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Mouscron : les Hurlus perdus

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Mouscron : les Hurlus perdus

Condamné à l'exclusion du championnat par la commission des licences belges, le Royal Excelsior Mouscron a finalement décidé de faire appel aujourd'hui. Un appel qui servira surtout à repousser l'échéance afin de pouvoir affronter Anderlecht pour un dernier baroud d'honneur. La fin d'une histoire loin d'être grandiose pour le club des Mpenza.

Benoit Roul faisait la gueule, mardi à 19h50, en sortant de son audition devant la Commission des licences de la Ligue belge. Arrivé avec dans ses bagages une demande de délai pour payer les dettes de l’Excelsior Mouscron, le directeur général du club est ressorti avec un retrait de licence. En wallon, cela signifie que Mouscron avait trois jours pour faire appel avant d’être exclu de la Jupiler League, avec rétrogradation en division 3 à la fin de la saison en cadeau Bonux. L’assemblée générale de ce matin a tranché : l’appel sera tenté mais plutôt pour jouer le match de demain face à Anderlecht que pour donner un vrai espoir. Tout cela sent très fort la fin d’une longue et peu glorieuse histoire.

Avec un nom aussi classe, le Royal Excelsior Mouscron aurait pourtant dû vouvoyer les sommets (un roi ne tutoie pas). Obtenant le matricule 224 de l’URBSFA (Union Royale Belge des Sociétés de Football Association) en 1926, le club devra attendre 70 ans avant d’évoluer dans l’élite du football belge. C’était l’époque dorée. Celle où le REM accrochait la troisième place dès sa première saison parmi les grands grâce, notamment, aux frères Mbo et Emile Mpenza (le deuxième obtenant d’ailleurs au passage le très étrange “Soulier d’ébène belge”).

À part ça, il faut bien dire que le public du Canonnier n’a pas eu grand chose à se mettre sous la dent. Le palmarès de l’Excelsior reste désespérément vierge et, en dehors des Mpenza, le joueur le plus connu ayant évolué sous ses couleurs est sans doute Luigi Pieroni… Aujourd’hui, les rares noms un peu familiers (aux Français) dans l’effectif sont ceux de Mamadou Diakité (l’ancien Messin), Mathieu Assou-Ekoto (le grand frère de Benoit) et Cédric Berthelin (formé à Lens et passé par feu l’ASOA Valence, qui a connu voilà quatre ans une mésaventure similaire à celle de Mouscron aujourd’hui). Pas de quoi faire se lever les foules. Ni les fonds, d’ailleurs, puisque les investisseurs ne se bousculent pas.

Les ennuis financiers ont commencé il y a plusieurs années, mais ils se sont concrétisés la saison dernière. Déjà, en 2008, le club hennuyer (de la province du Hainaut) avait failli être liquidé et quitter le championnat en cours de route avant qu’une collectivité locale ne lui file un coup de pouce en forme de perfusion. Terminant la saison à la douzième place, les Hurlus (du nom des personnages symboliques de Mouscron, des protestants un peu pilleurs du XVIè siècle) obtinrent leur licence pour la saison 2009-2010 à deux conditions : interdiction de transferts entrants (y compris des joueurs libres) et un contrôle par trimestre.

Vers la liquidation

Le club n’aura donc pas réussi à passer le premier de ces contrôles. À la mi-temps de leur match de Cofidis Cup (la Coupe de Belgique…) à Mons, mardi, les joueurs mouscronnois apprennent avec surprise la terrible nouvelle. « On nous devait la vérité, la transparence, mais on nous a dit que tout allait bien alors que nous étions dans une situation alarmante » , s’énerve Bastien Chantry, au club depuis dix ans. Ce que l’Union Belge n’a pas kiffé, c’est sans doute la dette, située entre 600 000 et 800 000 euros. C’est peut-être aussi le fait que le président du REM, Philippe Dufermont, ne soit pas présent à l’audition car en voyage à Hong Kong. C’est par vidéoconférence que ce dernier (arrivé en 2007 et qui a déjà lâché 8 millions d’euros dans le club) a essayé de sauver ce qui pouvait être sauvé, merredi, lors d’une réunion extraordinaire avec les dirigeants du club et des représentants de la Ligue.

L’Excel avait trois options : l’appel suspensif (l’équipe peut jouer ses matchs en attendant la décision définitive), l’acceptation du retrait de licence (rétrogradation en D3 à la fin de la saison) ou la liquidation définitive du club. C’est la dernière qui devait être retenue ce matin, lors d’une assemblée générale pas très funky. Benoit Roul avait annoncé hier que l’on se dirigeait « à 90% » vers la liquidation, pourtant l’AG a décidé de faire appel. Avec peu d’espoir, sans doute. Une autre décision aurait amené à l’annulation de la réception d’Anderlecht prévue ce vendredi et on sait maintenant que cela porte malheur de supprimer un match à 24 heures de sa tenue. A priori, cet appel ne servira donc qu’à repousser l’échéance : la disparition d’un club vieux de plus de 80 ans.

Cette exclusion du championnat aura bien sûr des tas de conséquences, plus ou moins directes. Tous les résultats de Mouscron cette saison seront annulés, permettant à Bruges, le leader, de prendre un peu plus d’avance sur Anderlecht. Le système de promotion/relégation sera également chamboulé, avec aucune descente directe pour la première division, le 15è jouant les barrages. Mais il existe un autre effet kiss-pas-cool auquel on pense peu : un match de moins par journée, c’est un match de moins diffusé à la télé. Il est peu probable que Belgacom (le détenteur des droits télé en Belgique) accepte de payer le même prix pour des recettes moins importantes.

Au-delà de toutes ces considérations, le stade du Canonnier restera désespérément vide. Le public hennuyer va s’ennuyer.

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