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Maradona ou «Aguirre et la Colère de Dieu» ?

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Maradona ou «Aguirre et la Colère de Dieu» ?

On attendait une réaction de la fédé argentine (l'AFA), suite aux provocations fellatrices de Diego. Menacé par la FIFA d'une procédure disciplinaire (cinq matchs de suspension et de 13 000 euros d'amende) pour ces outrages, l'AFA a apporté son soutien à son illustre sélectionneur. Après des éliminatoires de Mondial inquiétantes, une prolongation tacite, donc. Pour le meilleur ou pour le pire ?

Flash back… 30 juin 94. Coupe du monde aux États-Unis clintoniens. Diego Maradona est exclu du Mondial pour contrôle positif à l’éphédrine, puis suspendu pour 15 longs mois. Maradona en veut à la terre entière et notamment à Havelange (boss brésilien de la FIFA accusé par El Pibe de favoriser la Seleçao débarrassée d’une Argentine trop dangereuse) et à Sepp Blatter (N °2 de la FIFA et procureur impitoyable de Diego dans cette affaire de dopage). Maradona gardera surtout une rancune tenace envers Julio Grondona (déjà président de la fédé argentine depuis 1979, toujours en poste en 2009 et vice-président de la FIFA !). El Pibe reprochera toujours à Grondona, un compatriote « haut placé à la FIFA » , de ne pas l’avoir défendu lors de cette affaire… D’aucuns penseront que la nomination de Maradona au poste de sélectionneur de l’Albiceleste en octobre 21008 était quelque part une façon pour Grondona de s’amender auprès de Diego, idole nationale et l’Argentin le plus populaire du monde. Qui sait ?… En tous cas, avant-hier, la Fédé argentine a enfin publié un communiqué, presque 15 jours après les “pitreries” de Montevideo. Un courrier adressé à la FIFA : « Maradona a agi sous le coup d’une émotion violente générée par un conflit avec des journalistes les jours précédant le match » . En fait, c’est un véritable message de soutien à son sélectionneur. Énième renvoi d’ascenseur d’un Julio Grondona expiant à nouveau l’offense faite à Diego en 1994 ?…

« Une émotion violente » … On passera sur le vocabulaire approximatif pour qualifier les “grossièretés” de Maradona ainsi que les gestes obscènes de récidive, filmés dans le bus de la sélection. On notera juste que l’AFA s’est rangée du côté de Diego Armando en s’essuyant les pieds sur les journalistes, éternels coupables des mauvais résultats de toutes les sélections du monde… Voilà au moins qui est clair : l’AFA a légitimé le maintien de Maradona à la tête de l’Albiceleste. C’est son choix… Un choix périlleux parce que décidé malgré l’indignation générale d’une bonne partie de la population argentine, y compris parmi les fans du Pibe, qui se sont sentis “salis” par ses provocations qui ont terni aussi l’image de l’Argentine dans le monde. Un choix périlleux aussi dans le sens où la Fédé légitime la fuite en avant délirante d’un Diego qui s’est carrément approprié la Seleccion. Critiquer l’équipe nationale équivaut chez lui à un procès immonde qui vise sa personne. Autant les provocations d’un Mourinho ou d’un Aulas agissent comme un paratonnerre qui sert à préserver les joueurs de la foudre des critiques, autant celles de Maradona ne sont que l’expression d’une mégalomanie galopante qui cache toutes ses insuffisances, voire une incompétence difficilement contestable. Comme nous le confiait le capitaine des Pumas, le rugbyman Agustin Pichot : « Diego fonctionne selon un mode manichéen en béton : celui qui n’est pas avec moi est contre moi » . Un style de communication vis-à-vis de l’extérieur qui ne fait aujourd’hui pas l’unanimité dans l’équipe nationale (sauf chez ce fayot de Tevez qui accompagne la paranoïa anti-journalistes du boss). Ce qui expliquerait aussi en grande partie les résultats en dents de scie de la Seleccion…

