L’histoire retiendra que Paul Pogba a rejoué pour la première fois avec une entrée en jeu sur du Depeche Mode, à un moment où le Stade rennais venait de marquer le quatrième but pour plomber un peu plus Monaco (4-1). Un troisième succès d’affilée pour les Bretons, qui passent devant l’ASM et s’installent provisoirement dans le top 5.
Rennes 4-1 Monaco
Buts : Aït-Boudlal (20e), Camara (48e), Embolo (73e) et Blas (83e SP) pour le SRFC // Biereth (90e+5) pour l’ASM
Expulsion : Zakaria (65e) côté ASM
C’est dans le froid, sous la pluie et avec une très grosse défaite que Paul Pogba a fait son retour au foot, deux ans plus tard. L’histoire retiendra que le champion du monde, attendu comme une rock star en Bretagne, a connu ses premiers pas en Ligue 1 sur du Depeche Mode, au moment où le Stade rennais venait de mettre le quatrième contre une équipe de Monaco encore battue en championnat (4-1). Le milieu de terrain reste un joueur spécial, puisqu’il est rare de voir un public qui voit son équipe en fête célébrer l’entrée en jeu d’un adversaire (et ses premiers ballons) avec une ovation que l’on réserve généralement aux chouchous ou à un triple buteur. Sa sortie, en saluant tout un stade, ne ressemblait pas à celle d’un type venant de se manger un sale revers dans les dents. Un retour pas si anecdotique, même si les Bretons ont pu prolonger la fiesta pour une très bonne raison : la troisième victoire de rang de leur équipe préférée et une place dans le top 5, devant Monaco.
La carte efficacité
Il n’y a pas que Pogba dans la vie, il y a le brouillard aussi. Celui qui recouvrait une bonne partie de la pelouse du Roazhon Park, encore marquée par le passage du RC Vannes et de la fête du rugby six jours plus tôt, et qui a laissé tout ce beau monde prendre la température et se réchauffer. Il se trouve que le ballon était rond, ce samedi soir, et c’est l’ASM qui a préféré s’en emparer. Sauf que l’idée, ça reste de marquer. Brice Samba n’a même pas eu besoin de briller dans une première période dominée par les gars du Rocher, mais George Ilenikhena a collectionné les hors-jeu comme Ansu Fati les occasions manquées. L’ancien du Barça aurait dû être beaucoup plus adroit pour transformer le numéro de Maghnes Akliouche (32e), à un moment où il n’avait cette fois pas trouvé un grand Jérémy Jacquet sur son chemin pour le contrarier ou la niche de Samba (17e, 32e). Le portier avait été heureux, aussi, de voir Kassoum Ouattara tout gâcher après avoir réussi un joli crochet (14e), comme Ilenikhena être trop court sur un bon centre de Krépin Diatta (40e).
😄 Arrêtez tout ! Un but… 𝗗𝗘 𝗟𝗔 𝗖𝗨𝗜𝗦𝗦𝗘 pour Abdelhamid Aït-Boudlal.
🔴Rennes prend les devants, 1-0 face à Monaco#SRFCASMpic.twitter.com/uCYPnOorfq
Dans ce paysage, c’était un miracle de voir Rennes quitter la scène pour l’entracte en étant devant au score affiché sur les écrans géants. Bougés dans les duels, en difficulté sur les premières sorties de balle, les Bretons n’ont pas oublié d’être pragmatiques et efficaces. Une occasion, un but, avec un homme central, Abdelhamid Aït-Boudlal. Le néo-international avait déjà planté contre Nice, il a remis le couvert en se trouvant au départ de l’action d’un dépassement de fonction à la conclusion d’un centre de Mahdi Camara, repris de la cuisse sans trop savoir comment, pour traduire la célébration rigolote sous le regard du revenant Lukáš Hrádecký (1-0, 20e). Il était question de justice, de braquage et de la cruauté du foot devant les chaussons aux pommes de la tribune de presse. Les Rennais, eux, n’avaient que faire de ces commentaires.
Bonne Pioche, mauvaises pioches
Ils l’ont montré dès le retour des vestiaires, et tout s’est inversé dans le deuxième acte. Le deuxième but était celui de la panique il y a encore quelques semaines à Rennes, il aura encore été celui de la libération ce samedi. Mousa Al-Tamari a le don d’être frustrant, mais il a déclenché une frappe dantesque pour obliger Hrádecký à la repousser et donner la chance à Camara de placer sa tête au fond (2-0, 48e). C’était le début du chemin de croix pour les Monégasques, très proches de se faire avoir sur un copié-collé dans la foulée avec Embolo à la caboche (50e) et réduit à dix peu après l’heure de jeu pour une très grosse faute de Denis Zakaria qui a laissé penser à tout le monde que la saison d’Estéban Lepaul était terminée (65e).
L’attaquant rennais s’est finalement remis à galoper et c’est son compère (et voisin à la ville) Embolo qui a trouvé le moyen de récompenser son énorme match pour jouer un sale coup à son ancien club. Sur un corner joué à deux, Lepaul a claqué le centre parfait pour la tête gagnante du Suisse (3-0, 73e). Les allers-retours de Pogba devant Sébastien Pocognoli voulaient tout dire : le bonhomme avait quand même envie d’y regoûter, même dans ce traquenard, même à 3-0, juste pour les sensations. Il était sur le bord du terrain, prêt à faire son retour, quand il a vu Ouattara provoquer un penalty sur Camara et permettre à Ludovic Blas de lancer le traditionnel I Just Can’t Get Enough (4-0, 83e) pour poursuivre la démonstration rennaise et laisser la Pioche retrouver le ballon. Il pourra toujours se dire qu’avec lui sur la pelouse, Monaco a gagné 1-0, Mika Biereth s’offrant un but purement anecdotique au bout du temps additionnel (4-1, 90e+5). Ce n’est peut-être pas le retour qu’imaginait Pogba, mais c’est la soirée rêvée par un Stade rennais retrouvé.