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Alexandre Mulliez : « Niveau foot, je suis un sacré bleu »
À l’affiche de la série Le Club» sur Canal+ à partir de dimanche, le FC Versailles est dirigé depuis deux ans par le duo Fabien Lazare- Alexandre Mulliez. Débarqué d’Auchan, la boîte de son grand-père, ce dernier est arrivé dans un monde qu’il ne connaissait pas et dans lequel il continue de détonner, en faisant les choses à sa façon et désormais en toute transparence.

Après deux ans, quel premier bilan fais-tu de ce projet avec le club de Versailles ?
Est-ce qu’on n’aurait pas mieux fait de racheter un club de N2 ? Pour avoir plus le temps de structurer les choses. Ça a été très lourd, beaucoup d’erreurs, beaucoup de convictions qui, finalement, se sont avérées fausses. On aurait mieux fait d’aller beaucoup plus vite sur certains points, comme le salary cap (6 000 euros mensuels aujourd’hui), de recruter moins vite sur la partie staff, sportif, comme administratif. On a mal recruté et ça coûte beaucoup d’argent, de temps. Sportivement, on a fait une connerie en première année : on a récupéré le club en juin, en plein dans l’intersaison, alors qu’on n’y connaissait rien… Si je devais refaire les choses, jamais je m’écouterai. Maintenant, tu fais 200 tirages aléatoires et tu me remets il y a deux ans, je fais quasiment 200 fois les mêmes erreurs. On sait que ça nous a coûté très cher. Pas seulement financièrement, je parle de délais, de stress énorme d’avoir vécu pendant deux ans cette course au maintien. On aurait fait les mêmes avec un club de N2, mais ça aurait coûté moins cher. Quand on a racheté le club, on avait des contrats qui tournaient sur l’année suivante avec des salaires mirobolants. Jeremain Lens était à 20 000 euros par mois !
Aujourd’hui, tu continues à prendre des claques par le monde du foot ?
Concrètement, non. Ça fait pas mal de mois que je ne me suis pas dit ça, parce que j’ai tendance à simplifier les choses. Oui, c’est un métier particulier, mais comme le cinéma, la pub, la grande distribution, etc. Le foot, comme ça cristallise beaucoup d’émotions, on a l’impression que c’est différent, mais je ne pense pas. C’est une entreprise, et ça fait chier les gens quand je dis ça, mais parce que les gens confondent le foot amateur avec le foot professionnel. Le cœur du produit qu’on vend, c’est un match de foot. C’est des émotions, c’est sûr et certain. Mais tout le reste, c’est toujours les mêmes logiques, les bonnes personnes que tu mets dans les bonnes conditions, que tu motives tous les jours avec des objectifs.
Immersion totale au cœur du @FC_Versailles, un club de football en perte de vitesse, repris par un trio atypique : @PierreGASLY, l'héritier déchu de l’empire Auchan @almulliez, et l’entrepreneur Fabien Lazare. Le Club, une série doc à découvrir dès le 21 septembre sur CANAL+. pic.twitter.com/SBhJXIU13K
— CANAL+ (@canalplus) September 18, 2025
La petite question que je me pose en ce moment, c’est de savoir si je dois considérer les joueurs comme des actifs de l’entreprise ou des collaborateurs. J’ai toujours pensé que c’était des collaborateurs, mais je n’en suis plus convaincu. L’année dernière, comme c’était plus compliqué, je partais plus sur des actifs, je me demandais si j’avais besoin de créer du lien avec eux. Aujourd’hui, on a une super équipe qui nous correspond, des chiens de la casse, hyper-respectueux de l’institution. À date, je pense que c’est plus des collaborateurs que de l’actif, mais parce que les collaborateurs sont des actifs.
Tu penses être devenu un meilleur acteur du monde du foot ou un meilleur entrepreneur ?
