OL – Cuisine nouvelle et dépendances

Cache-misère

Dimanche dernier, contre des Parisiens remontés et sûrs de leur 4-3-3 à eux, les Lyonnais ont fini par en baver. Avant de s’en sortir sur ce premier miracle de la saison. L’OL a serré les dents, s’en remettant à Lloris en état de grâce et à un hors-jeu de dernière minute oublié. Au sortir des vestiaires, encore sous le coup de cette partie jouée en apnée, on a entendu Claude Puel et ses joueurs invoquer le bel état d’esprit du groupe, « On ne lâche rien » , et la difficulté à suivre le rythme, dans la foulée d’une ouverture en Ligue des Champions où il pleuvait des coups.

Des confidences d’après-match aux allures de cache-misère. Cela fait presque dix ans que l’OL navigue tous les trois jours entre Ligue des Champions et Ligue 1 dès qu’arrive septembre. Et à regarder le programme du mois qui vient, c’est pas moins de huit matchs que le collectif gône va devoir disputer.

Animal collectif ?

Dimanche soir, ce n’est pas sur l’état d’esprit qu’on attendait de voir les Lyonnais, mais bien sur l’idée de jeu défendue par Puel depuis la reprise et célébrée haut-les-cœurs après un impeccable premier mois d’août. L’inquiétante prestation du Parc a révélé un milieu trois à la dérive, Toulalan digérant à peine sa pige classe en défense centrale, Makoun et Källström pris dans le bouillon parisien et se perdant dans un jeu long sans grande conviction.

Ce qui a manqué, c’est Pjanic. En attendant de voir si la Ligue 1 tient en lui une sorte d’Iniesta, on peut déjà dire que son influence sur le jeu est au moins aussi décisive que celle d’Eric Carrière, maître à jouer un peu vite oublié qui avait su remettre de l’ordre dans l’OL 1.0 pour décrocher le premier titre.

On a pu s’étonner lors de ses premières titularisations de la belle confiance qu’avait pu lui témoigner Puel, à 19 ans à peine et après une première saison en pointillés. Un mois et demi plus tard, il suffit que Miré soit là pour que l’OL redevienne décisif. Circulation sur toute la largeur, jeu en première intention, déviations lumineuses, surnombre aux abords de la surface. Ce n’est que dans ces moments-là qu’on retrouve un peu du parfum du grand OL, celui des années 2005 et 2006.

Ederson, porté disparu

Une prise de pouvoir en douceur qui ferait presque oublier une étrange disparition, celle d’Ederson. Pourtant annoncé pour reprendre la place laissée libre par le père (Juninho), l’héritier désigné n’a eu droit jusqu’à présent qu’à une poignée d’apparitions express pour fins de match. Moins doué que Pjanic pour organiser le jeu dans l’axe, moins décisif que Lisandro pour profiter du travail de sape de Gomis, pas Malouda pour un sou pour jouer du piston à gauche comme Bastos, son registre d’homme à tout faire de la saison passée semble jouer contre lui. A se demander ce que Puel va bien pouvoir faire de lui.

Un constat d’autant plus surprenant qu’avec la succession de matchs qui s’annonce, le coach lyonnais doit pouvoir compter sur des joueurs rompus à ce type d’exercice. En préférant Källström au milieu et Govou à gauche face à Paris après avoir aligné Toulalan en défense centrale contre la Fio’, Puel fait moins tourner les hommes que les postes. Un turn-over par défaut qui indique que l’effectif lyonnais connaît déjà certaines limites que l’unique apparition de Maxime Gonalons, monté du groupe Pro 2 à Auxerre, ne permet pas de repousser pour l’instant. Façon de dire qu’avant de voir les différents paris de Puel prendre leur pleine mesure – turn-over élargi, recrutement limité au strict nécessaire, titularisations de joueurs du groupe Pro 2, Bodmer en défense centrale –, les Lyonnais doivent s’attendre à compter sur quelques jolis miracles de plus.