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- Albanie/France
Le vrai retour des bannis
Après avoir fait profil bas, Franck Ribéry et Patrice Evra sont maintenant de retour, dans toute leur splendeur. Et le bal des egos semble un adversaire plus dangereux que l'Albanie pour les Bleus...
Revenu sur la pointe des claquettes en mars dernier, Franck Ribéry s’est d’abord fait petit histoire de se rabibocher avec tout un pays. Problème, sur le terrain aussi (contre le Luxembourg, le 25 mars dernier, puis la Biélorussie, le 3 juin), il a fait dans le genre discret. Sauf que sur le terrain, à l’inverse d’ailleurs, ce n’est pas ce qu’on lui demande ; c’est même plutôt le contraire. Reste que le sélectionneur le considère toujours, malgré les performances plutôt correctes de son remplaçant Loïc Rémy, comme un titulaire en puissance. Accélérateur de particules hors-pair quand il est en forme – même si l’expression “bête comme ses pieds” semble avoir été créée pour lui -, il est justement revenu à son niveau avec le Bayern Munich en ce début de saison. Il sera donc aligné au coup d’envoi. La décision de Lolo Blanc lui ayant visiblement donné la confiance, Ribéry en a profité pour quémander. Car Ti’Franck veut jouer à gauche, comme il l’aime et comme il ne se gène pas du tout pour le faire savoir.
Aussi, alors qu’il a fait toute sa carrière côté François Mitterrand, Florent Malouda est donc la victime collatérale du caprice, et sera aligné… bah, à droite. « On va dire que c’est pour la paix des ménages » a commenté l’intéressé. Une manière de laisser entendre que certains ont cédé aux exigences de Ti’Franck. Bon. Un ange passe. Tout de même étrange qu’un joueur réclame où jouer en Equipe de France. Plus encore quand le dit-joueur ne semble pas vraiment en position de faire le malin, ni de réclamer quoique ce soit au vu de ses dernières performances sous la marinière. Un ange repasse. Malouda continue : « Cela fait cinq ou six ans que l’on joue ensemble avec Franck et on en est toujours au même débat. Et personne ne trouve de réponse. Donc, si on s’acharne trop sur ce débat, on ne va pas en sortir » . Soit, alors sortons-en pour retrouver un autre “banni” définitivement de retour en Bleu : Patrice Evra.
Entre « quat’zyeux »
De son absence, Gaël Clichy n’a pas su profiter pour s’imposer au poste d’arrière gauche, à l’instar de Löic Rémy pour celle de Ribéry. Par manque de performance exceptionnelle et par manque de temps, surtout. Capitaine flamme en Afrique du Sud, Patrice a évidemment été déchu de son brassard mais non de son statut de titulaire. En conférence de presse, il l’a joué plutôt sec, renvoyant en guise de réponses des « je ne suis pas le capitaine » et autres « je ne suis pas le sélectionneur » . L’idée étant de bien faire comprendre que le temps de la grève était bien fini, qu’il ne décidait plus de rien, et qu’il était redevenu (un peu malgré lui sans doute) un joueur comme un autre. Heureusement, il s’est quand même fendu, au moment où on lui faisait remarquer que Laurent Blanc ne lui avait toujours pas trouvé de successeur en tant que capitaine, d’un rassurant : « Vous voyez qu’il n’est pas si facile de remplacer Evra ! On m’a bien tapé dessus, mais maintenant, on a du mal à me remplacer » . Et s’il n’existait pas, il faudrait l’inventer ?
Il faut dire que niveau réponse qui fuse, Samir Nasri avait bien lancé la semaine. Laurent Blanc ayant auparavant déclaré, en gros, qu’il attendait plus du néo-Citizen, Samir a répondu, par voie de presse interposée, évidemment, qu’il aurait préféré « que le sélectionneur lui dise certaines choses entre quat’zyeux » . Entre « quat’zyeux » , sérieusement ? Et « MDR » aussi non « ^_^ » ? Même à l’oral, Samir communiquerait en SMS…. Kikoo, lol ou pas, toujours est-il que de petites signes de tension apparaissent donc, ça et là, au sein du groupe France. Bon, ce n’est pas comme si c’était la première fois, et cette équipe a toujours fait avec. D’ailleurs, une victoire convaincante effacerait tout soupçon prématuré. Mais une défaite, voire un nul pourrave, ne ferait que renforcer l’impression que le ver est vraiment de retour dans le fruit. D’autant que l’Albanie n’est pas l’adversaire idéal pour fanfaronner ; elle n’a perdu qu’un seul de ses douze derniers matchs à domicile (contre la Slovénie le 9 mars) et pourrait bien donner du fil à retordre aux coqs. « Nous avons des joueurs capables d’imposer un gros impact physique mais nous pouvons aussi garder le ballon et jouer » , a ainsi expliqué son illustre capitaine, Lorik Cana. « L’idée, c’est d’essayer de ne pas trop laisser de temps à son adversaire pour développer son jeu. De lui mettre la pression » . Comme si l’équipe de France ne savait pas s’en mettre tout seul…
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