Meilleur entrepreneur, parce que je considère que je progresse tous les jours et que donc j’ai appris plein de choses, notamment sur le recrutement des joueurs. Mais un meilleur président de foot, on en reparle dans trois ans. Je pense qu’on apporte, Fabien (Lazare) et moi, parce que le vrai boss opérationnel, c’est Fabien, quelque chose de très différent. Je suis convaincu que c’est ça qui va faire qu’on va réussir, parce qu’on n’est pas en réussite du tout aujourd’hui. Je suis convaincu que c’est notre manière d’être et notre modèle qui vont faire qu’on va réussir. Donc, je suis convaincu que dans trois ans, je dirai qu’on est des bons présidents. On est des bons présidents en devenir.
Je me suis fait sortir d’Auchan, alors que j’étais là pour 40 ans. Je veux pouvoir transmettre la boîte au fils de Fabien ou au mien.
Tu parles de revendre le club. Dans notre podcast Alternative Football, tu disais que vous étiez partis pour 30 ou 40 ans.
Rien n’a changé. Mon modèle, c’est ce que j’ai vu chez Auchan : des mecs qui montent une boîte ensemble, qui sont potes, qui bossent ensemble pendant 50 ans et qui se font confiance. Je veux créer de la confiance, de la stabilité. Je me suis fait sortir d’Auchan (il avait été mis à l’écart en décembre 2021, NDLR), alors que j’étais là pour 40 ans. Je veux pouvoir transmettre la boîte au fils de Fabien ou au mien.
Il y a presque un état d’esprit de club amateur dans tout ça, cette idée de vouloir tout construire ensemble, dans le partage, non ?
Avec Fabien, on a pris une espèce de medley de tout ce qu’on a vu de mieux. Il y a un vrai socle, principalement inspiré d’Auchan. On s’inspire beaucoup de Toyota, aussi. Globalement, il y a 20, 30% du projet, qui est inspiré de plein de choses. Évidemment qu’il y a des points communs avec des milieux que je ne connais pas. Typiquement, le foot amateur, le sport amateur. C’est une seule famille. Il n’y a pas de lien hiérarchique. Quand on se fait challenger par l’asso, ils n’en ont rien à faire, ils nous rentrent dedans et ça fait partie du modèle de la boîte. La base, c’est la confiance. On la travaille vraiment au quotidien parce qu’on veut arriver à une vraie capacité dialectique et une vraie capacité d’accepter et d’aller vers le conflit productif. Le but du jeu, c’est le débat. À mort !
On le voit beaucoup dans le doc, notamment avec Salomon Kashala (directeur sportif du club). Ça ne part pas au clash, mais vous dites des choses très directes, parfois dures.
On se rentre dedans ! Sur les idées. Mais juste après, on va boire une bière ensemble. On est dur sur les idées, mais pas sur les gens. On se flingue sur le raisonnement, on peut être très dur de temps en temps, ce ne sont jamais des moments faciles. Je suis convaincu que pour ça, la stabilité est importante. Même notre intendant (Nordine Aïteur, personnage central de la vie du club), il nous rentre dans le lard ! Je considère qu’on a tous la même valeur, juste des rôles différents. Si quelqu’un est ici, c’est qu’il a de la valeur.
En parlant de Salomon, vous le confrontez énormément et il a l’air de beaucoup se remettre en question. Comment ça se passe ?
C’est pour ça qu’on l’a pris tout de suite. Il a plein de choses sur lesquelles il doit progresser, mais il a une qualité exceptionnelle : c’est un mec de 27 ans (à l’époque de la reprise) qui débarque dans le club, qui ne vient pas d’une famille du foot, en tant que recruteur, là où 99% des gens nous auraient fait croire qu’ils maîtrisent. Lui, il sait dire « j’ai fait une erreur ». On s’est dit que c’était exactement ce qu’on voulait. Pourtant, il est conditionné au club de foot traditionnel à la base.
D’où vient l’idée de la série Le Club ? C’est Canal qui est venu vous chercher ?
