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Irvin Cardona : « Je peux passer du héros au zéro »

Propos recueillis par Enzo Leanni et Thomas Morlec
13 minutes

Deux ans après avoir quitté le Stade brestois, Irvin Cardona croise la route de son ancien club, dimanche, pour la première fois. Sous le maillot de Saint-Étienne, l’attaquant polyvalent a retrouvé des couleurs. Rencontre avec un Nîmois, passé par la Belgique, l’Allemagne et l’Espagne, mais qui est tombé sous le charme du Forez.

Irvin Cardona : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je peux passer du héros au zéro<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

C’était une évidence de revenir à Saint-Étienne cet hiver après tes six mois réussis en 2024 ?

Carrément ! Ça a mis un peu de temps à se faire, mais finalement, on a réussi à se mettre d’accord. J’avais envie de revenir, je ne m’en suis jamais caché. Il n’y avait pas de surprise par rapport à ça. J’aimerais que la montée l’année dernière ne serve pas à rien.

Tu n’avais pas peur d’écorner l’image que tu avais laissée ?

Il y avait de la pression, ça serait mentir de dire que je n’en avais pas. Je peux passer du héros au zéro, mais je ferai tout mon possible pour aider au maximum l’équipe. En revanche, je n’ai jamais pensé à dire non. C’était ma volonté de revenir. Même quand je suis parti à la fin de la saison dernière, ça me faisait chier, je voulais continuer l’aventure avec Saint-Étienne pour tout donner avec ce maillot.

Il paraît que t’as regardé tous les matchs des Verts pendant ton passage à l’Espanyol, c’est vrai ?

Oui, à part quand on jouait en même temps, je regardais tous les matchs ou les résumés.

T’es tombé amoureux ?

C’est difficile de dire le contraire. Avec les six mois qu’on a faits la saison dernière. C’était incroyable, avec plein de belles choses, surtout la finalité, même si on a dû se battre jusqu’à la fin pour monter en première division. Ce ne sont que des bons souvenirs, c’était exceptionnel.

J’ai toujours été un grand fan des supporters, en général, c’est quelque chose que j’aime. Après un but, j’ai célébré devant eux, c’est ma façon à moi de les remercier d’être là.

À ce moment-là, tu sors d’une expérience mitigée à Augsbourg, comment se déroule ton arrivée à Saint-Étienne ?

J’ai eu la chance de connaître pas mal de joueurs, ça m’a aidé pour mon intégration. Au début, ça a été compliqué, ça faisait pas mal de temps que je n’avais pas joué, j’étais en dessous des autres physiquement. Dans ma tête, je voulais être bon défensivement, techniquement, et après je me disais que ça allait suivre. Ma priorité n’était pas d’absolument marquer, je n’étais pas forcément en confiance, j’avais besoin de la retrouver petit à petit. Jusqu’au match contre Angers (0-3, pour son sixième match avec l’ASSE, NDLR) où je mets ces deux buts. Ça a propulsé ma saison.

Derrière, tu marques dix buts, la plupart dans des matchs cruciaux. Qu’est-ce qui a changé ?

C’est déjà un travail collectif, l’équipe a fait énormément de bonnes choses. J’ai eu la chance de créer beaucoup de liens avec Mathieu Cafaro et Dylan Chambost. Ils m’ont donné beaucoup de ballons de but. Même si c’était une période compliquée, je n’ai pas douté non plus. C’est ma plus belle saison, de loin, celle où j’ai été le plus fort.

Tu le ressens uniquement sur le terrain ou aussi dans la vie quotidienne ?

J’étais dans un club où je ne jouais pas, mentalement, ce n’était pas facile. Et puis là, c’est tout le contraire, il y a tout qui se passe bien, il y a tout qui me réussit. Je pense que si je tirais à côté, la balle rentrait quand même. Toutes les planètes étaient alignées. Quand on vit des moments comme ça, surtout dans un club comme Saint-Étienne, ça ne peut qu’être parfait.

Il y a eu la naissance d’une belle connexion avec le Chaudron.

