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Pagis : « Les joueurs qui se font plaisir sont de plus en plus rares »

Propos recueillis par Swann Borsellino
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Ambassadeur de luxe du beach-soccer en Bretagne, Mickaël Pagis a pris le temps de revenir sur sa carrière. Interview plaisir et sable, mais surtout sans regret.

Mickaël, après l’équipe de France de beach-soccer, vous avez été éducateur à Rennes. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Je ne suis plus au Stade rennais. J’ai été éducateur pendant trois ans, j’ai arrêté l’année passée. Aujourd’hui, je suis concentré sur le développement du beach-soccer en Bretagne. Personnellement, c’est un sport que j’adore, alors j’ai envie de faire partager cette passion, donc j’ai eu envie de me concentrer là-dessus. J’organise des journées de découverte pour les enfants. J’ai fait une première édition au mois de juillet, et là, en 2016, je le ferai en avril, juillet et octobre. C’est à la journée, de U11 à U17, je les accueille et je leur fais découvrir ce que j’aime ! La première s’est bien passée, les enfants étaient contents. Ils découvrent un sport que je maîtrise assez bien (rires). Les plus jeunes sont vraiment à l’écoute.

Vous semblez tellement heureux sur le sable et quand vous parlez de beach-soccer. On peut dire que vous y avez pris plus de plaisir que sur les pelouses ?

Bah, ma carrière de footballeur a été plus long que ma carrière de beach, lors de laquelle j’avais un âge assez avancé (rires). Mais même si j’ai vécu des moments géniaux sur les pelouses, j’ai pris énormément de plaisir dans le sable. Demain, si on me propose un foot, je viendrai plutôt faire un match de beach ! Ce que j’adore, c’est l’esprit d’attaque. Il y a très peu de calcul et on a envie d’aller marquer, toujours, dans toutes les positions. C’est très vivant comme jeu, en fait. L’idée de se dire « on va marquer un but de plus que l’adversaire » , c’est fabuleux.

C’est vrai que c’est une philosophie qui vous va comme un gant, vous l’instinctif…

Je pense que oui… Je pense que je trouve dans ce sport ce que j’essayais de mettre en place au football, mais qui n’était pas toujours possible…

C’était difficile d’évoluer dans le monde professionnel avec une perception du football comme la vôtre ?

Disons que souvent, c’est d’abord : « on prend pas de but, et sur un malentendu, on va en marquer un » . Ça revenait souvent à ça. Alors que, dans le beach, on est obligé d’attaquer. On ne peut pas conserver le ballon éternellement… Moi, en tout cas, j’ai cette réflexion-là. Je ne remet pas en cause ce que peuvent faire les joueurs sur le terrain, mais aujourd’hui, il y a tellement d’enjeux que ça va parfois au-delà du sport, et les joueurs et entraîneurs peuvent être prisonniers. De fait, on perd en qualité de jeu et en football offensif.

Vous êtes arrivé tard en Ligue 1, vous pensez que ça vous a aidé à garder ce côté naïf et hédoniste ?

Je l’ai depuis que je suis gamin. J’ai découvert la Ligue 1 assez tard, mais je pense pas que ça soit dû à ça. J’aurais très bien pu commencer tôt au haut niveau et avoir cette mentalité. En fait, on l’a ou on l’a pas, c’est comme ça.

Vous avez rencontré des joueurs qui partageaient la même vision du football que vous ?

Je pense à quelqu’un que j’ai croisé il n’y a pas longtemps, c’est Jérôme Leroy. Un homme qui a une conception du football qui ressemble à la mienne : se faire plaisir, aller de l’avant, prendre des risques. Après, j’en ai rencontré d’autres, mais ils sont de plus en plus rares. Je pense à des mecs pas tellement connus… Je préviens, ça date (rires), mais Patrick Van Kets était dans cet esprit-là à Ajaccio. Mais il n’y en a pas 36.

Moi, j’avais Julien Féret en tête…

Ah bah Julien… Je ne pensais pas à lui, mais clairement, il fait partie de ceux-là. Julien, c’est ça ! Je me régale à le voir jouer. Il tente des choses, il a un esprit offensif et c’est un super coéquipier, je pense. Je n’ai pas joué avec lui, mais je l’ai côtoyé au Stade rennais quand j’étais éducateur et c’est un homme qui gagne à être connu.

Avant Rennes, vous êtes passé par Marseille. Vous n’êtes resté qu’une saison, pourtant, vous avez laissé de sacrés souvenirs là-bas… Vous n’avez pas l’impression d’être resté plus longtemps ?

Clairement, on ne peut pas parler d’une saison « normale » . Ce n’est jamais normal à l’OM. Je ne suis resté qu’une année, mais j’ai l’impression d’être resté beaucoup plus longtemps. Ce sont des journées pleines, on pense, on vit OM, les gens autour de nous aussi. C’est vraiment des moments forts tout le temps…

Avec ce match contre Lyon notamment… Le plus beau de votre carrière ?

