Jol : A History of Spurs
Londres, ton univers impitoyable. Après José Mourinho, c'est donc au tour du patibulaire Martin Jol d'être démis de ses fonctions après une ultime, et d'autant plus humiliante, défaite face à Getafe. Fin du match et épilogue d'une histoire pas Jolie, Jolie.
L’histoire se finit comme elle avait commencé. Novembre 2004, Martin Jol s’assoit pour la première fois à domicile, sur le banc de Tottenham pour la réception d’Arsenal. Défaite 5-4. Une poignée de jours auparavant, il avait déjà chuté pour son entrée en matière, succédant au bilan tout pourri de Jacques Santini, à Charlton. Jeudi 25 octobre 2007, Getafe s’impose également à White Hart Lane, 2-1 pour le compte de la coupe UEFA. La deuxième déconvenue de la semaine, après le 3-1 encaissé à Newcastle lundi après-midi, est fatale au Hollandais. À quelques aurores près, il ne rejoindra pas Terry Venables, seul entraîneur des Spurs à avoir dirigé l’entraînement plus de trois ans ces deux dernières décennies.
19e minute, Jermaine Defoe décroise une tête. Aucune réaction usuelle entre l’entraîneur et son adjoint sur le banc londonien, pas un petit poing serré, pas même un pouce levé de sa part envers le buteur. Une impassibilité qui contraste avec la joie de Defoe, accolé à Zokora. Comme s’il savait déjà que les Espagnols renverseraient forcément la partie, profitant d’une défense en journées portes ouvertes depuis le début de la saison. Exploitant les faiblesses d’une équipe qui évoluait finalement sans passion, sans fluidité, sans envie et surtout, sans son coach.
Chez les supporters, critiques et reproches ne vont pas nécessairement à l’encontre du gros Martin, loué pour sa loyauté et son courage au sein du club, mais abandonné depuis cet été par ses joueurs et ses dirigeants. Une direction qui avait déjà pris la décision pendant les vacances d’enrôler Juande Ramos, double vainqueur de la C3. L’ancien tacticien de Séville, qui aura la lourde tâche d’emmener Tottenham en Champions League avant 2010 sous peine d’être également étêté sur la place publique. Pour la petite histoire, c’est après une lointaine victoire sur Derby 4-0 que les médias firent état de rendez-vous clandestins entre la direction et le désormais nouvel homme fort des Blancs.
Car le Néerlandais paye surtout l’échec d’une politique dont la fin n’a pas justifié les moyens. 150 millions d’euros de transferts, un papier séduisant avec Chimbonda, Kaboul, Lennon, Malbranque, Berbatov, Defoe, et autre Keane sur la feuille de match, pour deux places de 5e chatouillant à peine le Big Four, des parcours honorables mais sans éclats en coupes…Bref, trois ans plus tard, Tottenham n’a pas donné l’impression d’avoir avancé. Pire, reflétant dorénavant celle de reculer, végétant actuellement au troisième étage en partant de la cave de la Premier League. Mais Big Martin ne se démonte pas, posant une simple question : « Où étaient les Spurs avant moi » ?
Après avoir palpé le fond, Jol pensait pourtant la rédemption possible au coup de sifflet final d’une partie de baby foot contre Aston Villa, au début du mois. Menées 4-1, ses troupes revinrent à 4-4. Puis, ce fût la démission collective, la spirale négative, des joueurs qui sombrent, le seul Kaboul, cocorico, sortant de temps à autre la tête de l’eau.
Juande Ramos, lauréat du prix Miguel Munoz du meilleur entraîneur de Liga l’an dernier, rejoint donc Rafael Benitez dans les jardins d’Angleterre pour 4,5 millions de livres par an. Et avec une réputation quasi-divine outre-Manche où les médias locaux voient en lui « un mix entre Arsène, José et Sir Alex » . Wenger pour le jeu d’attaque, Mourinho pour sa gestion des “stars” et Ferguson pour son intransigeance. Le genre d’expectative qui ne vous laisse pas réellement le droit à l’erreur.
Martin Jol, lui, ne verra certes pas son nom sur le plateau de jeu du Monopoly officiel de Tottenham, car prié de quitter la partie. Mais en passant par la case départ pour toucher une indemnité avoisinant les 6 millions d’euros.
Pierre Maturana
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