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  • Coupe de France
  • 8e tour
  • Saint-Étienne-Écotay Moingt (11-1)

Jules Vial : « J'ai marqué un but contre Sainté, et dans le Chaudron ! »

Par Ulysse Llamas
6 minutes

Perdre 11-1 en Coupe de France ? Pas grave, si c'est contre Saint-Étienne, son club de cœur, dans son stade préféré, devant ses potes, et que le but marqué par son équipe récompense à peu près tout. Surtout avec une célébration de malade. Jules Vial l'a fait. Le joueur de l'US Écotay-Moingt raconte.

Jules Vial : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J'ai marqué un but contre Sainté, et dans le Chaudron !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Tu peux décrire ce magnifique coup franc ? À Geoffroy-Guichard, contre Saint-Étienne…

On perdait déjà 9-0. Il n’y avait rien à perdre. Je m’approche du ballon, et vois que personne ne voulait le prendre dans mon équipe. J’avais l’habitude de les tirer cette saison. Du coup je prends la balle, je m’élance. Au début… Je ne sais pas, il n’y a rien qui se passe dans ma tête. Et là, je vois qu’elle part bien. Je n’y crois pas trop. Notre défenseur, coupe la course et masque un peu leur gardien. C’est que ma dit Brice Meubleu à la fin du match. Il est venu me féliciter pour ça, c’est très sympa. Et elle termine au fond. Je n’y crois toujours pas.

 

Tu m’étonnes… 

J’ai marqué un but contre Sainté ! Et dans le Chaudron ! C’est exceptionnel. Je n’ai pas trop les mots, en fait, tellement c’est incroyable. Au niveau du foot, c’est le meilleur moment de ma vie. Je ne pourrai jamais faire mieux, c’est sûr. Le souvenir restera là.

Il y a cette célébration de fou ensuite, la panthère… 

Je me souviens qu’on en avait parlé avec mes potes. On se demandait quelle célébration on pouvait faire si on marquait. On avait dit que la panthère, c’était cool. Il y avait ce truc d’ici, on a grandi avec eux, avec Bafé Gomis. J’ai 33 ans, et chez nous, Gomis, c’est quelque chose. J’ai aussi re-regardé les anciens avant lui qui avaient fait la panthère. Les buts d’Alex Dias, Salif Keita. C’est magnifique. Ici, on est tous supporters de Sainté. On n’habite pas loin, on a grandi avec eux. Certains de l’équipe sont abonnés en kop nord. Il m’arrive d’aller voir les matchs. J’y vais deux, trois fois par an quand des potes abonnés ne peuvent pas. Donc ouais, marquer, c’est un truc de dingue. Quand je marque, je commence à courir dans tous les sens, puis tout le monde m’arrive dessus. Je commence la panthère, puis je m’écroule tellement il y a du monde.

Il se passe quoi dans ta tête ? 

Franchement, rien. C’est un truc de dingue. Un truc de dingue… Je n’entends plus rien. Je ne vois rien. Plus tôt dans le match, j’avais essayé de chercher mes proches dans le stade. C’est impossible. C’est tellement grand. Devant la télé, on ne s’en rend pas compte. C’est un truc donc tu ne rêves même pas en fait. Même à 9-0, on s’en fout. C’est tellement beau.

 

Tu le dédies à qui ?

Ce but, c’est celui de tout le club. Il vient récompenser tout le monde, tout le boulot fait par les bénévoles, par tout le monde au club depuis qu’on sait qu’on va jouer contre Saint-Étienne. C’est dingue. Toute ma vie, je pourrai dire que j’ai fait descendre le kop Nord sur un but. Tu imagines ?

