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Estéban Lepaul : chouchou tout chaud
Le retour en forme du SCO coïncide avec l’émergence d’Estéban Lepaul, restant sur une série de huit buts en autant de matchs qu’il aimerait prolonger ce dimanche contre l’OM. Un joueur dont le style et l’histoire ne peuvent que passionner et renvoyer à ces attaquants-mascottes qui nous ont fait adorer la Ligue 1.

Angers en a pris, des coups, depuis son retour en Ligue 1. Vissé aux places de relégable lors de huit des douze premières journées, le promu s’est depuis repris pour compter avant cette 21e journée cinq points d’avance sur le barragiste, l’AS Saint-Étienne. Cette belle dynamique (10 points sur 15 possibles en 2025), en plus d’un collectif retrouvé et soudé autour du coach Alexandre Dujeux, est à mettre en lien avec un parcours grisant en Coupe de France, mais également à la révélation d’un autre éborgné vif : Estéban Lepaul.
Angers change son fusil Lepaul
Mercredi soir à Strasbourg, lors du seul duel 100% Ligue 1 des huitièmes de finale de la Coupe de France, l’attaquant angevin a offert au SCO la qualif sur un plateau (3-1, doublé dans le premier quart d’heure). Le tout avec un bel œil au beurre noir hérité d’un choc avec le défenseur havrais Arouna Sangante quelques jours plus tôt. Un beau clin d’œil pour celui qui a grandi en Alsace. « Je le dis du fond du cœur, c’est fort pour moi, réagissait-il dans la foulée de son match, auprès de L’Équipe. Je suis venu petit les voir en National, Ligue 2, Ligue 1, c’est particulier de marquer ici. Comme mon premier doublé en Ligue 1, à Montpellier (3-1, le 12 janvier), ça a une saveur particulière. Ça m’a fait du bien de me faire siffler un peu par la Meinau. (Sourire.) C’est un stade que je trouve incroyable. Ça fait du bien de revenir ici. »
On avait émis l’hypothèse de recruter un attaquant (pendant le mercato hivernal, NDLR), et quand on l’a vu enchaîner, on s’est dit qu’on l’avait peut-être trouvé.
Ça fait du bien de revenir tout court, pour celui qui a été utilisé avec parcimonie par son coach à l’automne, alors qu’il avait activement participé à la montée du SCO, plus tôt en 2024. La terreur du National (12 buts en 16 matchs avec le SAS Épinal avant son transfert dans le Maine-et-Loire) a peut-être craint que la marche serait trop haute en Ligue 1, mais ses doutes se sont vite estompés, l’artificier ayant planté huit buts sur les huit dernières sorties angevines.
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Le déclic ? Un but sur le synthétique du FC 93 à Bobigny qui a convaincu le staff de lui laisser une seconde chance. « On avait émis l’hypothèse de recruter un attaquant (pendant le mercato hivernal, NDLR), et quand on l’a vu enchaîner, on s’est dit qu’on l’avait peut-être trouvé, souriait l’entraîneur du SCO. Il nous apporte beaucoup, j’espère que ça va continuer comme ça. »
Une histoire, un parcours et un style déjà marquants
Il n’y a pas de raison que Lepaul lâche l’affaire aussi facilement. Après avoir quitté en 2020 l’Olympique lyonnais, après cinq années dans les sections jeunes et la réserve, le garçon a pris la tangente pour retrouver le professionnalisme sur le tard. Aujourd’hui âgé de 24 ans, le voilà de retour sur la bonne voie, reprenant le flambeau qu’a porté son père dans les années 1990. Le champion de France 1996 à Auxerre (ville de naissance d’Estéban) a vu sa carrière être brusquement arrêtée en 1997 à la suite d’un accident de la route, avant qu’un second le conduise à la mort en mai 2020, à 43 ans. C’est son fils qui a dû prendre ses responsabilités : « On avait des papiers à remplir pour valider le fait qu’on arrêtait les machines. Il n’y a que moi qui pouvais le faire, racontait-il dans une interview poignante à L’Équipe. Quand on a coupé les machines, j’étais à côté de mon père, je lui ai juste demandé pardon car c’était la seule fois que je lui ai donné un médicament, lui qui n’en voulait jamais. » Après cette terrible année 2020, Estéban savait qu’il allait forcément « sentir un retour de bâton à un moment ». Pour son premier but en Ligue 1, d’une jolie volée contre le PSG, c’est vers le ciel qu’il a pointé les doigts.
Repose en Paix mon idole, ma fierté ❤️ https://t.co/cSHu6pNaVM
— Estéban Lepaul (@lepaul9) May 23, 2020
Cet héritage, celui de son paternel, mais aussi de l’époque où celui-ci a brillé, Estéban Lepaul le porte jusque dans son style de jeu. Il est un attaquant libre, d’instinct, jamais meilleur que lorsqu’il est décomplexé. Comme ceux qu’on aimait voir dans le foot pré-VAR, pré-Qatar, pré-Uber Eats. Rien que sa coupe de cheveux, qui tire un élastique entre celles des années 1990 et 2020, raconte beaucoup. La Ligue 1 s’est rendue attachante en partie parce qu’elle laissait s’exprimer des attaquants aussi cliniques que non standardisés. Des gueules comme Tony Vairelles ou Daniel Moreira qui ont pu croquer à l’équipe de France. Des renards comme Grégory Pujol ou Cédric Fauré. Des mecs aux parcours cabossés comme Steve Savidan ou Ludovic Ajorque. Des esthètes sous-cotés comme Mickaël Pagis. Des talents injustement tournés en dérision comme Nolan Roux ou Valère Germain. Estéban Lepaul est fait de ce bois-là. Et s’il est impossible de prévoir sa marge de progression, on sait désormais qu’il a la carrure pour jouer avec les bleus dans les yeux.
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