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Ouzbékistan : one steppe beyond

Par Victor Foenkinos
5 minutes

La nouvelle formule de la Coupe du monde, qui permet à 48 équipes, contre 32 auparavant, de disputer la phase finale, a offert à la zone Asie (AFC) quatre places qualificatives supplémentaires, soit huit au total. L’Ouzbékistan, fraîchement qualifié pour la première fois de son histoire, fera partie des néophytes pour l’édition 2026 qui se déroulera en Amérique du Nord. Retour sur une qualification qui récompense un travail de longue haleine, celle de toute une fédération, celle de tout un pays.

Ouzbékistan : one steppe beyond

Comme dans le football, tout peut aller très vite dans l’histoire. Après avoir été sous giron soviétique pendant une grande partie du XXIe siècle, l’Ouzbékistan a obtenu son indépendance en 1991. Même si une fédération nationale de football avait été créée en 1946, ce n’est qu’au moment où les chaînes soviétiques se sont brisées que le pays d’Asie centrale a pu rejoindre la FIFA. Trois années plus tard, en 1994, les Loups blancs intègrent la Confédération asiatique de football (AFC) et s’engagent pleinement dans le beautiful game international. Après 24 ans d’existence, l’Ouzbékistan se classe à la 57e place au classement FIFA, mais décroche surtout sa première participation à la Coupe du monde. Longtemps connu comme étant un pays étape sur la route de la soie, qui reliait la Chine à Constantinople (devenue Istanbul), l’Ouzbékistan pourra désormais exporter son football soyeux sous les plus grands des projecteurs.

Un accompagnement complet

Pays le plus peuplé de sa région, avec près de 40 millions d’habitants, la Porte de l’Est a lancé un projet, « Objectif 2030 », qui touche aussi bien l’économie, l’écologie que le football. Le genre de programme qu’ont aussi pu lancer parallèlement l’Arabie saoudite ou le Qatar. Concrètement, l’État finance ici la création et la modernisation d’académies de football dans tout le pays, avec des centres de référence comme celui du Bunyodkor à Tachkent, surnommé « la Masia de Tachkent ». L’académie qui a révélé Abdukodir Khusanov ou Eldor Shomurodov a su rivaliser avec l’ogre national du Pakhtakor en recrutant les talents très tôt, dès 6 ans, comme nous l’expliquait Narzulla Saydullaev, rédacteur en chef de championat.asia, principal média sportif ouzbek : « Bunyodkor prospecte dans toutes les régions du pays pour y dénicher des talents. Une fois trouvés, ils intègrent ce qui est, pour moi, la meilleure et la plus moderne des académies ouzbèkes. »

Le président du pays, Shavkat Mirziyoyev, a clairement affiché sa volonté de faire du football un vecteur de rayonnement national, avec des investissements ciblés dans les infrastructures, la formation et la professionnalisation du secteur. Le projet espère susciter un engouement massif chez les jeunes ouzbeks, en leur offrant des perspectives de carrière et en faisant du football un levier d’intégration et de réussite sociale.

Une réussite chez les équipes jeunes

Avant la première qualification en Coupe du monde de son histoire, obtenue ce 5 juin 2025 après un nul face aux Émirats arabes unis, les équipes jeunes de l’Ouzbékistan avaient déjà montré que la professionnalisation du football ouzbek portait ses fruits. Le 3 mai 2024, les moins de 23 ans perdaient en finale de la Coupe d’Asie contre le Japon sur le score d’un but à zéro. Un but inscrit à la 90e+1. Les coéquipiers de Jasurbek Jaloliddinov avaient eu l’opportunité de revenir au score sur penalty à la toute dernière minute, en vain, mais ils avaient déjà remporté cette compétition en 2018. Les moins de 20 ans, quant à eux, ont glané la première Coupe d’Asie de cette catégorie en 2023, avant de perdre aux tirs au but lors de l’édition suivante, en quarts de finale contre la Corée du Sud. Sans oublier les moins de 17 ans, champions asiatiques en titre.

Une série de victoires qui a permis de placer, sur la carte de l’Asie, l’Ouzbékistan comme un pays de football. Pays avec lequel il faudra compter dans le futur et qui a déjà fait ses preuves. En atteste surtout sa participation aux Jeux olympiques de Paris l’été dernier, malgré les défaites contre l’Égypte et le futur vainqueur espagnol. De quoi envisager la suite avec optimisme. « Ce furent quatre années d’aventure, à la fois passionnantes et difficiles. Nous nous sommes finalement qualifiés, se réjouissait Vlado Radmanovic, adjoint slovène de l’ancienne gloire Timur Kapadze. C’est une grande fête pour le peuple ouzbek. Merci aux supporters. » Une grande fête qui les emmènera jusqu’en Amérique, à l’été 2026.

Grand gagnant de la nouvelle formule

Surtout, si cette progression est enfin récompensée, c’est aussi parce que la Coupe du monde a ouvert plus largement ses portes. L’ancien format avec 32 équipes qualifiées offrait à la zone Asie quatre places directes, plus une en barrage intercontinental. Désormais, pour l’édition 2026 et les futures, l’AFC reçoit huit places. Seul le barrage intercontinental ne change pas, délivrant toujours un billet supplémentaire. Une aubaine qu’il a néanmoins fallu saisir, après un « match peut-être pas très beau, car nous avons joué pour le résultat et atteindre notre objectif » comme l’affirme le défenseur Rustam Ashurmatov. « Nous avons une excellente équipe. Il y a des jeunes joueurs talentueux et des joueurs expérimentés. Nous approchons également de la trentaine. Nous jouons avec toute notre expérience. Plus important encore, notre équipe est très unie. »

Pour Jaloliddin Masharipov, milieu offensif de l’équipe, « nous avons disputé le match le plus difficile de notre carrière. La pression avant le match était énorme ». Le point du nul sera donc suffisant pour s’assurer la seconde place du groupe derrière l’Iran, s’attirer les faveurs du président de la République et composter le ticket tant attendu. Et vu la vitesse à laquelle Abdukodir Khusavov a franchi les étapes, passant de la Biélorussie à Manchester City en passant par Lens, il n’est pas impossible que la nation d’Asie centrale puisse pousser encore plus loin sa progression. Steppes by steppes.

Post-it : La liste des équipes participant à la Coupe du monde des clubs

Par Victor Foenkinos

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