Ça a été un grand moment. Mais j’ai toujours du mal à ressortir un moment plus qu’un autre. Il y a des matchs avec moins d’enjeux dont je garde un grand souvenir. Face à Saint-Étienne quand je mets deux buts et où je loupe un penalty. Contre Nancy où on gagne 6-0, où les trois attaquants mettent un doublé, que des beaux buts. Le triplé face à Lyon avec Rennes…


Djibril Cissé vient de prendre sa retraite. C’est vraiment à cause de sa concurrence que vous avez quitté l’OM ?

Oui, c’est pour ça. J’étais dans la force de l’âge, j’avais atteint mon meilleur niveau et je ne voulais pas patienter sur un banc. Le but était simple : jouer.

Ce n’est pas difficile pour un taiseux comme vous d’évoluer à Marseille ?

Non, ça a été. Je suis resté moi-même, ça ne m’a pas embêté d’être dans un club très médiatisé où tout part dans tous les sens. Je suis resté dans ma ligne de conduite, le terrain, et finalement, c’est ce qui me convient le plus. À Marseille, j’ai trouvé ce que je souhaitais : jouer dans un gros club, avec un beau stade, devant du monde, jouer des matchs à enjeux à chaque fois, même à l’extérieur. Bref, je me suis régalé !

Je me trompe si je vous dis que vous êtes un peu « chaud » malgré votre discrétion ?

Ah bah après, sur un terrain, je me transforme un petit peu, même si je peux avoir un air nonchalant. Au fond de moi, j’ai la gagne, la grinta. Du coup, quand je loupais quelque chose, je m’énervais !

On vous a déjà vu vous énerver contre quelqu’un d’autre que vous !

Je suis capable de dire merde à quelqu’un malgré mon côté introverti ! Je peux lui faire comprendre facilement qu’il n’a pas à me titiller. Dans ce sens-là, oui, je peux un peu m’emporter (rires) !

Vous pensez que le fait de ne pas être très présent dans les médias vous a desservi dans l’éventuelle quête d’une sélection ?

Non, je pense que j’étais un coéquipier « modèle » . Je n’ai jamais cherché à faire de bruit, de vagues. Aux yeux des dirigeants et des entraîneurs, je n’ai jamais fait chier non plus, contrairement à ce que l’on peut penser. Mais non, je ne pense pas que le fait que je ne sois pas allé plus haut soit dû à mon caractère. Je suis tout à fait content de ce que j’ai fait.

Ce vendredi, Sochaux et Strasbourg, vos anciens clubs, s’affrontent en Coupe de France. Ça ne va pas fort…

Bah oui. Dans un premier temps, je vais parler de Strasbourg. C’est quand même une immense ville de foot, pour moi, c’est le « Marseille de l’Est » . La Ligue 1 est vide sans la Meinau, il y a des gens qui aiment le foot qui sont sevrés, même s’il y a encore beaucoup de monde dans les tribunes pour les supporter. Aujourd’hui, quand on descend, c’est très difficile de remonter. Ils sont dans cette situation-là. C’est dommage pour le football français, mais il faut faire le dos rond. Ils reviendront.

Pour Sochaux aussi, c’est compliqué…

C’est clair que c’est dur de remonter. Aujourd’hui, la D2 (sic) est difficile. Très difficile. Des gros qui sont descendus comme Metz ou Nancy ont du mal à remonter. Sochaux, ça a été une période de ma carrière extraordinaire. J’ai vécu une aventure humaine hors du commun. C’était une belle équipe sur le papier et en dehors de terrain aussi. Mika Isabey, un gars du cru, tous les mecs qui sont arrivés après avaient « l’esprit club » . Le président Jean-Claude Plessis était dans le même état d’esprit que nous. J’ai passé de grands moments là-bas. Je me suis régalé là aussi !

L’été dernier, votre fils a mis une Panenka lors d’un tournoi de jeunes avec Rennes. C’est pas trop dur pour le papa que vous êtes d’avoir un fils qui épouse vos pas ?

Pour moi, c’est facile ! Pour lui, c’est plus dur. Je pense que pour les enfants de joueurs professionnels comme pour les fils de en chanson ou au cinéma, il y a toujours l’ombre du père. Mais j’essaye de le préserver et de lui dire de prendre du plaisir, de jouer sans se prendre la tête. Il arrivera ce qu’il arrivera. Je ne lui ai mis aucune pression, je viens le voir comme tout parent ! Mais on se fait des petits débriefs, sans aller trop loin. Je lui donne quelques petites astuces ! Il vit sa vie, il a le temps. Ce que je lui souhaite, c’est le plaisir avant tout.
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