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Mattéo Commaret : « Aujourd'hui, je veux choisir mon parcours »
Mis en avant par l'OL lors de son passage au centre de formation, Mattéo Commaret est reparti de zéro, sans peur ni crainte, en posant ses valises à Draguignan, en championnat départemental. Une étape nécessaire pour le défenseur qui va jouer à 23 ans son premier match de Ligue 2 avec le Stade lavallois, samedi contre Saint-Étienne. Cocasse.

Tu as rejoint cet été Laval et la Ligue 2 après de bonnes prestations à Bourg-Péronnas en National l’an dernier. Qu’est-ce qui a été déterminant dans ce choix ?
J’ai beaucoup hésité. Avec mes agents, on a essayé d’être le plus clair possible avec certains clubs pour ne pas retarder leur recrutement. Sur les deux ou trois clubs qui me faisaient hésiter, il y avait Laval et des clubs étrangers. J’ai suivi ce que le club avait fait en Ligue 2 ces dernières années, et j’ai pu échanger avec le coach Olivier Frapolli et Ousmane Dabo (directeur du recrutement, NDLR). Ça a pesé dans la balance.
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C’était vraiment ta volonté de rester en France ?
C’est sûr que l’aspect financier, il est beaucoup plus important à l’étranger. Maintenant, il me fallait encore un challenge sportif. D’ici trois, quatre ans, je ne sais pas si ma réflexion sera la même. Ce que je veux depuis que je suis reparti de tout en bas à Draguignan, c’est de voir où sont mes limites. Est-ce que c’est la Ligue 2 ? La Ligue 1 ? Ou alors la Ligue des champions ? Quand je l’aurais trouvée, je verrais si je continue à ce niveau ou si je pars à l’étranger. Je n’ai pas de regrets aujourd’hui dans le foot et je ne veux pas en avoir. Plus tard, je ne veux pas avoir à me regarder dans une glace en me disant que j’ai loupé quelque chose. C’est en partie pour cela que j’ai fait toutes les divisions depuis 4,5 ans. J’ai connu la D1 avec Draguignan, la N3 avec le Gazélec et Nice, la N2 et la N1 avec Bourg-en-Bresse et maintenant je vais pouvoir jouer en Ligue 2 avec Laval. Dans le passé, je n’ai pas pu décider de mon avenir comme je le souhaitais et on m’a un peu enlevé mon rêve. Aujourd’hui, je veux choisir mon parcours.
Toi qui es Lyonnais de formation, tu vas découvrir le monde professionnel samedi contre Saint-Étienne. Même si tu avais pu choisir, tu n’aurais pas écrit ce scénario.
S’il y a bien un truc que j’ai gardé de l’OL : c’est le derby. Toute ma carrière, ça me fera un truc. Même à Bourg-Péronnas, on a joué Saint-Étienne en Coupe de France et c’était particulier (défaite 0-3, NDLR). Ce match, tu le prépares une à deux semaines avant et tu ne penses qu’à ça, jour et nuit. Jouer contre Saint-Étienne, ce n’est pas anodin pour moi. Après que ce soit lors de la première ou de la cinquième journée, je savais que j’allais les affronter cette année donc ce n’est pas complètement une surprise. Ceci dit, j’ai été malade et j’ai perdu quatre kilos donc j’ai moins joué que prévu pendant la préparation. J’espère être prêt pour samedi.
Quand tu sors du milieu lyonnais, tu prends un peu une claque. Tu découvres que le foot, ce n’est pas aussi simple que ça.
Tu étais encore jeune quand tu quittes Lyon. Tu étais capitaine des U17, tu as pu évoluer avec des Bradley Barcola, Rayan Cherki ou Malo Gusto, et puis en U19 tu es parti à Auxerre. Pourquoi ?
J’ai surtout été très mal entouré par mes agents de l’époque qui n’en ont fait qu’à leur tête. Quand tu es dans le milieu du football de haut niveau dès le plus jeune âge, surtout à l’OL, tu es convoité de partout. Une fois que tu es dans le moule, tu es convaincu que tu joueras un jour en Ligue 1. Tu es dans un cadre incroyable en étant chouchouté et tu rencontres des gens exceptionnels – je parle aussi bien des joueurs que du staff. Quand tu sors de ce milieu, tu prends un peu une claque. Tu découvres que le foot, ce n’est pas aussi simple que ça et qu’il y a des parcours différents. Certains joueurs sont tout en haut en U17, U19 et tu ne les vois plus du tout. Limite, ils arrêtent le football. Avec le recul, j’aurais dû rester à l’OL. Vers la fin, je commençais à ne plus donner le meilleur de moi-même. Je montrais de par mon comportement que je voulais partir, en étant poussé par mon entourage de l’époque. J’ai été très mal orienté.
