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Le foot amateur face à l’épidémie de coronavirus en France

Par Clément Gavard
Le foot amateur face à l’épidémie de coronavirus en France

Dans l'ombre du monde professionnel, comme toujours, le foot amateur n'échappera pas aux conséquences négatives de l'épidémie de coronavirus. En France, les clubs attendent encore de savoir comment se terminera la saison, sans trop espérer un retour à la normale dans les prochaines semaines. Et surtout, ils se préparent à vivre des mois délicats, conscients que leur fonctionnement sportif, économique et social risque d'être chamboulé.

C’est un monde souvent délaissé, parfois même oublié, qui s’inquiète dans l’ombre des sorties médiatiques de Jean-Michel Aulas et des nombreuses interrogations autour de l’avenir des compétitions qui rythment nos vie de passionnés. En France, le foot amateur (plus de 15 000 clubs, près de 2,2 millions de licenciés) est dans le doute. Dans la peur de l’après, des lendemains de cette crise sanitaire planétaire. « Il faut quand même dire que tout devient dérisoire dans une telle situation, surtout quand on se rend compte que ça n’arrive pas qu’aux autres, tempère Marc Dubois, opérateur de maisons de retraite et président de Sedan (N2), un club situé dans la région la plus touchée par le Covid-19 en France. Ça permet de pondérer, de voir les choses vraiment différemment. » Mais après la compassion et le respect, il y a cette réalité qui rattrape les clubs français, professionnels comme amateurs, confrontés à une situation inédite et mis au repos forcé depuis mi-mars. En N1 comme dans les obscures divisions départementales, il faut déjà réfléchir à la suite, explorer toutes les possibilités, et peut-être aussi accepter qu’il faudra du temps à certains clubs pour se relever.

Le spectre de la saison blanche

Attendre. Depuis une quinzaine de jours, c’est le quotidien des dirigeants de clubs amateurs, qui ne savent toujours pas si les championnats pourront reprendre à la sortie du confinement dont la date demeure inconnue. Dans les coulisses, les instances enchaînent les réunions pour trouver des solutions, laissant les ligues régionales s’occuper de la communication. « On ne sait pas du tout quelle décision va prendre la FFF, assure Jacques Piriou, président de l’US Concarneau (N1). On recule chaque jour la date de reprise. On a reçu un mail en début de semaine pour nous dire qu’il n’y aurait pas de matchs avant le 3 mai. On est dans l’inconnu. » En Angleterre, la FA n’a pas perdu de temps, annonçant l’arrêt définitif des championnats amateurs la semaine dernière et tranchant en faveur d’une saison blanche. Dans l’Hexagone, plusieurs fédérations sportives (basket, handball, volley) ont également anticipé la suite de la crise en statuant sur leurs championnats amateurs ces derniers jours. Résultat, la saison est terminée pour tout le monde. « Seul le foot tarde, s’agace Cédric Guilloso, président du Melun FC (R2). Il faut que la Fédé arrête de jouer avec tout le monde : on ferme les stades, on arrête tout et on se donne rendez-vous à la rentrée. »

Reste à savoir quelle voie emprunter en cas de reprise impossible : la saison blanche, l’arrêt des classements à l’instant T ou bien figer l’exercice 2019-2020 à l’issue de la phase aller. Les solutions sont multiples, mais aucune ne pourra jamais faire l’unanimité. « On a deux équipes relégables, donc si c’est saison blanche, tant mieux pour nous, présente le boss du Melun FC. Mais je ne trouve pas ça logique pour l’équipe qui a joué le haut de tableau toute la saison. C’est un investissement financier pour un club amateur et j’aurais mal vécu d’avoir investi des dizaines de milliers d’euros pour une saison blanche. Je pense qu’il faut faciliter la montée aux champions, sans titre honorifique, sans faire de descentes. »

Au sein de chaque division, les candidats à la montée se rongent justement les ongles à l’idée de se faire sucrer une promotion. « On a une seule préoccupation, c’est la possibilité d’une saison blanche, confirme Didier Magen, entraîneur de l’US Noyal-Châtillon, leader de sa poule de D2 avec quinze unités d’avance sur le troisième. On ne veut pas s’être cassé la tête à avoir bossé comme des fous pendant la saison pour rester en D2. » Du côté de Sedan, c’est le même son de cloche. Passé 2e de son groupe de N2 derrière Bastia après trois matchs consécutifs sans gagner, le club ardennais craint de passer à côté d’un retour au troisième échelon français après une première partie de saison exceptionnelle. « Je suis un légaliste, je pense qu’arrêter le classement à l’instant T n’est pas juridiquement correct, précise Marc Dubois. Une solution plus équitable, c’est de se baser sur le classement à la fin de la phase aller. J’essaie de réfléchir en faisant abstraction de notre situation, même si je sais que ça nous serait favorable. » Avant d’insister : « Une saison blanche serait une catastrophe absolue. Ce serait un très mauvais signal auprès de tous les financeurs, privés ou publics. C’est la pire des solutions. » Au moins un point sur lequel ils pourront se retrouver avec les dirigeants corses.

