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Hakim Ziyech, le pari du Maroc

Par Mohamed Helti
4 minutes

Trois ans après avoir emmené le Maroc en demi-finales du Mondial 2022, le magicien de l’Ajax rentre enfin au pays. Sans club depuis cet été, Hakim Ziyech s’est engagé avec le Wydad Casablanca pour tenter un dernier pari : rallumer la magie, dans un Maroc qui cherche encore comment la faire durer.

Hakim Ziyech, le pari du Maroc

C’est un drôle d’automne pour Hakim Ziyech, un joueur dont on a oublié la magie à force de ne plus trop le voir sur les terrains et qui semble davantage appartenir au passé qu’au présent. Plus tôt dans le mois, L’Équipe résumait la situation crûment : « Un anonyme du football international. » L’homme qui faisait lever les foules de Doha en 2022 avec le Maroc n’avait plus de club. Pire : un transfert en Roumanie, au CFR Cluj, avait capoté à cause d’une visite médicale ratée, la faute à son genou fragile. Aujourd’hui, De Tovenaar (le magicien), comme le surnomment les Néerlandais, revient à la maison, au Wydad Casablanca, pour une ultime préparation en vue de la CAN au Maroc.

Il y a six ans, il enflammait l’Europe sous les couleurs de l’Ajax au sein d’une équipe qu’on avait tant aimé jusqu’au printemps. Puis Chelsea, ses 40 millions d’euros et sa promesse de gloire londonienne. L’histoire devait être belle, elle s’est transformée en succession d’embrouilles, de coachs et de bancs. Un prêt avorté au PSG, un détour en Turquie (Galatasaray) où il s’est frité avec son coach, puis un exil au Qatar, dans la chaleur d’Al-Duhail, où il n’aura disputé que treize matchs. Bourré de talent, mais pétri de rancœur.

Un Maroc nouveau sans son magicien

Pendant ce temps, la sélection a avancé sans lui. Depuis le Mondial au Qatar, Walid Regragui a redessiné son couloir droit : Achraf Hakimi en patron, Brahim Díaz dans le costume de créateur. Le secteur est bouché, avec l’addition de jeunes talents comme Eliesse Ben Seghir ou encore les Lionceaux, sacrés récemment en Coupe du monde U20, qui comptent eux aussi avoir leur part du gâteau. Ziyech, lui, regarde de loin, et sûrement avec un brin d’amertume ce Maroc jeune et plus armé que jamais.

S’il retrouve son meilleur niveau, il aura sa chance.

Walid Regragui

Regragui l’a dit sans détour : « Nos joueurs viennent de clubs européens, et s’adapter au foot africain devient un vrai défi. » Terrain sec, rythme décousu, impacts sans VAR : les Lions de l’Atlas doivent souvent désapprendre ce qu’ils ont appris à Amsterdam ou à Paris. L’académie Mohammed VI, chère à Nasser Larguet, tente d’y remédier : former au Maroc, pour le Maroc. Le retour de Ziyech dans la Botola (championnat marocain), même à 32 ans, n’est donc pas qu’un pari personnel, c’est peut-être le début d’un remède collectif.

La tentation du dernier feu

Ziyech au Wydad Casablanca, c’est d’abord un symbole. Le gosse de Dronten, élevé aux Pays-Bas, n’avait jamais joué dans son pays d’origine. En signant jusqu’en 2027, il s’offre une rédemption à la maison. L’accueil du public du complexe Mohammed V s’annonce électrique. Le joueur, lui, sait que tout est à refaire : se réadapter au rythme local, aux pelouses capricieuses, à une intensité émotionnelle qui déborde les lignes.

Mais après tout, il n’en est pas à son premier come-back. Le gamin rebelle d’Heerenveen a survécu à la misère, aux démons intérieurs, aux blessures, aux mises à l’écart. Ceux qui l’ont côtoyé parlent d’un hypersensible, d’un écorché vif plus que d’un fauteur de troubles. Le voir revenir sonne comme un énième combat de vie pour le Marocain, une autre tentative cette fois, pour faire déplacer les montagnes de l’Atlas.

CAN à domicile, ultime chapitre

Dans deux mois, le Maroc accueillera la CAN 2025. Et si c’était le décor parfait pour un dernier tour de magie ? Regragui, prudent, garde la porte entrouverte : « S’il retrouve son meilleur niveau, il aura sa chance. » C’est plus un au revoir peut-être qu’un adieu. Dans un football marocain en quête d’identité entre jeu à l’européenne et ancrage africain, le retour d’un artisan du jeu, formé à l’école de l’improvisation, sonne presque comme une nécessité.

Alors oui, Hakim Ziyech ne redeviendra sans doute jamais le feu follet de l’Ajax. Son genou grince, son corps parle moins vite que son esprit. Mais s’il parvient, en quelques mois, à apprivoiser la Botola et à rallumer ce pied gauche qui sent encore la poudre, il pourrait offrir au Maroc ce que personne n’attendait : un come-back à la marocaine, celui où la nostalgie se transforme en lumière. « C’est une star pour nous, c’est une star pour le Maroc », explique Regragui. En 2025, Ziyech ne vaut plus ce qu’il valait, certes, mais il vaut encore quelque chose, et c’est parfois suffisant pour ne pas devenir un magicien dont on ne peut prononcer le nom.

Ziyech signe officiellement au Wydad Casablanca

Par Mohamed Helti

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