- C1
- Quarts
- Aston Villa (3-2)
Gianluigi Donnarumma, naissance d’une pieuvre ?
Auteur de cinq arrêts, dont quatre décisifs en deuxième période, Gianluigi Donnarumma était le seul Parisien à rester serein contre Aston Villa. Étonnant quand on connaît ses trous d’air, mais cela annonce-t-il vraiment le franchissement d’un cap chez ce gardien singulier ?

Un des nombreux poncifs toujours faciles à sortir dans une soirée entre potes devant un match de Ligue des champions consiste à dire que lorsque le meilleur joueur d’une équipe est son gardien, celle-ci est obligatoirement en difficulté. Le Paris Saint-Germain se spécialise, cette saison plus que jamais, dans le tordage de cou aux idées reçues. Alors quand Gianluigi Donnarumma a commencé à prendre feu contre Aston Villa, il était évident que le club de la capitale allait rallier, presque sans trembler, les demi-finales de C1.
Déjà trois matchs références
Car oui, « Gigio » fait partie de cette caste de gardiens capables d’être le héros d’un match même en ayant encaissé trois buts. C’est d’ailleurs quand il est assailli de tous les côtés que l’Italien est le meilleur, lorsqu’il peut faire parler sa main ferme et ses réflexes sur la ligne. Entre les 52e et 70e minutes, il a écœuré Marcus Rashford par deux fois, Youri Tielemans et Marco Asensio, maintenant à flot un collectif submergé, mais qui ne méritait pas de sortir par la petite porte. Au tour précédent, il avait déjà enfilé sa cape de héros avec un match retour de gala contre Liverpool, notamment marqué par deux tentatives stoppées durant la séance de tirs au but, mais également contre Manchester City, en phase de ligue, où il avait sorti cinq arrêts déterminants. Dans chacune de ces rencontres, le champion d’Europe 2021 a dû s’employer à de multiples reprises pour prouver qu’il avait l’étoffe d’un joueur décisif.
Beaucoup de gens doutent de lui, mais nous, on n’a jamais douté de lui.
« On sait le gardien qu’on a. Il l’a montré ce soir. Beaucoup de gens doutent de lui, mais nous, on n’a jamais douté de lui. C’est l’un des meilleurs gardiens du monde, on est content qu’il soit au PSG. On espère qu’il restera longtemps avec nous », savourait Achraf Hakimi, mardi, soulignant que la prolongation de contrat du principal intéressé n’est toujours pas signée. Tous les joueurs interrogés après la qualification à Birmingham ont félicité leur coéquipier, tantôt « excellent » pour Khvicha Kvaratskhelia, tantôt « grand gardien » selon Marquinhos, voire « sen-sa-tion-nel », en français dans le texte, pour Luis Enrique. Le grand public semble aussi charmé, enfin.
Des défauts persistants
Avant ces bonnes prestations de l’année 2025, Gianluigi Donnarumma était pourtant celui sur qui il était de bon goût de taper lors de ces fameuses soirées entre potes. Son dégradé au cutter et ses pieds carrés font forcément sourire au moment de la comparaison avec Thibaut Courtois ou Manuel Neuer, modèles de perfection. Le match contre Manchester City était même annoncé comme celui de la dernière chance pour l’Italien, après avoir été jugé coupable de presque chaque échec du PSG depuis son arrivée en 2021 et face à la concurrence de Matvey Safonov. Sans être directement fautif comme face au Real Madrid, où il n’avait pas résisté à la charge de Karim Benzema, le gardien était au moins critiqué pour son incapacité à sauver les siens sur un match où les assauts adverses sont moins nombreux, à l’image de la double confrontation contre Dortmund où il encaisse deux buts sans réaliser d’arrêts prépondérants.
Insane Donnarumma display 🤯 Szczęsny double save 😮 Great goalkeeping 🧤#LetsFly | @qatarairways pic.twitter.com/YhfmrKWLuG
— UEFA Champions League (@ChampionsLeague) April 15, 2025
C’est aussi ce qui lui était reproché lors du match aller face à Liverpool, où le seul tir adverse dangereux a terminé au fond des filets. Alors, Gigio Donnarumma a-t-il vraiment progressé cette année ? Au moment de son éclosion à l’AC Milan, il était déjà capable de coups d’éclat sur sa ligne, mais se montrait peu rassurant dans ses sorties aériennes et le jeu au pied. Dix ans plus tard, les qualités sont les mêmes, certes avec un plafond plus élevé, mais ses défauts restent également identiques. De plus en plus serein au-delà de ses six mètres, il peine encore à capter tous les ballons hauts et continue d’envoyer le cuir plus souvent en touche ou vers une tête adverse qu’au niveau de la cible visée alors qu’il est censé représenter la première rampe de lancement du jeu de position de Luis Enrique. Ce dernier a fait nettement progresser Ousmane Dembélé, Fabian Ruiz ou encore Nuno Mendes, ce n’est pas encore complètement le cas de l’Italien. Malgré sa balafre sur le visage, à cause d’un coup de crampons de Wilfried Singo, Donnarumma est tout proche d’effacer les cicatrices d’un passé pas si lointain en poursuivant cette épopée qui porte clairement son empreinte. S’il pourrait rapidement crouler sous les frappes contre Arsenal, six mois après ses bévues à Londres, il a quand même la gueule de celui qui coûtera la qualification en finale après la seule frappe du Real Madrid, signée Kylian Mbappé, en fin de demi-finale retour.
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