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Fuchs Sports, le diffuseur du foot amateur

Par Maxime Renaudet
Fuchs Sports, le diffuseur du foot amateur

L'information n'a pas fait autant de bruit que l'arrivée de Mediapro en mai 2018. Pourtant, le 24 juillet dernier, l'entreprise luxembourgeoise Fuchs Sports est devenue le diffuseur officiel digital du football amateur français pour les cinq prochaines années. Ce deal permettra à la FFF de diffuser gratuitement plus de cent matchs par week-end, tout en offrant aux clubs amateurs une vitrine médiatique inédite. Reste à savoir si les supporters seront au rendez-vous.

Fin juillet, alors que Mediapro annonce le lancement officiel de Téléfoot le 17 août, agrémenté d’un casting quatre étoiles et d’un deal fraîchement conclu avec la firme américaine Netflix, la Fédération française de football scelle, elle, un accord avec Fuchs Sports, qui devient diffuseur digital des championnats de National 2 et National 3. À l’inverse d’un groupe de télévision, l’entreprise luxembourgeoise propose aux ligues et aux fédérations des plateformes personnalisables. Un point fort qui lui permet de se démarquer de ses concurrents selon Frédéric Lamotte, responsable du développement et de la stratégie : « Généralement, vous avez des plateformes où on regroupe tous les sports, toutes les régions, et finalement, le consommateur final ne s’identifie pas. Quelque part, pour chaque ligue et chaque fédé, on leur crée leur Netflix. » Vraiment ?

Le foot amateur turc, belge et français : drôle d’idée ?

Créé en 2000 par Jean Fuchs, entrepreneur et promoteur de la place luxembourgeoise depuis plus de 40 ans, Fuchs Group propose des « solutions sur mesure pour assurer le développement et la pérennité de leur patrimoine, de leurs affaires et la sécurité de leurs investissements. » Le groupe luxembourgeois, qui pèse 40 millions d’euros de fonds propres et qui gère annuellement 6 milliards d’euros d’actifs, a décidé de diversifier ses activités. Dans cette optique, et celle qui consiste aussi à proposer aux investisseurs des alternatives aux produits financiers classiques, la société a opté pour le marché de la digitalisation du sport, et surtout celle du football amateur.

Pour dessiner les contours du projet, Fuchs Sports a confié les clés du camion à Frédéric Lamotte. L’ancien directeur opérationnel du club belge de Virton, de 2018 à 2020, aux côtés du magnat de l’immobilier luxembourgeois Flavio Becca, ne tarde pas à nouer des premiers contacts sérieux, et n’hésite pas à se positionner sur des marchés inattendus. À commencer par celui du Luxembourg, où RTL, partenaire historique du championnat national, a dû batailler férocement contre Fuchs pour continuer à diffuser en streaming les matchs de BGL Ligue. En revanche, cette nouvelle offre, celle de proposer à ses clients une plateforme personnalisée, a convaincu la fédération turque de confier à Fuchs Sports l’équipement de ses 200 stades de troisième et quatrième divisions. Le RFC Liège, pensionnaire de D1A belge, a également signé un contrat à la fin du mois d’août, permettant aux abonnés du stade de Rocourt de regarder gratuitement les matchs de leur équipe, surtout en période de huis clos et de jauge maximale en tribunes.

Le foot amateur turc et belge, rien de bien excitant à première vue. Mais toujours dans sa quête de digitalisation du foot obscur, le 24 juillet, après avoir signé des partenariats avec plusieurs ligues pour la diffusion de leurs matchs de Régional 1, Fuchs Sports est devenu diffuseur officiel du football amateur. Pas de casting cinq étoiles comme sur Téléfoot, ni de slogan à rimes pauvres, juste un petit communiqué. Normal, en coulisses, la société luxembourgeoise a du pain sur la planche pour réussir à installer tout ce dispositif en un temps record.

232 stades français à équiper

Aussi étrange que cela puisse paraître, Fuchs Sports n’était pas la seule société intéressée pour diffuser les matchs de N2 et N3. « Une chaîne OTT basée en Espagne et qui diffuse le championnat mexicain, et une autre qui diffuse le hockey sur glace en Finlande se sont positionnées sur ce lot. C’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’il y avait une vraie transformation digitale à opérer », raconte Julie-Ann Gross, responsable des droits TV et contenus de la FFF. Auparavant, la Fédération faisait appel à un prestataire, Die Liegen, capable de déployer rapidement une caméra sur tous les stades, mais pas en direct. L’entreprise allemande mettait alors en intégralité les rencontres sur un compte FTP, et en faisait un résumé que la FFF récupérait pour mettre sur Youtube. Là, Fuchs Sports s’est engagé à installer des caméras suédoises 4K, à ses frais, sur les 64 stades de N2 et les 168 de N3 afin de diffuser 116 rencontres chaque week-end, en total direct, mais sans commentateur en cabine.

Autre avantage selon Julie-Ann Gross, le fait que les rencontres soient diffusées via une plateforme gratuite qui sera spécifiquement dédiée à ces deux championnats et habillée aux couleurs de la FFF. « Ils nous ont proposé de diffuser les matchs sur une plateforme en marque blanche, et c’est ce qui différenciait leur offre des autres. » Traduction, Fuchs Sports s’occupe de tout pour créer une plateforme de streaming à la Fédération. Charge aussi à l’entreprise luxembourgeoise de gérer l’aspect publicitaire derrière ces diffusions digitales : « Nous proposons sur la plateforme des inserts publicitaires classiques qu’on commercialise, rappelle Frédéric Lamotte. Tout en sachant que les clubs et les ligues peuvent avoir un retour financier s’ils nous mettent en lien avec des sponsors. Par exemple, dès que le partenariat avec la ligue de Normandie a été signé, des entreprises normandes connues nous ont aussitôt contactés pour avoir des tarifs. » Pour les clubs, ils ont donc la possibilité de mettre en avant leurs partenaires historiques, mais également leurs joueurs, puisque la plateforme Fuchs Sports sera aussi une banque d’images pour les recruteurs.

Pour l’heure, ladite plateforme n’est pas encore disponible, mais une version bêta a été présentée à la FFF ces dernières semaines afin de préparer une mise en ligne au mois d’octobre. Logique, l’entreprise luxembourgeoise doit encore installer une bonne partie de ses caméras. Pour ça, l’accord des propriétaires de stade, qui sont souvent les mairies, est indispensable. Problème, elles sont occupées à autre chose depuis plusieurs mois et la crise du Covid-19, ce qui a légèrement retardé le déploiement des équipements. Une fois tout en place, il sera intéressant de voir si les spectateurs seront au rendez-vous derrière leur ordinateur, et que ce nouveau contrat de diffusion soit profitable à l’image du foot amateur. À la FFF comme du côté de Fuchs Sports, on se donne une année sur les cinq signées afin de peaufiner tout ça. D’ici là, espérons que Téléfoot aura réglé ses problèmes techniques.

Par Maxime Renaudet

Tous propos recueillis par MR.

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