attente saturée au Virage Auteuil » et déclare s’être « mis d’accord » avec la direction du Paris Saint-Germain « pour l’ouverture de l’animation et des chants en tribune Boulogne ». Sans plus de précision, si ce n’est l’objectif de généraliser l’ambiance des grands soirs à l’ensemble du stade dont une grande partie reste encore frileuse à l’atmosphère que tentent d’insuffler les ultras. « Même si le cœur du CUP se trouve à Auteuil, il est temps de voir plus grand et de redonner au Parc des Princes l’ambiance qu’il mérite, avec deux tribunes en fusion », ajoute-t-on dans le communiqué. Ironie du sort, alors que plusieurs groupes indépendants du CUP ont tenté le coup – sans succès – à plusieurs reprises depuis une dizaine d’années, c’est une association issue du virage opposée qui est parvenu à rafler le jackpot et s’impose plus que jamais comme l’unique porte d’entrée autorisée pour le supportérisme organisé au Parc des Princes.
Success story
Les plus anciens visiteurs de l’enceinte de l’ouest parisien le savent, celle-ci n’a jamais aussi bien résonné que lorsqu’elle avait deux virages actifs. Aujourd’hui encore, revoir ces vidéos lors desquels Boulogne et Auteuil se répondent provoquent objectivement quelques frissons, qu’importe le club que l’on supporte. Inutile cependant de réécrire l’Histoire. Derrière la façade se cachait une rivalité féroce sur fond de divergences politiques qui, après tant années de galères et de combats, a conduit à une issue inévitable : la mort d’un supporter, suivie du Plan Leproux 2010 et de la mort de l’ambiance au Parc. Jusqu’à ce qu’en 2017, Nasser Al-Khelaïfi décide de donner une seconde chance aux margoulins des virages en autorisant le retour des ultras en tribune Auteuil à travers un collectif fondé un an plus tôt : le CUP.
Très vite et comme attendu, la mayonnaise prend. Moins de dix ans après sa création, l’organisation-parapluie va dépasser la barre des 6 000 membres, ce qui la place dans la même catégorie que des groupes historiques du paysage ultra français (PUF) que sont les South Winners (Marseille) et les Bad Gones (Lyon). De telle sorte que le virage Auteuil, victime de son succès, est désormais plein comme un œuf. Et qu’après avoir été inscrits sur une liste d’attente, les impétrants doivent croiser les doigts très fort pour espérer obtenir un abonnement pour la saison à venir.
Un choix pas sans conséquence
Dès lors, cette velléité d’expansion semble logique. Histoire d’accroître, encore un peu plus, l’ambiance les soirs de match. Et plutôt que de grignoter les blocs avoisinants, faire renaître un groupe actif en Tribune Boulogne apparaît comme une bonne idée. Le problème ? Au cours des dernières années, quelques groupes ont déjà tenté l’expérience : Paname Rebirth, Résistance parisienne et le Block Parisii. Et tous se sont cassé les dents, jusqu’à être suspendus par la direction du PSG en 2021 en raison d’incidents à répétition. On se souvient par exemple d’un match de Ligue des champions contre le RB Leipzig, lors duquel 25 membres du défunt Kop of Boulogne (KOB) s’étaient mesurés à 40 Paname Rebirth pour protester à coups de poing contre l’existence de ces derniers qui s’apparentaient à un crime de lèse-majesté. Deux ans plus tard, le club réaffirmait son intention de maintenir le Virage Boulogne comme n’importe quelle tribune hors Auteuil. C’est-à-dire assise, et sans supportérisme organisé. L’expulsion de deux supporters, coupables d’avoir entonné un chant à l’occasion d’un match contre Lens, en était une illustration flagrante.
🤐 Un mail envoyé par le service Fan Club du #PSG concernant la tribune Boulogne… Dans quel but ?
▪️ déconseille certaines tenues. ▪️interdit les drapeaux ou tous les types de matériel de supporter. ▪️ Interdiction d’être debout pour regarder le match. pic.twitter.com/3ZmkkziGbp
— PSG COMMUNITY (@psgcommunity_) April 18, 2023
À l’époque, le Block Parisii avait virulemment réagi dans un communiqué, accusant la direction de courir « derrière une grandeur et un respect qui ne s’achètent pas et que vous ne méritez pas » et affirmant rêver « d’un temps où votre argent, vos stars sans respect du club et vos agissements ne seront plus qu’un lointain souvenir » en réaction au slogan « Rêvons plus grand ». Aujourd’hui, il est le seul groupe à subsister en Tribune Boulogne. Mais de façon discrète, et indépendante. Dès lors, une extension du CUP sur « son » territoire pourrait laisser craindre l’éclatement de nouveaux incidents. De même qu’il n’est pas à exclure que d’anciens du KOB viennent de nouveau contester manu militari ce qu’ils pourraient considérer comme un affront suprême, à savoir l’installation du rival historique dans le bloc qu’ils ont occupé pendant près de deux décennies. Enfin, l’aboutissement de ce projet contribuerait à apporter encore plus d’eau au moulin des détracteurs du CUP qui l’accusent de collusion avec les instances dirigeantes et reste factuellement la seule organisation ultra autorisée au sein du stade. On a peut-être trouvé UN avantage au probable déménagement du PSG en banlieue : démarrer ex nihilo un nouveau chapitre de l’Histoire des tribunes parisiennes dans une nouvelle enceinte. Mais d’ici là, le poids du passé se fera toujours ressentir au Parc des Princes.
Avec neuf joueurs nommés au Ballon d'or, le PSG et la Ligue 1 réalisent un double recordPar Julien Duez