Certes, “l’Argentine de Maradona” est qualifiée pour l’Afrique du Sud et avec les éléments de valeur dont elle dispose, on peut prévoir qu’elle puisse atteindre au moins les quarts. Reste la gestion chaotique de l’Albiceleste qu’on lui reproche au pays : des éliminatoires Amsud lamentables (6 défaites et une 4ème place acquise limite), un turnover inexplicable qui l’a vu essayer pas moins d’une soixantaine de joueurs depuis sa prise de fonction, une absence de ligne directrice claire dans le jeu et le schéma tactique général, une efficacité offensive indigne au vu de l’effectif dont il a disposé. Plus grave, la gestion du cas Messi. Maradona ne sait tout simplement pas comment utiliser le meilleur joueur du monde ! Lionel est toujours à la rue avec Ciel & Blanc. Il erre, visiblement désemparé, sur le terrain plus qu’il n’agit. On craignait au départ des “conflits” de prestige et de personnalité entre Maradona et Messi qui semblent se vérifier. Ce dernier est mis en concurrence avec le gendre du boss, le “Kun” Agüero, mais surtout “houspillé” de tout temps par un Maradona inquiet des succès de son illustre cadet. Un cadet qui lui fait de plus en plus d’ombre depuis quelques années et grand favori du prochain Ballon d’Or. Le sujet est presque tabou dans la presse foot argentine mais les faits sont là : Maradona et Messi communiquent difficilement entre eux, voire ne communiqueraient plus du tout ! Bonjour l’ambiance en sélection…

Mais le problème le plus grave demeure quand même l’autre conflit destructeur qui empoisonne l’Albiceleste : le cas Bilardo. Nommé manager de la Sélection, Carlos Bilardo, authentique technicien, était censé seconder un Maradona plus que novice au poste d’“entraîneur”. Il était la caution crédible d’un binôme censé porter l’Argentine vers les sommets. Là au moins, pas de tabou : Diego est en conflit ouvert avec celui qui fut son coach lors de la victoire du Mundial 86. Et ça va loin ! Déjà, la semaine dernière, Maradona a accusé Bilardo de comploter contre le président de l’AFA… Il y a trois jours, Maradona a même obtenu de la Fédé (feu vert de Grondona !) qu’elle nomme Fernando Gamboa dans l’encadrement technique de l’Albiceleste au début 2010. Gamboa, un ancien défenseur de 39 ans et actuellement entraîneur de Chacarita Juniors, 17ème sur 20 du Tournoi d’ouverture argentin. Une nomination “politique” qui serait destinée à réduire l’influence de Miguel Angel Lemme, un proche de Bilardo au sein de l’encadrement technique argentin… Plus cocasse : selon la presse argentine, Maradona aurait même demandé à Grondona de cantonner Bilardo à un rôle logistique et qu’il n’interfère plus dans les décisions sportives. Mardona aurait aussi demandé la prolongation de son fidèle adjoint Alejandro Mancuso, dont le contrat arrive à échéance la semaine prochaine.

On arrête là. Diego Armando Maradona est peut-être un sélectionneur de génie qui apportera une troisième couronne mondiale à son pays en juillet prochain. Peut-être… Diego Armando Maradona nous joue peut-être aussi un mauvais remake du film de Werner Herzog, “Aguirre, la Colère de Dieu” (1972).

… Au XVIe siècle, une expédition espagnole part sur l’Amazone à la recherche de l’Eldorado sous les ordres de Gonzalo Pizarro. Aguirre, l’un de ses lieutenants, illuminé et mégalomane, prend le commandement. Un mot d’ordre : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » . Aguirre décide de continuer toujours plus loin la quête de l’Eldorado légendaire. Des hommes meurent ou sombrent dans la folie. Aguirre entraîne dans ses pérégrinations démentielles un équipage qui réalise peu à peu que cet officier de plus en plus allumé à qui ils ont fait allégeance les conduit vers le néant de ses lubies…

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