Les supporters ont beaucoup joué. J’ai eu la chance de faire la Ligue des champions avec Monaco, mais la ferveur est différente, il y a beaucoup moins de supporters. Là, quand t’arrives dans le stade, que tu marques un but et que tout le stade crie ton nom, ou même quand tu sors et que les gens se lèvent, tu ressens vraiment ce que c’est. C’est touchant. J’ai toujours été un grand fan des supporters, en général, c’est quelque chose que j’aime. Après un but, j’ai célébré devant eux, c’est ma façon à moi de les remercier d’être là, quoi qu’il arrive, pendant 90 minutes, de ne rien lâcher. C’est devenu une habitude de partager ces moments avec eux. C’est peut-être pour ça qu’ils m’ont bien aimé.

 

Tu as marqué huit de tes douze buts à Geoffroy-Guichard. À quel point cela te porte ?

Que ça soit avec mes coéquipiers ou les supporters, j’ai besoin de me sentir aimé. Ça ne peut être que bénéfique pour moi. J’ai envie de rendre tout le monde fier. Cette année, on a beaucoup plus de difficultés à l’extérieur.

Les Magic Fans et les Green Angels sont des personnes très, très importantes pour le club et pour nous. On a besoin d’eux. Dissoudre un groupe ne changera pas le problème.

Est-ce que vous discutez dans le vestiaire des menaces de dissolution envers les Magic Fans et les Green Angels ?

Bien sûr. Ce sont des personnes très, très importantes pour le club et pour nous. On a besoin d’eux. Pour moi, dissoudre un groupe ne changera pas le problème des supporters.

Cette relation confirme que tu es un joueur qui marche à la confiance. C’est totalement ça. Je marche à la confiance, à l’affection. Pour donner le meilleur, j’ai besoin de me sentir aimé. Mais je pense qu’il y a beaucoup de joueurs comme ça dans le football actuel.

Cette année, tu joues dans un rôle différent, plus sur un côté dans l’attaque à trois, comment tu le ressens d’un point de vue individuel ?

(Il réfléchit.) Pour moi, c’est différent. Dans le sens où le dispositif dans lequel on joue aujourd’hui demande beaucoup, beaucoup d’efforts. Pour attaquer, c’est parfois compliqué, mais plus les matchs avancent, plus cela semble facile à ce niveau-là, donc dans l’ensemble, ça va.

Comment se passe ta relation avec Lucas Stassin sur le front de l’attaque ?

J’ai une bonne relation avec lui, comme avec tout le monde dans le groupe. Avec Lucas, on arrive à pas mal se trouver sur le terrain, ce qui est bénéfique pour l’équipe.

Stassin a dit que vous vous entendiez bien en dehors du terrain. Ça aide à la performance collective d’être pote en dehors ou pas du tout ?

Pour moi, c’est bien, ça reste un bonus parce que le plus important, c’est sur le terrain. Demain, cela peut arriver d’être moins proche d’un joueur, mais très bien combiner avec lui. Cela ne me surprendrait pas non plus.

 

Le chouchou du Chaudron.
Le chouchou du Chaudron.

Votre coach dit que tu attires les défenseurs et que Stassin peut se concentrer sur son placement dans la surface. C’est comme ça que vous marquez contre l’OM. Quel est vraiment ton rôle sur le front offensif ?

Déjà, bien défendre, bien fermer les centraux. Et après, quand on arrive à récupérer le ballon, se projeter, faire des appels dans le dos de la défense. Me rendre disponible en bougeant ou en permutant avec Lucas pour les déstabiliser.

Tu aimes bien défendre ?

Oui, j’aime défendre. Aujourd’hui, dans le foot, si on ne défend pas, ça reste compliqué. Puis, dans le système dans lequel on joue, si on n’aime pas défendre, il faut rester sur le banc. (Rires.)

En ce moment, tu traverses une période plus compliquée, tu n’as plus marqué depuis février. Comment fais-tu pour surmonter ces moments de moins bien ?

