- CM 2010
- Eire-France
La France à la Trap’ ?
Pour certains spécialistes (Larqué, Pires), les Bleus avaient davantage à craindre d'un barrage face à l'Ukraine ou la Bosnie que face à la République d'Irlande. Mouais, c'est mal connaître le parcours des coéquipiers de Robbie Keane, métamorphosés depuis la nomination de Giovanni Trapattoni au poste de sélectionneur.
Premier constat, à la différence de la France, l’Irlande est invaincue dans son groupe de qualification. Il y a dix jours, elle est même passée tout près d’un exploit retentissant : faire tomber l’Italie, championne du Monde en titre. Il s’en est fallu de peu, mais les Transalpins, qui ne méritaient pas vraiment de perdre, ont réussi à arracher le nul (2-2) dans les arrêts de jeu par l’intermédiaire de Gilardino. Un nul qui finalement satisfaisait tout le monde puisqu’il était à la fois synonyme de qualification pour les Italiens et de barrage pour les Irlandais. Même si un succès ne lui aurait pas suffi pour prendre la tête du groupe 8, cette rencontre face aux champions du Monde l’a au moins renforcée dans ses certitudes : l’Irlande tient le bon bout.
L’Eire n’est peut-être pas le plus fort des adversaires qui se présentaient à l’Equipe de France, mais elle est assurément le plus chiant. Au fond du trou il y a deux ans, elle est à l’image de l’Angleterre avec Capello, devenue absolument injouable depuis qu’elle est coachée par Trapattoni. L’ancien mister de la Juve a bonifié le légendaire fighting spirit des Boys in Green pour l’associer à un bon vieux catenaccio des familles. Pas vraiment besoin de superviser l’Irlande pour savoir comment elle joue : 4-5-1 articulé devant Shay Given, actuellement et depuis un moment déjà le meilleur gardien britannique. L’Irlande joue comme une équipe italienne des années 80 : un bloc compact, des victoires exclusivement par un seul but d’écart, même contre des adversaires comme Chypre ou la Géorgie, et des buts dans le dernier quart d’heure. Qu’elle ne soit pas très à l’aise pour faire le jeu n’a finalement pas vraiment d’importance, même face à une nation comme la France.
Ses atouts ? On l’a dit, une énorme solid(ar)ité défensive, mais pas que. Si elle compte dans ses rangs plusieurs valeurs sûres de Premier League (O’Shea, Duff), son joyau joue en Écosse, au Celtic Glasgow : Aiden Mc Geady, ailier de poche de 23 ans, à qui il ne manque que la constance pour rejoindre à terme une locomotive de Premiership. Et dire que son meilleur joueur, le bien nommé Stephen Ireland, refuse de porter le maillot de la sélection depuis septembre 2007…
Bon, soyons clair, la bande à Domenech compte indéniablement davantage de talents et n’a à craindre de personne, pas même du Brésil. Sauf qu’à la différence des Bleus, les Irish Boyz sont déjà bien rodés. Comme d’autres adversaires soi-disant inférieurs l’ont fait avant elle, l’Irlande est tout à fait capable de bétonner pour venir chercher le 0-0 au Stade de France. Suffisant pour faire du déplacement des Bleus à Croke Park un enfer, qui plus est au mois de novembre avec une météo de saison. Une rencontre qu’on imagine déjà dans une ambiance de feu au cours de laquelle chaque corner pourrait s’apparenter à un coup franc aux 16 mètres. En résumé, ce barrage face à l’Irlande est bien moins aisé qu’il n’y paraît et pourrait ressembler à une longue parie d’échec. Ou un duel de tacticiens. Pas sûr que dans ce cas l’Irlande soit la plus mal lotie.
Article paru le 13 octobre 2009 sur sofoot.com
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