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  • Ligue 1
  • J11
  • Rennes-Strasbourg (4-1)

Estéban Lepaul, l’essence du but

Par Clément Gavard, au Roazhon Park
6 minutes

Avec un premier triplé en Ligue 1, Estéban Lepaul a aidé le Stade rennais à rallumer la lumière contre Strasbourg (4-1), ce dimanche au Roazhon Park, où il a gagné un match et les cœurs. En confirmant une chose : ce gars-là est un vrai tueur devant le but.

Estéban Lepaul, l’essence du but

La scène est légère et marrante : Liam Rosenior qui vient mimer d’étrangler son bourreau du jour et même de l’année, Estéban Lepaul, pendant qu’il répond aux questions des journalistes avec son ballon du triplé sous le bras. « Bonne saison, coach », lance l’attaquant dans un sourire qui ne pouvait rien avoir de forcé après son premier triplé en Ligue 1, qui venait de permettre au Stade rennais de terrasser Strasbourg (4-1) pour conclure une drôle de semaine. Les 5e, 6e et 7e buts du bonhomme face au Racing en 2025, après deux doublés en Coupe de France et en fin de saison dernière sous le maillot d’Angers. « Il y a des équipes comme ça qui vous réussissent plus que d’autres, constatait-il en zone mixte. Strasbourg, c’est le club de ma région, ça arrive contre eux, c’est comme ça, la saveur serait la même contre n’importe quel adversaire. »

Il n’y avait pas de quoi, mais Lepaul était allé poliment s’excuser auprès de Rosenior après avoir encore martyrisé son équipe et signé le deuxième triplé de sa carrière après celui de décembre 2023 avec Épinal contre Châteauroux, en National 1. « Il n’a pas à s’excuser », posait Rosenior quelques minutes avant de venir féliciter Lepaul à sa manière en zone mixte. « La saison dernière, on a eu une petite histoire, déjà, racontait aussi le buteur rennais.  Après le doublé de l’avant-dernière journée, on est arrivés en même temps aux trophées UNFP et on a beaucoup rigolé ensemble, c’est toujours des moments sympas à partager. » Comme celui qu’il venait de vivre avec le public breton, qui a acté l’adoption d’un joueur qui renvoie certains nostalgiques au grand Alexander Frei, avec la sensation que Rennes a mis la main sur un vrai buteur.

Une année à marquer

C’est ce qui se dégage d’Estéban Lepaul sur un terrain, ce gars-là est obsédé par le but, le bruit des filets. Ses trois réalisations sont celles d’un tueur, chacun dans leur style. Il y a le sens du placement et du déplacement sur la première, pour venir couper un centre de Mousa Al-Tamari au premier poteau ; l’opportunisme sur la deuxième pour se trouver au bon endroit au bon moment après le gros boulot de son compère Mohamed Kader Meïté ; l’instinct et la spontanéité sur la troisième pour allumer Mike Penders d’une frappe pure après un service de Valentin Rongier. « J’aime bien les trois, dans des styles différents. Celui qui me ressemble le plus, c’est le premier, et celui que je préfère, c’est le troisième, expliquait-il après coup. Il y a des choses qui sont instinctives et des choses qui marchent constamment. On sait que cette zone du premier poteau sur les centres, c’est là où il faut être et je l’affectionne. Le troisième me ressemble aussi, avec une touche de balle. On va continuer à travailler tout ça.  »

C’est un joueur qui est attiré par le but à l’entraînement, il ne vit que par ça.

Habib Beye

Le joueur de 25 ans n’a pas eu besoin de digérer son important transfert de l’été à environ 15 millions d’euros pour passer d’Angers à Rennes. Le voilà déjà à 7 buts et 3 passes décisives en 9 matchs dans son nouveau club et à la deuxième place du classement des meilleurs artilleurs du championnat derrière Joaquín Panichelli qu’il a ringardisé le temps d’un dimanche (8 pions en comptant son dernier avec le SCO en août). « C’est un joueur qui est attiré par le but à l’entraînement, il ne vit que par ça, a décrit Habib Beye en conférence de presse. Il a une éthique de travail exceptionnelle, c’est un amoureux du jeu. Quand je vois sa panoplie, avec le fait qu’il arrive un peu sur le tard, je suis très content de l’avoir parce que c’est un joueur de collectif. Je peux vous garantir qu’il a été taper dans la main de chacun de ses partenaires, ce ne sera jamais quelqu’un qui verra le foot de manière individuelle. »

Il pourra quand même se féliciter des chiffres affichés au compteur en 2025 et de sa propension à ne pas avoir besoin de 1 000 occasions pour enfiler des buts comme des perles. Depuis le début de l’année civile, Lepaul facture 19 pions, comme Mohamed Salah, Gonçalo Ramos et Mason Greenwood. Dans les cinq grands championnats, ils ne sont pas très nombreux à faire mieux (11 pour être précis, avec Kylian Mbappé, Harry Kane, Erling Haaland, Serhou Guirassy, Ousmane Dembélé et compagnie). Cela pose un joueur et un buteur, à qui il reste deux mois pour faire encore mieux et plusieurs années pour confirmer qu’il n’est pas seulement un tube éphémère.

À l’instinct

Estéban Lepaul avait « besoin de ce match référence au Roazhon Park », où il n’avait pas encore marqué depuis ses débuts, et le Roazhon Park avait besoin de se trouver un nouveau chouchou. Le garçon a une histoire pour gagner les cœurs, mais aussi une simplicité et un style qui peuvent séduire dans le foot d’aujourd’hui. Il était arrivé cet été à la Piverdière avec son teckel et sa fraîcheur, et ceux qui l’ont découvert à l’entraînement ont rapidement tous dit la même chose : ce type est bluffant devant le but. Du genre rare, du genre assassin de sang-froid.

« Il est spontané, continuait Beye. Il est attiré par les espaces libres devant le but, on ne parle pas assez de ça chez les attaquants. Quand vous travaillez en spécifique, beaucoup de joueurs s’ajustent en fonction de la trajectoire du ballon, et ce qui m’a marqué chez lui, c’est qu’il a cette capacité à s’ajuster en comprenant l’espace dans lequel il doit être pour se trouver dans la meilleure position. Sur son troisième but, très peu de joueurs sont capables d’avoir cette course. À l’entraînement, très souvent, les gardiens disent qu’il les surprend et qu’au moment où eux avancent, lui frappe. »

Un joueur de surface, un buteur, mais aussi une connexion technique de plus en plus marquée avec ses partenaires dans le jeu, ce qui ne gâche rien. Après deux premiers matchs où il avait semblé emprunté, Lepaul s’est réglé et ne campe pas seulement dans sa zone préférée. Il sait remiser en une touche, il aère le jeu rennais et il montre une certaine affection pour la passe extérieure du pied, comme il en a encore distillé une belle à Al-Tamari ce dimanche contre Strasbourg. Quelle suite, maintenant ? « Il n’y a pas d’objectif, je veux avancer tranquillement, je n’ai pas de pression et je sais où j’ai envie d’aller. Je suis dans les clous, même un peu au-dessus. » Son ovation à sa sortie dans le temps additionnel a dû lui filer quelques frissons, même si dans le monde de Lepaul, rien ne vaut ceux d’un but.

Ce qu’il faut retenir de la onzième journée de Ligue 1

Par Clément Gavard, au Roazhon Park

Tous propos recueillis par CG

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