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ACTU MERCATO

Javi Martinez file à l’allemande

Par Ali Farhat et Pablo Garcia-Fons
Javi Martinez file à l’allemande

Le suspense devenait lourd. Après des semaines de tractations, le feuilleton rocambolesque de l'été touche à sa fin : Javi Martínez quitte enfin l'Athletic Bilbao pour s'engager avec le Bayern Munich. Montant de l'opération : 40 millions d'euros, cash. Le transfert le plus cher de l'histoire de la Bundesliga.

On peut tout dire sur Bild: que le contenu est naze, racoleur (normal, pour un tabloïd), écrit dans un allemand relativement simple avec des titres à la police démesurée pour toucher (choquer?) un maximum de gens. Oui, ce journal que l’on pourrait qualifier de populiste, misogyne, homophobe, proche du Vatican, incendiaire, devenu l’organe de presse préféré du Bayern (enfin, celui de Uli Hoeness) n’a peut être qu’une qualité, c’est d’être toujours aux premières loges pour les scoops. Les Bild-Reporters sont partout. C’est ainsi qu’Alfred Draxler, « dans la matrice » depuis 1978, avait sorti le 15 août en fin d’après-midi une information cruciale pour l’édition 12/13 de la Bundesliga: l’arrivée imminente de Javi Martínez, le crack de l’Athletic Bilbao, au Bayern Munich. Bild et Aldred Draxler ne s’étaient pas trompés…
Opération commando
Après 40 jours de spéculations, de rumeurs, de déclarations, de démentis, de coups de pression et surtout d’attente, le dossier Javi Martínez s’est soudain emballé la nuit dernière. Pour terminer en beauté le feuilleton de l’été, le scénario a été préparé aux petits oignons. Après un court entraînement à Lezama, sans en informer ses dirigeants, tel un agent secret ou une rock star, le petit Basque s’engouffre dans une grande berline noire direction l’aéroport de Bilbao où l’attend un avion privé affrété spécialement par le club bavarois. Malgré l’heure tardive d’arrivée en Allemagne, Javi Martínez est attendu par une nuée de photographes et de journalistes. Rebelote, berline noire, arrivée au siège du Bayern. L’Ibère sort, protégé de la pluie et des flashs par un grand parapluie. Flanqué de sa conseillère Margarita Garay et de deux autres acolytes, il pénètre rapidement dans le bâtiment vitré où il a rendez-vous avec Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, médecin du Bayern, pour passer les examens médicaux préalables à sa signature. Il est précisément 3h42 du matin quand la vedette quitte les locaux des vice-champions d’Europe. Après une courte nuit, l’escouade reprend l’avion, direction l’aéroport de Torrejón, puis le siège de la LFP espagnole pour aller déposer le précieux chèque de 40 millions d’euros, montant de la clause libératoire du joueur. A cette heure précise, Javi Martínez n’est officiellement plus un joueur de Bilbao. Cette dernière formalité administrative passée, le Bayern peut jubiler, il tient sa recrue phare. De son côté, l’Athletic n’a plus que les yeux pour pleurer.
Martinez flingue la fermeté de Bilbao
Avant l’accélération des dernières heures, l’opération semblait pourtant avoir du plomb dans l’aile. Il y a quelques jours, Antonio Sanz niait encore tout en bloc. « C’est un mensonge complet, il n’y a pas de négociation entre les deux équipes tout simplement parce que l’Athletic Bilbao n’a pas envie de négocier. […] Je n’ai jamais entendu que le Bayern avait mis 40 millions d’euros sur la table. Javi Martínez jouera à l’Athletic Bilbao cette saison » , avait ainsi assuré l’agent du joueur au journal Tz pour éteindre l’incendie allumé par Bild. Mouais… Sanz doit être dur de la feuille. A moins qu’il n’ait tout simplement été mis de côté pour gagner du temps. Il faut dire que tout est allé tellement vite que personne n’y a cru, sauf les dirigeants bavarois. En effet, les négociations étaient encore au point mort il y a quelques jours. Du côté de Bilbao, le disque était rayé: « 40 millions, 40 millions, 40 millions… » . Trop cher. « Indécent » , même, pour l’entraîneur du Bayern Jupp Heynckes. C’était sans compter sur la volonté du joueur. Lui voulait venir. Bien sûr, Bilbao, c’est la famille, la maison. Mais à force d’entendre son nom à gauche à droite, le petit (1m90) a fini par s’imaginer chez les grands, quitte à se faire traiter de « bâtard » , de « traître » et de « mercenaire » pendant deux semaines.
Une folie bavaroise tout à fait calculée
Le joueur était donc chaud. Restait cependant à convaincre le club. Un bordel sans nom. « 40 millions, 40 millions… » . Oui, ça va, on a compris. Face à la rigidité (pour ne pas dire l’entêtement) des dirigeants de Bilbao, Uli Hoeness a beau gueuler, il n’a pas vraiment le choix, il faut aligner les mallettes de billets violets ou rentrer bredouille. C’est maintenant chose faite. Mais là encore, des explications sont nécessaires. Grosso modo, le Bayern offrait 30 millions, maximum. Javi Martínez était tellement bouillant pour venir qu’il a préféré renoncer à deux millions de salaire annuel sur ce que lui proposait le Bayern. Étant donné que les Bavarois lui offraient un contrat de cinq ans, ça faisait une économie de dix millions d’euros sur le salaire. Du coup, Hoeness, Sammer et compagnie avaient de la tune supplémentaire à « investir » , et boum, voilà les 40 millions d’euros sont sur la table. Voilà aussi comment le Bayern recrute un jeune Espagnol de bientôt 24 ans, qui peut jouer aussi bien milieu défensif que défenseur central. Bref, ce n’est pas un hasard si Javi Martínez a signé dans un club qui a pour plus grand joueur un certain Franz Beckenbauer et un directeur sportif qui s’appelle Matthias Sammer.
A peine signé que les mauvaises langues se délient déjà : 40 millions, le plus gros transfert de la Bundesliga, c’est une folie ! Un peu de calme. Pour commencer, l’argent que les Bavarois ont viré sur le compte des Basques, c’est du « vrai argent » , pas des obligations sur trois ou cinq ans. Peu de grands clubs peuvent en dire/faire autant. Ensuite, oui, c’est le plus gros transfert de Bundesliga. Si l’on prend juste les dix dernières années, ce fut le cas avec Roy Makaay (saison 03/04), Franck Ribéry (07/08) et Mario Gómez (09/10). Et alors ? Uli Hoeness n’a pas pour habitude de jeter sa maille par les fenêtres. S’il investit autant sur le jeune Espagnol, c’est pour récupérer son bien, le saladier de champion. Quand Stuttgart a remporté le championnat en 2007, Ribéry est arrivé pour 25 millions, le Bayern a fini champion l’année suivante. Quand Wolfsburg a remporté le championnat en 2009, Gómez est arrivé pour 30 millions (et Robben pour 24), le Bayern a fini champion l’année suivante. Alors avec un Javi Martínez à 40 millions, ça devrait le faire. Surtout que le dernier Basque qui est passé par la Bavière a laissé un excellent souvenir : il s’appelle Bixente Lizarazu.

Par Ali Farhat et Pablo Garcia-Fons

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