C’est vrai que c’est plus compliqué pour moi en ce moment, mais aussi pour toute l’équipe. C’est une remise en question chaque jour, du travail à l’entraînement. Travailler et prendre les matchs les uns après les autres pour regagner cette confiance et pouvoir avancer rapidement.

Quand j’arrive devant le but, au moins je réfléchis, au mieux c’est.

Ce qui revient souvent sur toi, c’est que tu es un bon attaquant, mais trop irrégulier. Es-tu d’accord avec ça ?

Oui, c’est vrai que ça a pu arriver certaines saisons, d’autres non. Aujourd’hui, le championnat fait que l’on tombe sur des équipes compliquées. Ce n’est pas évident, mais on se bat du mieux que l’on peut pour pouvoir avancer et gagner des points. Surtout cette saison, où c’est primordial.

Tu es surtout un joueur très instinctif, capable de marquer des buts de dingue, comme celui que tu as mis avec Brest face à Dijon. C’est inné ou tu travailles ces gestes ?

Forcément, on travaille la finition aux entraînements, c’est quelque chose que j’aime beaucoup faire après les séances. Après, les buts comme ça, c’est plus instinctif. Personnellement, quand j’arrive devant le but, au moins je réfléchis, au mieux c’est. Quand le ballon arrive, je ne réfléchis pas sur le moment. Je décide directement où je vais tirer, après, ça rentre ou pas, mais là, ça m’a réussi et j’espère que cela continuera. Par exemple, pour parler de cette action, je peux tenter ce geste cent fois, il ne va rentrer qu’une fois.

Qu’est-ce qui se passe dans ta tête à ce moment précis pour choisir entre le contrôle et la praline ?

Au moment où je reçois ce centre, je comprends que je ne peux pas la jouer de la tête, donc je ne peux que la taper comme ça. Elle termine pleine lucarne, mais sur le moment, je ne réalise pas que le but est incroyable. Sur le terrain, je ne le vois pas comme les gens à la télé ou en tribunes. C’est après que je me suis rendu compte que c’était un beau but. Mais un but reste un but, peu importe la façon dont il est marqué. Bon après, quand ils sont comme ça, c’est toujours plaisant de recevoir des messages des copains et des supporters.

Tu préfères ce but face à Dijon ou celui avec Saint-Étienne contre Bordeaux ?

(Sans hésiter.) Le plus beau est celui contre Dijon, mais le plus important restera face à Bordeaux, donc je vais choisir ce dernier.

On t’en parle au quotidien ?

Oui, cela arrive que l’on m’en parle, les deux buts d’ailleurs. Il y a même des personnes qui ne me connaissaient pas et qui m’ont découvert avec ces buts.

Tu parlais d’instinct, à quel moment tu décides de faire un tir piqué face à Bordeaux alors qu’il y a plusieurs défenseurs adverses sur la ligne ?

C’est le comportement du gardien. Il sort vite sur moi, et quand je contrôle le ballon, je suis focus sur lui, et c’est là que je décide de tenter ce ballon piqué. Je ne vois même pas qu’il y a deux défenseurs qui sont arrivés derrière lui. J’ai de la chance parce que les deux se gênent. Et elle termine au fond, donc parfait.

À Brest, tu étais avec Franck Honorat, connu pour envoyer quelques sacoches en lucarne, est-ce que vous vous amusiez à frapper de loin à la fin des entraînements ?

Ah oui ! C’était notre petit jeu avec Franck, qui a d’ailleurs une très bonne frappe de balle, il a pu le montrer plusieurs fois. C’est quelque chose que l’on travaillait pas mal aux entraînements.

Après le but de Dijon, j’ai reçu beaucoup de messages d’Argentins, d’Espagnols, de Brésiliens pour me dire que le but était beau.

Est-ce qu’on t’a déjà pris pour un attaquant argentin ? Quand tu étais à Brest, il y avait l’Uruguayen Martín Satriano avec toi et vu que ton nom a une consonance latine…

Alors non, ça ne m’est jamais arrivé, mais j’ai reçu beaucoup de messages de personnes qui viennent d’Amérique latine, oui.

