- Ligue 1
Le foot français en mode Premier League, mais pour faire quoi ?
Pour sortir de la crise, la FFF a présenté un plan que l’on n’avait pas vraiment vu venir ce lundi : un « projet de rupture » inspiré de la Premier League où les clubs seraient actionnaires de leur société commerciale. Ce qui leur donnerait plus de pouvoir de décision et allégerait la gouvernance du foot français, tout en rayant la LFP de la carte.

Des milliers de supporters (et pas que) rêvaient d’être débarrassés de Vincent Labrune. La FFF devrait exaucer leur vœu. Réélu en septembre dernier, jusqu’en 2028, le très critiqué président de la Ligue de football professionnel a pu compter sur les présidents des clubs pour entamer un deuxième mandat. Il pourrait cependant prendre fin dans un an, plus tôt que prévu, en même temps que la LFP. Philippe Diallo a présenté ce lundi les contours d’une nouvelle gouvernance du football professionnel français, afin que l’Hexagone reparte enfin de l’avant. Pour la FFF, l’avenir se dessine plutôt sur un modèle inspiré de la Premier League. Et la LFP ne fait pas partie de la solution.
Pas mal non ? C’est anglais
Reconnaissant une crise « majeure et structurelle », le président de la FFF a dévoilé « un projet de rupture » après deux mois et demi de réflexion et de consultation. « Je souhaite la création d’une société commerciale de clubs liée directement à la Fédération, explique-t-il. On va passer d’une association loi 1901 à une société commerciale. » Les clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 en seront actionnaires, comme CVC (on ne peut pas tout avoir). Ils auront donc la responsabilité de tous les sujets liés à la valorisation du championnat et à l’organisation des compétitions. « La direction sera assurée par un directoire à la tête duquel il y aura un CEO recruté par les clubs, salarié et révocable » à tout moment, précise Diallo.
Le modèle est assumé, « c’est une sorte de Premier League à la française », où la FFF tient à ce que « les spécificités sportives et culturelles de la France soient conservées ». En Angleterre, les 20 clubs de PL ont une voix au sein de cette société et toutes les décisions sont prises à condition de recevoir l’aval de deux tiers des actionnaires. Elle fonctionne avec un directeur exécutif et un bureau chargés de faire tourner la machine. Le système a parfois été critiqué, par exemple pour son manque de transparence, lorsque la PL avait refusé de donner son accord au rachat de Newcastle en 2020. Néanmoins, la santé sportive et économique du football anglais depuis la création de cette société a de quoi faire rêver.
Révolution dans le football français, vers une disparition de la LFP ! Marie Barscq, Ministre des Sports : "Les crises majeures amènent souvent des grandes décisions et des reformes d'envergure"#EDG pic.twitter.com/5NzkueChmj
— L'ÉQUIPE de Greg (@lequipedegreg) May 12, 2025
Les clubs face à leurs responsabilités
Comme en Angleterre, la Fédération sera impliquée puisqu’elle garantira l’intérêt général via « un droit de veto, par exemple sur le format de la compétition, le nombre de montées et de descentes ». Le message est clair : les clubs pourront prendre leur destin en main, et la FFF veillera à ce qu’ils ne fassent pas n’importe quoi. La fédé récupérera au passage des compétences comme celles liées à la DNCG ou à la commission de discipline. Au taquet, Diallo a également lancé des idées comme le plafonnement de la masse salariale et la limitation des effectifs, pour assainir les finances des clubs, ou encore un nouveau système de répartition des droits TV, un peu plus généreux avec les « petits ». Le calendrier est favorable puisqu’une proposition de loi relative à l’organisation, à la gestion et au financement du sport professionnel sera étudiée en juin, à la suite du rapport au vitriol sur la financiarisation du football français. Une nouvelle loi pourrait permettre de mettre ce nouveau modèle de gouvernance sur les rails, pour l’appliquer à partir de la saison 2026-2027.
Au micro de la chaîne L’Équipe, la ministre des Sports Marie Barsacq a applaudi des deux mains ce projet « porté par l’ensemble des clubs français », qui ont « tous participé, discuté, dialogué » au sein des groupes de travail lancés le 3 mars dernier. La ministre voit ici un modèle qui offrira un plus grand pouvoir de décision au club et qui permettra de « donner confiance à de nouveaux investisseurs pour le football français ». Le football français tient l’opportunité de tourner la page de la LFP, de se débarrasser de ses coûts de fonctionnement exorbitants, et de se réinventer. On a envie d’y croire, mais le cadre ne fera pas tout. Encore faudrait-il que les clubs fassent preuve d’intelligence et de compétence au moment de prendre des décisions stratégiques. Ce qui n’a rien d’une évidence.
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