Non, c’est nous. Je savais que l’aventure allait être intéressante et je voulais vraiment qu’il y ait un maximum de gens qui se rendent compte de ce qu’on fait. J’y ai réfléchi et je me suis fait accompagner par un pote qui m’a mis en relation avec le producteur de la famille Kretz (qui a mis à l’écran son entreprise d’immobilier de luxe en famille), Jean-Paul Geronimi. Je l’ai rencontré et il a dit go. Et c’est eux qui ont été convaincre Canal de faire le truc.
J’assume les questions débiles que je pose, de mec qui n’y connaît rien. Ce côté transparent, c’est vraiment mon caractère.
Tu en attends beaucoup de retombées ?
J’en sais rien. Je pense que la série est top. On ne parle pas de foot, en fait. Le socle, c’est du foot, mais c’est plutôt une aventure humaine dans l’adversité la plus totale, qui essaye de faire les choses différemment en s’intéressant aux gens.
Dans le doc, on voit vraiment ta méconnaissance du foot. C’est rare de l’assumer, non ?
J’assume totalement le fait de ne pas savoir. J’assume les questions débiles que je pose, de mec qui n’y connaît rien. Ce côté transparent, c’est vraiment mon caractère. De montrer qu’en fait, on peut réussir en étant quelqu’un de bien avec les gens. Ça paraît très paternaliste de dire ça, mais c’est de la logique.
On te sent parfois ému dans la série. Est-ce que tu t’attendais à être impliqué émotionnellement comme ça ?
Alors l’intensité, le pic, non, non et non ! C’est un truc de fou. Dans les bas comme dans les hauts. Les jours de match, il y a une énorme émotion que je n’imaginais pas. Mais dans le quotidien, il n’y a pas d’émotion. On est vraiment en mode rationnel. Tu es content d’avoir des gens qui performent, tu es triste quand tu dois faire sortir quelqu’un. On va dire que c’est le monde de l’entreprise classique. Mais il n’y a aucune décision qui est prise de manière émotionnelle, émotive ou irrationnelle. Je ne m’attendais pas à me prendre autant au jeu. Mais on gère comme on a toujours géré.

Tu as l’impression de regarder plus de foot qu’avant ?
Je ne regarde pas beaucoup plus de matchs, mais je partais tellement de zéro que le coefficient est de 50 je pense. Je regarde des matchs de Ligue 2, de Ligue 1, de Ligue des champions. Mais je ne pourrai jamais rattraper la connaissance ou la capacité d’analyse d’un match. Ce n’est pas mon rôle, et je pense que c’est une bonne chose que je ne rentre pas dedans. En revanche, depuis deux ans, j’ai bouffé des centaines d’heures de docu, d’articles, de bouquins. Je peux totalement avoir une discussion foot, je pense que je ne serais pas non plus inintéressant. En revanche, si on regarde un match ensemble, là, tu vas voir que je suis un sacré bleu. Je suis vraiment en bas de l’échelle en matière de connaissances, je suis un neuneu de service. Les jours de match, j’ai même honte de moi. Mais j’ai toujours dit qu’il n’y avait pas de question conne. Et si je veux progresser, il faut que je puisse les poser.
Tu ne regardes jamais un match en te disant « tiens ce joueur est top » ?
Non, impossible de faire ça. Il y a des trucs que je ne perçois pas. Jamais je n’ai envoyé un message en disant que j’avais vu tel ou tel joueur. Je considère que j’ai déjà du mal à écouter les gens qui s’y connaissent un petit peu, alors même pas une seule fois je n’ai envoyé un conseil. En revanche, je suis le plus gros casse-couilles du monde. On a vachement cadré la pollution des dirigeants, qui est énorme dans le foot. Toutes les semaines, Fabien a mis en place un moment d’une heure et demie où on est avec Salomon, Jordan Gonzalez (le coach), Fabien et moi. On les accompagne pour qu’ils structurent à fond leurs raisonnements, pour s’améliorer. Là, on a le droit de les challenger. Big time ! Et là, je suis peut-être le pire. Parce que c’est le raisonnement, ce n’est pas la connaissance.