Et c’est beau d’avoir réussi à marquer… 

En fait, on les avait analysés à la vidéo avant le match. C’était notre première séance vidéo de toute notre vie. On essayait de trouver les failles, tout ça, de se dire qu’on pouvait aller les chercher au pressing. On avait revu leurs erreurs quand ils ont perdu cette saison. Mais une fois en face d’eux, c’est impossible. On les critique parfois, mais c’est un autre monde. Tout va plus vite, c’est plus physique, plus technique. Mickaël Nadé, Irvin Cardona… Ils sortent à la mi-temps, heureusement pour nous. À un moment, je vais au duel avec un mec, je gaine, je donne tout, et je me fais quand même renverser. L’arbitre siffle faute, il a été gentil avec moi. (Rires.) À la fin du match, j’ai échangé mon maillot avec Flo Tardieu. C’était cool. Il a dit à leurs entraîneurs des attaquants que j’étais disponible.

 On joue quand même en Régional 3, c’est loin !

Jules Vial

Et Geoffroy-Guichard ?

C’est pareil, c’est dingue. On n’entendait pas du tout notre entraîneur, et nous, entre nous, on ne s’entendait pas. Ils ont vu des plus beaux matchs que celui de samedi, mais ils nous encourageaient quand même jusqu’au bout. Contre l’Entente Nord-Lozère, au tour précédent, on entendait les gens sur le bord du terrain, à nous chambrer, à essayer de nous tailler. Là, impossible. Les joueurs de Sainté, eux, ils se sifflaient entre eux, ils avaient l’habitude, ça se voyait.

 

Tu te dis que tu as réalisé un rêve ? 

Même pas, ça va au-delà de ça. Je n’ai jamais rêvé de ça en fait, je n’ai jamais fait de centre de formation. On joue quand même en Régional 3, c’est très loin. En plus, on vient de monter. En fait, même contre une équipe de N3, ça se trouve, on en aurait pris 4, 5, ou plus. Au moins, c’est plus cool : ils nous ont respecté.

Ils sont trop forts. C’était un toro géant. Tu vois la photo d’Iniesta, au milieu des joueurs ? Bah c’était ça, mais tout le match.

Le score, à la fin, le démontre…

Ouais. On a quand même un p’tit coup de mou à la mi-temps (il y a alors 7-0, NDLR). On se dit qu’on peut en prendre 20, que la deuxième va être longue. Notre coach nous demande de nous resserrer, de mettre plus de rythme, mais on lui répond qu’on ne peut pas. Ils sont trop forts. C’était un toro géant. Tu vois la photo d’Iniesta, au milieu des joueurs ? Bah c’était ça, mais tout le match.

Et pendant deux jours, vous avez vécu comme des professionnels. 

Totalement. Quand Loïc Perrin vient nous annoncer qu’on jouerait à Geoffroy-Guichard, on est comme des dingues. Dormir à l’Étrat, c’est dingue aussi. Les entraînements, la pelouse… Ils ont joué le jeu jusqu’au bout avec les tenues, le bus. On n’a jamais fait ça. En plus, avec mon capitaine, on ne devait même pas jouer. On était suspendus, mais Chambœuf, en championnat, a accepté de décaler notre match pour qu’on puisse ne pas jouer contre eux et jouer samedi. Merci à eux. Et puis il y avait aussi la télé, tout ça… Un gars de beIN Sports vient me voir à la mi-temps, et je lui dis que non, que je n’aime pas trop la télé. Bon, j’ai répondu à la fin du match.

Et là, le rêve redescend ? 

Ouais. On a fini à 5 heures du matin samedi soir, quand même. Dimanche tranquille, où je n’ai même pas eu le temps de répondre à tout le monde sur mon téléphone. J’ai reçu plus de messages que pour mon anniversaire ! Et là, on est reparti au boulot. C’est mieux ça que de rester sur son canapé. La redescente aurait été dure. Je bosse dans un centre d’études, à Feurs, et ce lundi matin, au boulot, autant dire que je n’ai pas beaucoup bossé. Tous les collègues m’ont félicité. Et puis on a entraînement dès mardi, parce qu’il faut prendre des points en championnat, quand même ! J’essaierai peut-être de mettre un coup franc.

 

Tu peux nous raconter la fin de la soirée ? 

Non (rires).

Saint-Étienne sans pitié avec le petit poucet de la Coupe de France

Par Ulysse Llamas

Photos : Mario Chomarat - May.visual et ASSE

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