- Euro 2012 – Eliminatoires
L’Europe à deux vitesses
Une Europe à deux vitesses se dessine. Avec trois locomotives (Allemagne, Espagne, Pays-Bas), et un groupe d'ambitieux (France, Portugal, Italie, Angleterre) qui peine encore à convaincre.
Pays-Bas, Espagne, et Allemagne. Pour les trois meilleurs ambassadeurs du Vieux Continent en Afrique du Sud, le Mondial ressemble encore à une piste d’élan d’où l’on décolle pour ne jamais retomber. Repartis gonflés de certitude du pays arc-en-ciel, les trois grandes puissances écrasent depuis à peu près tout sur leur passage et s’annoncent comme les grands favoris de l’Euro ukraino-polonais. La plus frappante illustration de cette domination sans partage a été donnée par les Pays-Bas, impitoyables face à Saint-Marin (11-0). Un score à deux chiffres à mettre en corrélation avec un parcours sans-faute, qui fait culminer les Bataves en tête de leur groupe avec 21 points et +27 de différence de but. Mardi en Finlande, les Oranje pourraient se contenter d’un petit point pour se qualifier. Même tracé parfait pour l’Allemagne, qui a étrillé son voisin autrichien (6-2), faisant fi d’un historique pas vraiment favorable. Pour Klose, Ozil, et consorts, enfiler le maillot national semble produire le même effet revigorant qu’un bain dans un fjord norvégien. Qui aurait pensé que la Mannschaft pourrait un jour se révéler jubilatoire ?
Pour l’Espagne, le Mondial constitua avant tout une continuité, voire une inflexion en terme de qualité de jeu, mais en soulevant pour la première fois de son histoire le trophée doré, la Roja est reparti d’Afrique du Sud doté de l’orgueil d’un indiscutable numéro un. D’un Indurain qui finira immanquablement par décourager toute rébellion, ou sera aidé par les crevaisons de Tony Rominger. Vendredi, en amical, le Chili s’est essayé à bousculer la Roja, mais les hommes de Del Bosque sont parvenus à inverser la tendance, aidés par l’entrée d’un imparable Iniesta, et la chance du champion qui ne cesse de les accompagner (cf. le penalty heureux de Fabregas). Mardi, l’Espagne va composter son billet pour l’Euro en écrasant le Liechtenstein. Ce n’est pas une prophétie, juste une évidence.
L’Ecosse et la Belgique manquent encore la marche
Derrière les locomotives européennes, un wagon tente de suivre, chargé de doutes, mais aussi d’une multitude de talents individuels qui peinent à se coordonner. Italie, France, Portugal et Angleterre ont tous rempli leur mission, en ramenant les trois points de leurs déplacements plus ou moins exotiques, mais les inquiétudes restent vivaces. Le bilan mathématique le plus favorable appartient à l’Italie. Reste que la rénovation entamée par Cesare Prandelli n’est clairement pas achevée, comme le souligne cette pénible victoire chez les Féroé (1-0). Sur le chemin de la rédemption, les chiffres doivent être accompagnés d’un indiscutable changement d’attitude, pour croire en un réel renouveau. Celui que peine à faire envisager le Portugal. Malgré sa large victoire à Chypre, pour augurer aujourd’hui un grand Euro à la sélection de Paulo Bento, il faut se fier aux rutilants noms qui composent son onze, plutôt qu’à son fond de jeu. Même constat pour une France toujours aussi suffisante. Pour l’Angleterre, la belle victoire en Bulgarie (3-0), ne peut toutefois qu’être pondérée par le scepticisme que généra ses deux dernières mises en échec par la Suisse, et surtout, pat le Monténégro.
Pour les restes de l’Europe, l’amorce du virage final de la phase éliminatoire a été marqué par les nouvelles désillusions belges et écossais. Pimpants représentants du Vieux Continent lors des années 80 et une partie des 90, les deux modestes nations n’épargnent rien à leurs compatriotes depuis. Faute de talent, la Belgique a longtemps ramé à contre-sens. Avec le talent émergent des Hazard, Fellaini, ou Lukaku, la période de disette semblait cependant prendre fin. Mais quand l’on se prend les pieds dans le tapis en Azerbaïdjan (1-1) … La Turquie s’en frotte les mains. Pour l’Ecosse, une place de barragiste semblait envisageable en cas de victoire face à la République Tchèque. Trois points que Darren Feltcher et consorts ont cru tenir quand le Mancunien redonna l’avantage aux siens à la 82e minute. Mais l’arbitre en décida autrement en accordant aux visiteurs un pénalty pas vraiment indiscutable à la 90e, avant d’en refuser un aux écossais dans les arrêts de jeu. Si le cercle vertueux de la réussite existe, celui infernal de l’échec aussi.
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