- L1
- 13e journée
- OL/OM
On était à Gerland pour OL-OM…
Les superlatifs sont de sortie, on aurait assisté au match le plus incroyable des 10 dernières années en Ligue 1. Décryptage depuis le virage nord, à côté des Bad Gones, les activistes lyonnais.
Considéré comme faussement passionné, le supporter lyonnais n’est pas
réputé pour sa ferveur… Qu’en est-il ? Au début, ça n’apparaît pas forcément différent d’ailleurs : des drapeaux s’agitent, on chante à la gloire des couleurs locales, et puis on siffle les « pédales » marseillaises, c’est de bonne guerre. En attendant les joueurs, les
écrans géants repassent les exploits de Juninho, et on se dit que le Lyonnaisest peut-être un peu romantique. Nostalgie, la fin d’une époque…
Les Bad Gones cherchent à donner de la voix. Pas facile de couvrir le bruit des
2000 supporters marseillais en face, toujours en forme. Oui, à Lyon, il n’y aqu’un virage de supporters lyonnais, ou presque… Un représentant des
« méchants lyonnais » prend le micro et balance un petit taquet à Kool Shen,
grand Parisien. Bien vu, le consensus est total. « Kool Shen ne partage pas les
mêmes valeurs que l’Olympique Lyonnais » : le sens de la formule, évidemment,tel président tel supporters… Présentation des joueurs, et vérification que les codes “ultra” sont acquis : les bannis (Ben Arfa) sont conspués, les génies (Lisandro) acclamés. On entame une petite Marseillaise, on sort le tifo avec une
voiture de course dessus –glamour– et le match peut commencer.
Extraordinairement précoces, les ouailles de Puel calent deux buts en un quart d’heure.
Mais il en faut plus pour lancer la sauce, le Lyonnais monte progressivement entension, vaut mieux pas le brusquer. Tant mieux, l’ambiance est bon enfant :
entre deux effluves de cannabis, et quelques bulles de Kro dans des verres enplastique, le Lyonnais se fout de la gueule de ses propres joueurs. Mais quand
Govou sert le café-crème à la défense marseillaise, toutest vite pardonné.
Manque d’inspiration dans le virage
A la mi-temps, pas de quoi se palucher : le petit vent bien froid des Alpes nous
rappelle qu’on est déjà en novembre (eh oui, le temps passe vite ma p’titedame…). A défaut de pouvoir se réchauffer, les esprits s’échauffent : on a
retrouvé un espion marseillais dans le Kop. Une mêlée et quelques patates plustard, l’infiltré a perdu un nez et sa soirée. Sorti par les hommes en jaune, on
ne l’y reprendra plus à se frotter aux Gones. Pour le reste, ça en fait toujoursun de moins comme on dit.
Et puis la deuxième mi-temps part très mal. Les Gones sont comme
leurs supporters, un peu en manque d’inspiration. Le bon vieux « Marseille/ Va
te faire enculer/ La bonne mère est une salope/ Toujours prête à nous sucer » finit par être redondant. A la 73ème minute, l’heure est grave: l’OM ne mène
alors encore que 3-2, mais le meneur des “B.G” le pressent, « si on lâche,
l’équipe lâche avec nous. On n’a pas le droit les gars ! » .
Silence crédule
Puis, définitivement au fond du trou à la 80ème minute, la bonne étoile
lyonnaise réapparaît. Long à la détente, on vous dit, le Lyonnais. Alors qu’àBerlin, les Allemands ont mis 28 ans, Lyon démolit le mur qui lui fait face en
10 minutes et 3 buts. Un “Qui ne saute pas n’est pas lyonnais” d’anthologieembrase les tribunes, avec une pensée pour les handicapés sur le bord de la
pelouse… Comme quoi, il fallait bien Kool Shen sur les maillots de l’OL pourfoutre le feu.
Une plongée dans l’extase. Un absolu, une quintessence, un nirvana. La
jouissance est proche. A quelques secondes. A une maladresse Toulalanesque, ensomme… Le 5ème but n’entrait pas dans le scénario idéal. C’est une décharge
amère, accompagnée d’un silence crédule. Comme un coït inachevé, il laisse ungoût de frustration sans espoir de retour. M’enfin, 10 buts en un match, ça méritait bien des applaudissements, et le Lyonnais l’a bien compris. Cris, qui s’en mange 5, est ovationné, sans rancune. Dommage que les tribunes se vident en moins de deux, cela aurait mérité de
trinquer à cette soirée mémorable. Le beaujolais nouveau, c’est dans 10 jours…
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