Qu’est-ce qu’elles te disent ?

Il y a déjà des gens qui avaient le même nom que moi qui m’ont contacté pour me dire que j’étais un cousin à eux. (Rires.) Mais après le but de Dijon, j’ai reçu beaucoup de messages d’Argentins, d’Espagnols, de Brésiliens pour me dire que le but était beau.

Est-ce que ce match face à Brest va avoir un goût particulier pour toi ?

Forcément, c’est mes anciens coéquipiers, il y a pas mal de joueurs avec qui j’ai évolué pendant presque 4 ans, donc il va avoir une saveur particulière.

À Brest, on adorait le mardi soir après l’entraînement. On allait dans un bain à remous avec des lumières. Avec la musique à fond, évidemment, on faisait la fête.

Qu’est-ce qu’il te reste de tes années brestoises ?

C’est des bons moments aussi, il y a eu de la joie, de la déception. J’ai vécu une saison à Brest similaire (en 2020-2021), ce n’était pas facile, mais finalement, on s’est sorti de moments délicats. Je dis toujours que quand tu gagnes un championnat, c’est beau, mais il y a aussi une grande satisfaction de se sauver à la dernière journée. Les émotions ne sont pas similaires, mais presque. J’espère qu’on vivra un beau maintien aussi cette saison.

Tout comme Sainté, Brest est un club familial. Ça se ressentait dans le groupe ?

(Il réfléchit.) Avec Haris Belkebla, Hugo Magnetti, Romain Perraud ou encore Steve Mounié notamment, on adorait le mardi soir après l’entraînement. On allait dans un bain à remous avec des lumières. Avec la musique à fond, évidemment, on faisait la fête. J’ai aussi en mémoire beaucoup de chambrages.

 

Comment expliques-tu la progression du club ?

Je pense qu’aujourd’hui, il y a l’ossature du groupe qui est au club depuis plusieurs années et cela joue beaucoup. Par rapport aux connexions que l’on peut avoir sur le terrain notamment. Le club a bien travaillé sur le recrutement, l’aspect footballistique. Cette équipe n’a plus rien à voir avec celle qu’elle était il y a quatre ans.

Tu as été surpris par leur qualification en Ligue des champions et leur parcours ?

J’ai été surpris, c’est clair. Si on m’avait dit ça avant le championnat, je ne l’aurais pas cru. Maintenant, au vu de la saison, je me suis dit que c’était possible, et je leur souhaitais. Et par rapport à leur épopée, cela peut ressembler à des matchs de Coupe de France avec le petit club contre les gros, et ils ont réussi plusieurs fois à faire des exploits.

Il reste six rencontres avant la fin de la saison. Comment vous abordez ce sprint final avec un calendrier compliqué, notamment des matchs face à Lyon, Strasbourg et Monaco ?

On l’aborde avec de la confiance malgré tout. En six matchs, il y a beaucoup de points à prendre. On les prend comme des finales. On doit être très bon et laisser passer le moins de points possible.

Dans le lot, il y a une rencontre face à l’OL. Tu n’es pas du coin, mais ça t’excite quand même de jouer ton premier derby à Geoffroy-Guichard ?

Ce serait mentir de dire que je n’ai pas hâte. Il n’y a pas besoin de venir de Sainté pour savoir que c’est un match qui va être très important. Tout le monde, dans sa tête, pense à ce match et a envie de le jouer. Je ne sais pas ce qu’il se passera, mais on fera de notre mieux.

Tu es prêté avec une option d’achat de 3 millions d’euros à Saint-Étienne. Tu as déjà réfléchi à la suite ?

Pour être franc, la priorité, c’est que le club se maintienne. Si je suis bon sur le terrain, on verra ce qu’il se passe après. J’ai envie de rester. C’est un club avec lequel j’ai une attache. Je suis bien ici. Même si c’est plus compliqué cette année, je suis épanoui, je suis content d’aller à l’entraînement, de travailler tous les jours avec mes coéquipiers et de me battre sur le terrain avec eux.

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