- Amical
- Catalogne/Argentine
«La Seleccio est une équipe, pas un parti»
Elu président de la fédération catalane de football en juin dernier, Jordi Casals I Vilalta aborde l'avenir de la Seleccio à quelques heures du match amical contre l'Argentine, sous les ordres de Maître Cruyff...
Comment voyez-vous le match contre les Argentins?
Je ne le vois pas comme une fête. Ca va être un combat. Il faut absoulemnt qu’on gagne pour l’anniversaire des 650 ans de la création de la nation catalane. C’est notre honneur qui est en jeu.
Quels sont les objectifs de la sélection autonome catalane ?
L’objectif de notre fédération, c’est de faire connaitre la séleccio au niveau international. La notoriété c’est important dans le football ; notre travail c’est de faire la promotion d’une sélection qui n’est malheureusement pas encore reconnue par la FIFA, mais qui a le niveau pour participer à une phase finale de Coupe du Monde. Les catalans sont des joueurs phares dans leurs clubs et Xavi, Puyol, Fabregas sont des piliers de la sélection espagnole…Contre l’Argentine, il faudra gagner. C’est une question de prestige, et en plus d’être un match de gala, ce sera le premier trophée international de Catalogne avec Johan Cruyff pour ses grands débuts avec nous.
Le fait d’avoir choisi Cruyff en tant que séléctionneur c’est un énorme coup marketing…
Il y a un peu de ça mais pas seulement. Il a du charisme, il est extrêmement doué, il était libre et en plus il travaille bénévolement pour nous (en fait, la fédération verse de l’argent à la fondation Cruyff, ndlr). Il a changé profondément la philosophie du Barça et il connait parfaitement le sentiment patriotique qui anime tous les catalans. C’était l’homme parfait pour entamer un nouveau projet sportif.
Beaucoup voient la Seleccio comme un instrument politique. Ca vous inspire quoi ?
La Seleccio est une équipe de football pas un parti… Le jour où la Catalogne obtiendra son indépendance, la FIFA nous reconnaitra et nous pourrons disputer des matchs officiels tout comme la sélection espagnole, mais pour l’instant ce n’est pas le cas. Après, si la Seleccio peut aider à ce que le rêve de beaucoup de catalans devienne réalité c’est tant mieux. Mais je le répète, nous faisons dans le sportif pas dans la politique.
Vous croyez vraiment à une reconnaissance officielle de la fédération catalane ?
Aujourd’hui, c’est impossible mais dans quelques années je pense que nous y arriverons. Il faudra du temps pour qu’on participe à une compétition officielle, mais ça se fera tôt ou tard. J’en suis convaincu.
Récemment il y a eu un référendum non officiel pour l’indépendance catalane (vote organisé par les partis nationalistes catalans. Joan Laporta, le président du Barça, a largement contribué à ce qu’il se tienne). Vous y avez participé personnellement ?
Non, car aucun bureau de vote n’avait été prévu là où j’habite. Si j’avais pu le faire, j’aurais voté pour l’indépendance de la Catalogne. Le jour où un tel referendum sera officiel je voterai également dans ce sens là, pas seulement pour l’avenir de la Seleccio, mais surtout pour l’amélioration de la qualité de vie de tous les catalans.
Est-ce que des joueurs vous ont déjà dit qu’ils seraient prêts à refuser la sélection espagnole si la Catalogne était reconnue un jour pour la FIFA ?
C’est difficile de répondre à ça…C’est une question très personnelle. Eux seuls peuvent répondre. J’espère qu’ils se manifesteront en temps voulu, mais aujourd’hui c’est trop tôt. Ils pourraient se mettre une pression énorme sur les épaules…Le seul qui a clairement annoncé publiquement qu’il jouerait pour nous plutôt que pour l’Espagne c’est Oleguer ( l’ancien Blaugrana, aujourd’hui à l’Ajax, avait refusé une sélection du temps où Aragones était à la tête de la Roja, ndlr) mais à part lui il n’y en a pas d’autre à ma connaissance…
Quelles sont vos relations avec la fédération espagnole de football ?
Elles sont excellentes. Je connais parfaitement Villar (président de la RFEF) et on s’apprécie mutuellement. Du moment qu’on parle de football et de sport, pourquoi devrait-il y avoir des problèmes ?
Wenger a refusé la participation de Cesc Fabregas pour le match contre l’Argentine en prétextant que le match n’était pas reconnu par la FIFA. Ca vous inspire quoi ?
Il est dans son droit et je respecte sa décision. Fabregas voulait venir, mais c’est un joueur important pour Arsenal et Wenger voulait le protéger. Les joueurs n’ont aucune obligation de venir et nous ne pouvons pas empêcher les clubs de retenir les joueurs, c’est la raison pour laquelle je remercie tous les joueurs qui viennent jouer pour nous. Les saisons sont de plus en plus longues, mais ils répondent toujours à l’appel.
Comment est-ce que vous faites pour jouer toujours contre des sélections du calibre du Brésil ou cette fois-ci de l’Argentine ?
Vu qu’on a un match par an, nous prenons notre temps pour négocier avec les sélections les plus fortes du monde. Jouer contre des petites sélections ça n’aurait aucun intérêt…Avec la fédération argentine tout s’est fait très vite. J’ai d’excellentes relations avec Julio Grondona, ce qui a permis de tomber rapidement d’accord. La difficulté c’est de fixer une date, après les autres termes du contrat ça va très vite.
Jouer contre l’Argentine ou le Brésil en amical, ça coute combien ?
C’est cher, très cher même, mais c’est rentable en termes de billetterie, d’images, et de droits télévisions…Je ne vous dirai pas le prix car c’est quelque chose de très personnel. Moi, je ne vous demande pas combien vous touchez par exemple, non ?
Joan Laporta est un nationaliste convaincu. Quelles sont vos relations avec lui et le Barça ?
Joan est un hyperactif qui aime sa patrie et le Barça représente l’équipe de toute une nation, quand la Seleccio ne joue pas. Nous avons une relation privilégiée avec le Barça mais aussi avec l’Espanyol Barcelone. Ce sont les deux plus grands clubs de notre région et leur rayonnement au niveau international est fondamental pour la fédération catalane de football.
Par