Irlande : Rendez-nous les Pogues !

Rappel : « Nos chansons d’amour sont tristes mais nos chants de guerre sont joyeux » . Proverbe irlandais. Les Irlandais sont lyriques dans le combat et la lose. C’est même pour ça qu’ils ont inventé la Guinness : pour noyer dans le jus de houblon épais et noir leurs peines épaisses et noires. Putain de Trapattoni ( la “trappe à Toni” ?) qui leur a enseigné comment “jouer en place”, comment rester prudents, comment construire, comment il faut se méfier des Français, alors que ceux-ci apeurés s’étaient laissés intoxiquer par les “redoutables” Irlandais et la “redoutable” ambiance de Croke Park. Il suffisait de les prendre à la gorge, les Frenchies : même les Féroé ont essayé ! Le bilan du Trap en éliminatoires aurait dû mettre la puce à l’oreille : 8 matchs, 4 victoires, 4 nuls mais zéro défaite. Zéro défaite, c’est pas l’Irlande, ça. C’est contre culturel, c’est du management importé, c’est vouloir civiliser “à la continentale” l’âme warrior d’insulaires enragés. Résultat : une petite défaite triste avec le plus humiliant des scores (0-1) : a fucking disgrace… Tout sauf ça ! Trapattoni a humilié l’Irlande avec une petite défaite honorable. Y avait rien qu’à voir le pauvre triste tour d’honneur des joueurs verts auprès de leur public après la défaite. Un sentiment de dépossession culturelle, d’avoir perdu sans avoir laissé éclater son lyrisme flamboyant : une bonne taule 1-4 et c’était la dignité retrouvée. Honte à Trapattoni et à ceux qui sont allés le chercher ! Bordel ! Un catho italien + 11 cathos irlandais, c’est une équation impossible avec ces paramètres qui s’annulent d’eux-mêmes. C’était déjà de la redondance. Le catho Capello joue avec 11 Anglicans : c’est pour ça que ça marche (jusqu’à présent…).

L’Irlande du Trap, samedi soir, c’était comme entendre les Corrs, l’horrible quatuor pseudo-irish de ces 15 dernières années. Les Corrs, leur seul truc irlandais, c’est l’abruti guitariste et binoclard qui chaperonne sharp ses trois frangines violonistes, genre : « Tu baises une de mes sœurs : tu l’épouses ou j’te tue ! » . Sinon, musique atroce pour accompagner la classe moyenne naissante du Miracle économique irlandais. Musique clean avec violonnades pour faire “celte”. Clips d’agences de voyages avec irlanderies kitsch. Beurrrrrrk ! De la daube immonde et fade pour coller à la “nouvelle Irlande”, nouvellement européenne et qui se la joue continentale et enfin civilisée. Et encore ! Si y’avait que les Corrs… Mais, non ! Y’a aussi les ploucs de Cranberries et les démonstrateurs-colporteurs-baratineurs de Muse ! Euh, non !… Muse est anglais. Pas grave : c’est relou quand même. Et U2 ? Naaaaaan ! U2 n’est plus irlandais. U2 est un trust américain fiscalisé à Amsterdam ! Trappatoni et les Corrs, c’est du pareil au même : de la prétention, de l’acculturation pour faire “Grand Marché Européen” du Nord au Sud. Beurrrrrrrrk… C’est pas ça l’Irlande.

L’Irlande, c’est Thin Lizzy, Boomtown Rats, The Smiths, Johnny Rotten, Rory Gallagher, Oasis des débuts (avant qu’ils ne deviennent parvenus) ou les Pogues ( « Pogue mahone » : « Baise mon cul » en irish slang). De la pure lose flamboyante avant la mort, le split ou la folie ! Tout pour l’attaque ! No pity ! No mercy ! No quarters ! No prisonners ! Même quand Shane Mc Gowan (chanteur des Pogues) se faisait porter pâle avant une tournée, c’est Joe Strummer qui rentrait en jeu : il prenait la place de Shane et dégommait l’adversaire à coups de « I fought the law » ( « …and the Law won » ) et de London Calling ! Précision : les Undertones ne sont pas d’Eire, ils sont nord-irlandais, de Derry (ne leur dites jamais « Londonderry » .) Idem pour les punks de Stiff Little Fingers, d’Ulster eux aussi. Autres Nords-Irlandais, The Therapy ?, groupe tellurique assez intéressant au départ mais foudroyé raide mort après le départ précoce de leur tellurique batteur Fyfe Ewing, meilleur tambourineur de sa génération. Fyfe Ewing, c’était un peu comme le seul footeux potable irlandais Stephen Ireland, qui refuse de jouer en sélection d’Eire : deux types bourrés de talent mais gavés de trop de tournées pour l’un et gavé de trop de mises au vert (hum…) pour l’autre. Amen.

Voilà. C’était l’histoire de pauvres Irlandais de Croke Park qui jouent comme les Corrs et pas comme les Pogues. Un truc à la con imposé par un Trapattoni qu’on devrait inviter à se rapatrier à la Juve le jeudi 18 novembre, le lendemain de l’élimination honteuse de l’Irlande au SdF. Ensuite, appeler Roy Keane, jeudi à midi. Avec Killer Keane aux manettes (et pas au tableau noir !), Robbie Keane et ses potes carbureront à nouveau au jus de cartilage et de cervelle en gelée prélevés sur l’adversaire. Honte à Trapattoni qui a écarté Andy Reid, pur Irish sans peur et sans reproche mais qui ne « collait pas à mon système » (dixit le Trap). Le “Système” ? Beurrrrrk… Le Trap, c’est la même imposture que Benitez à Liverpool qui a tué les Reds en les émasculant un peu trop de leur britishitude (pas une seule couille, mais les deux, aujourd’hui !). Remember Milan AC-Liverpool en finale de C1 2005. L’abruti de Benitez l’avait jouée tactique avec le vieux briscard d’Ancelotti, bien plus fort que lui question tableau noir (et rouge). Résultat : 3-0 à la mi-temps pour Berlusconi. C’est le british Steven Gerrard qui avait renversé la vapeur à lui tout seul en seconde période. En faisant jouer ses potes “à l’anglaise” : on leur rentre dedans et on regarde pas à la dépense ! Bilan : Liverpool champion. Message aux joueurs irlandais : prenez les Français à la gorge, mercredi soir ! Rebellez-vous comme Steven Gerrard à Istanbul ! Attachez Trapattoni dans un coin du vestiaire en lui mettant à fond dans les oreilles l’endiablé « If I should fall from grace with God » des Pogues ! Mieux vaut se faire éliminer en perdant 5-2 que de faire 0-0 comme les Corrs. Avec un 0-0, pourrez pas rentrer au pays, les gars. Et puis perdu pour perdu, hein !… Allez ! A la fin, y’aura toujours de la Guinness.