Les 2 buts des gones Florent Da Silva et Mattéo Commaret qui ont permis à notre équipe #U17 de battre le FC Lyon (1-2) 👏🔴🔵 pic.twitter.com/HwzTqJHkuN
— Olympique Lyonnais (@OL) March 25, 2019
Il y a des anciens Lyonnais avec qui tu es resté en contact ?
Je suis très proche de Malo (Gusto) aujourd’hui. Il y a aussi Bradley (Barcola), on se retrouve surtout sur la Play. (Rires.) Je pars aussi en vacances tous les ans avec les frères Altıkulaç.
C’était quoi exactement le plan de tes agents ?
Ils m’ont poussé à quitter l’OL afin de rapidement pouvoir jouer en Ligue 1, par le biais d’Auxerre qui voulait remonter (ils étaient en Ligue 2 en 2020, NDLR). Ça a été une très mauvaise décision. Cette saison à Auxerre, pendant le Covid, c’est peut-être la pire que j’ai connue. J’ai compris que ça allait prendre la même tournure que lorsque j’ai quitté l’OL. J’ai préféré tout stopper et repartir de tout en bas.
Que ce soit en Ligue 2 ou en district, tu me mets un ballon dans les pieds, je suis content.
Tu rebondis à Draguignan en D1 avec tes potes en 2021. Ça a été nécessaire pour toi ce retour au football plaisir ?
Franchement, c’est l’une des meilleures saisons de ma vie. Déjà d’un point de vue personnel, où j’ai pu me retrouver dans un monde qui me correspondait bien. Ça m’a permis de découvrir autre chose. Tu t’entraînes juste le soir avec tes potes pendant qu’eux, ils étaient au chantier toute la journée. Ça te fait prendre conscience de la chance que tu as de faire du foot. Je savais que j’en avais mais c’est différent de le voir. Je n’avais pas peur de ne jamais revenir au haut niveau parce que j’avais confiance en mes capacités. Je me suis dit « Je me régale un an et après, on voit ». Finalement, ça m’a souri.
Ce qui t’a plu, c’est d’avoir une certaine liberté ? De découvrir d’autres postes ?
Non même pas, j’étais toujours central. Le premier match, ils m’ont mis 10. Je leur ai dit « Laissez-moi derrière, je suis défenseur ». (Rires.) On jouait en D1, mais j’ai pu avoir de bons coachs qui connaissaient bien le football comme Gilles Marambaud (actuel préparateur physique de Marseille, NDLR) et Rudy Riou. J’ai pris beaucoup de plaisir. De toute façon, que ce soit en Ligue 2 ou en district, tu me mets un ballon dans les pieds, je suis content. Alors, il n’y a pas les mêmes enjeux, c’est sûr, mais j’étais toujours aussi heureux.
Tu quittes le monde amateur, le vrai, pour aller au GFC Ajaccio, en N3 mais le club coule au bout de quelques mois. Comment tu l’as vécu ?
C’était douloureux dans le sens où quand je vais quelque part, je m’attache au projet. Le Gaz, c’était encore autre chose. Il y avait une ville qui vivait pour toi, une ferveur. Il y avait plus de supporters du Gazélec qui était en N3 que d’Ajaccio qui évoluait en Ligue 1. Ça m’a surtout touché lorsque l’on a su que le club allait couler. Aujourd’hui, il y a eu un travail énorme de fait. Ils viennent de revenir en N3 et je pense qu’ils vont vite remonter.
Tu retrouves une structure pro avec l’OGC Nice mais tu pars au bout de quelques mois avant de retrouver Bourg-Péronnas. Entre-temps tu as discuté avec Châteauroux, relégué administrativement à ce moment-là par la DNCG (le club a finalement été maintenu) et Sedan, qui a dû déposer le bilan. Tu ne t’es pas dit que tu étais maudit ?
C’est vrai qu’au bout d’un moment… (Rires.) Mais ce sont d’autres étapes, d’autres épreuves. À chaque fois, je savais que si ça ne marchait pas avec ce club-là, c’était pour quelque chose d’encore mieux. Je ne me suis pas trompé finalement. Nice, ça m’a remis l’eau à la bouche par rapport au monde professionnel. Après Nice, oui il y a eu des contacts avec ces deux clubs, mais je ne voulais pas forcément y signer et je me suis engagé à Bourg-en-Bresse.
Tu parles de rêve. Tu en as un aujourd’hui ?
Mon rêve, c’est juste de rendre fier ma famille. Ce n’est pas juste une phrase bateau, c’est vraiment mon objectif depuis tout petit. Voir la fierté dans les yeux de ma mère, c’est quelque chose qui m’anime. Si ma mère est heureuse que je joue en district ou en Ligue 1, ou même que je ne joue plus du tout, je serais heureux.
DNCG validée pour 9 clubs professionnelsPropos recueillis par Raphaël Faurie-Pacaud