Le nerf de la guerre

En bas de l’échelle, les fortunes sont diverses. Si Noyal-Châtillon (D2) n’est pas inquiet pour ses finances, d’autres clubs ont peur de ne pas pouvoir repartir la saison prochaine. C’est le cas de l’Olympique Mallemortais (D2), dans les Bouches-du-Rhône, qui craint une perte de licenciés et de bénévoles à la sortie de la crise sanitaire. « On était déjà dans le flou pour la saison prochaine sachant que la mairie n’est pas trop là pour nous aider, donc j’attends de réunir le bureau pour savoir ce qu’on fait, déplore le président Patrice Prestat. Le club est en danger, il faut le dire. J’ai peur qu’il n’y ait pas de relève à notre bureau si on ne se représente pas. On va aussi peut-être perdre des éducateurs, je suis perdu. » Une inquiétude partagée par Cédric Guilloso (Melun, R2) : « Beaucoup d’éducateurs sont rémunérés au défraiement, mais personne n’en parle. J’ai des éducateurs qui m’ont demandé s’ils allaient avoir un versement financier, mais au-delà du 15 mars, je ne peux plus m’engager. Comment va-t-on les rémunérer si tout s’arrête maintenant ? Ça va être un bordel pas possible. »

Malgré la buvette fermée, le loto annulé et les stages reportés, l’US Noyal-Châtillon n’est pas inquiète pour ses finances.

Le dirigeant melunais a déjà fait ses calculs : le club seine-et-marnais va perdre près de 15 000 euros, entre les promesses de don de sponsoring qui vont tomber à l’eau, et l’annulation des événements programmés au printemps place de la motte aux Cailles. « Quand je vois des clubs comme Marseille, Monaco, le Barça, la Juve, qui passent en chômage partiel, ça fait peur, ajoute Cédric. Je ne suis pas inquiet pour mon club, on a une structure solide, mais pour ceux aux niveaux N1, N2, N3, qui ont des joueurs sous contrat, je ne suis pas rassuré. » Les principaux intéressés peuvent confirmer l’angoisse. « Il ne faut pas oublier qu’on n’est pas vraiment des amateurs économiquement », rappelle le Sedanais Marc Dubois, avant de développer les problématiques rencontrées par ces clubs qui fonctionnent comme des semi-professionnels. « Les entreprises vont avoir une perte considérable de leur chiffre d’affaires, et ce sont parfois nos sponsors, ça va forcément avoir un impact, explique-t-il. Il va y avoir des retraits, des minorations de partenariat, c’est indiscutable. À Sedan, la majorité de la contribution à l’équilibre, c’est l’actionnaire. Mais un actionnaire peut aussi être confronté à une baisse de son activité… »

Au niveau au-dessus, les clubs de National 1 enchaînent les conf call pour se conseiller, se rassurer et se tenir au courant des derniers dossiers. Jacques Piriou, le président de Concarneau, n’est pas optimiste pour la suite : « Le problème de la N1, c’est qu’on a le cul entre deux chaises. On est considérés comme des pros d’un côté, mais on reste des amateurs de l’autre. On va être les grands perdants de cette crise. Ça ne sera plus jamais comme avant, c’est clair. Au moment de redémarrer une saison, on n’aura pas les mêmes appuis financiers des entreprises et des collectivités, j’en suis persuadé. Les budgets vont être rabotés, les masses salariales aussi. Les approches vont changer. » Le foot aussi, tout le monde (ou presque) s’est déjà rendu à l’évidence. À commencer par Cédric Guilloso, qui reste convaincu que « ça peut exploser dans tous les sens » dans les prochains mois. Dans le mauvais sens ? Pas sûr, le président melunais préfère penser que cette période pourrait aussi être bénéfique : « Je pense que ça peut remettre les choses en place. Le foot amateur se calque trop sur le monde professionnel, il y avait trop d’abus, trop de mouvements chez les joueurs. Les clubs qui donnent des salaires fixes(une pratique abandonnée par Melun depuis quatre ans, N.D.L.R.) vont peut-être réfléchir autrement. » Comme quoi, la crise peut avoir des bons côtés.

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Par Clément Gavard

Tous propos recueillis par CG

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