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C1 : Y a-t-il plus de scores fleuves qu'avant ?
Cette troisième journée de Ligue des champions a été marquée par de nombreuses raclées, avec des buts à gogo et des matchs souvent à sens unique. La compétition s'est-elle déséquilibrée d'année en année ?

Le Barça face à l’Olympiakos (6-1), le PSV qui plie Naples (6-2), Liverpool à Francfort (1-5), Chelsea contre l’Ajax (5-1), le PSG à Leverkusen (2-7) : ce ne sont que des exemples des nombreuses victoires fleuves comptabilisées cette semaine en Ligue des champions. En trois journées et 54 rencontres disputées dans cette « phase de ligue », quinze succès par plus de trois buts d’écart ont même déjà eu lieu, dont huit (!) rien que lors de cette troisième journée. C’est beaucoup. Conséquence du changement de formule opéré la saison passée, avec plus de clubs engagés (36, contre 32 auparavant) et des matchs dans tous les sens ? Voyons cela en chiffre.
Plus de matchs, et plus de raclées
Alors que le taux de victoires fleuves (par au moins quatre buts d’écart, donc) gravitait autour des 5 % entre 2003 (passage à une seule phase de poules, au lieu de deux précédemment) et 2010, il a progressivement explosé au tournant de la décennie suivante, juste après un ajustement des tours de qualification (en 2009) permettant sur le papier aux championnats « mineurs » d’être mieux représenté en poules : 10,42 % dès 2010-2011, puis 14,59 % en 2016-2017 et même 16,67 % en 2022-2023. Avec chaque saison des maillons faibles capables de prendre taule sur taule pour gonfler les stats (le Legia Varsovie en 2016, Plzeň en 2022), mais aussi des cadors totalement inarrêtables (le PSG et ses 24 buts inscrits en 2017).
En 2023-2024, juste avant la révolution de la poule unique, la statistique était pourtant tombée à… 4,17 %, une première depuis 2009, la faute à des matchs souvent très serrés – hormis quand le RC Lens se déplaçait à l’Emirates pour en prendre six dans le buffet. Reste que, depuis un an et le changement de format, les chiffres sont là : avec plus de matchs (de 96 à 144) mais aussi plus de raclées, on a grimpé à 18 % de succès fleuves (24 sur 144 matchs) l’année passée, et même près de 28 % cette saison après trois fournées. Un début canon, comme il y a un an (douze victoires au même stade la saison passée, quinze cette année).
Si les chiffres ont triplé ou presque en quelques années1, c’est donc en partie à cause de l’évolution de la compétition. Dans cette grande ligue à 36, où le top 8 est favorisé pour la suite des réjouissances, les grosses écuries ont tout intérêt à ne pas lever le pied pour soigner leur différence de buts générale. L’appétit des joueurs obnubilés par les stats peut être pris en compte, même s’il ne date pas d’hier. En revanche, on est en droit de penser que des écarts toujours plus importants se creusent entre les clubs – et même les pays –, au détriment de l’imprévisibilité et l’équilibre de ce sport. Comme un symbole, l’Union saint-gilloise (35 millions d’euros de budget, en 2025-2026), pourtant championne de Belgique, vient par exemple de s’incliner deux fois 4-0, contre l’Inter (474 millions) et Newcastle (315 millions).
Le classement de la Ligue des champions après la 3e journéePar Jérémie Baron
(1) 6,25 % en 2003-2004
9,375 % en 2004-2005
6,25 % en 2005-2006
4,17 % 2006-2007
5,2 % en 2007-2008
4,17 % en 2008-2009
4,17 % en 2009-2010
10,42 % en 2010-2011
9,375 % en 2011-2012
5,2 % en 2012-2013
11,46 % en 2014-2015
11,46 % en 2015-2016
14,59 % en 2016-2017
12,5 % en 2017-2018
9,37 % en 2018-2019
11,46 % en 2019-2020
12,5 % en 2020-2021
13,54 % en 2021-2022
16,67 % en 2022-2023
4,17 % en 2023-2024
18 % en 2024-2025