Tu as ouvertement parlé du fait que tu avais fait un burn-out en 2012. Tu avais donné trois clés pour en sortir et ne pas replonger : système digestif, sommeil et stress. Les deux derniers sont compatibles avec le monde du foot ?
Quand tu es président, aujourd’hui, les pics d’intensité du vendredi, ils sont gelés, ok. Mais si j’étais ultra d’un club, j’aurais les mêmes. Donc ce n’est pas lié au fait d’avoir un club de foot. Je suis quelqu’un d’anxieux, mais je gère très bien le gros stress. Quand je m’endors le soir, je n’y pense même pas. Mais je dors mieux qu’avant parce que j’ai une vie beaucoup plus rangée, beaucoup plus cool.
Pour un joueur de N1, avoir Jordan comme coach avec son staff, c’est une putain de chance et ils s’en rendent compte. Je pense sincèrement que si j’étais joueur, j’aimerais fondamentalement être à Versailles.
Vous avez recruté à tous les niveaux, élargi le staff, recruté au niveau administratif, de la com… C’est quelque chose qui est amené à continuer ?
Le staff sportif va s’agrandir un peu, mais pas énormément, parce qu’on considère qu’on se structure pour, si un jour on monte en Ligue 2, ne pas redescendre tout de suite. Au niveau administratif, la raison pour laquelle on staffe le reste de la boîte, c’est que je considère que c’est une entreprise et que certains départements sont fondamentaux (la finance, le commerce, le marketing, etc.). On structure ça pour être en mesure de développer au maximum le chiffre d’affaires et la rentabilité. Pourquoi ? Parce que je considère que la pollution dans le foot est énorme et qu’elle peut venir des actionnaires. On veut rester le plus longtemps possible autonome dans notre prise de décisions. Pour garder cette autonomie, il faut qu’on soit rentable.
Tu parles dans la série de ne pas être dépendant des revenus des transferts. C’est toujours d’actualité ?
On est en train de changer, c’est plutôt les droits TV maintenant. On vise la rentabilité avant droits TV, parce que c’est encore plus erratique que les transferts. Aujourd’hui, on ne touche rien en droit télé. Mais c’est hyper-important. On s’est beaucoup inspiré, parce qu’on va construire notre stade (potentiellement à Saint-Quentin-en-Yvelines), de ce qui se passe dans le monde du foot. On a été vachement inspiré par le stade de La Louvière, de la RAAL de La Louvière, puisqu’ils ont fait un stade qui a coûté beaucoup moins cher, qu’on a été visité, et qui est mieux que beaucoup de stades qu’on a vu construire. Quand on a rencontré Salvatore Curaba (président de la RAAL), on s’est pris une énorme claque dans la gueule, en mode il faut vraiment qu’on continue sur notre vision et notre modèle. Parce qu’en fait, ça fonctionne !
Sportivement, vous avez quand même laissé partir vos meilleurs joueurs lors des derniers mercatos, comme Freddy Mbemba ou Chris-Kévin Nadje…
On a quand même fait des ventes records. En fait, ce qui se passe, c’est qu’un mec comme Chris-Kévin, qui venait de N3 en mai 2023, et qui est en Ligue des champions en septembre 2024, il a explosé chez nous. La politique, c’est que lorsqu’un joueur grandit beaucoup plus vite que le club, il faut le laisser partir. D’abord parce que ce qu’on doit préserver, c’est l’équipe et l’état d’esprit. Et donc un joueur qui sait qu’il peut signer à Feyenoord, en première division, si tu le gardes, c’est ingérable. T’as un mec qui manquera de motivation, qui ne comprendra pas pourquoi est-ce qu’on ne l’a pas laissé partir. Aujourd’hui, on ne fera pas partir des joueurs pour faire entrer de l’argent. En tout cas, pas des joueurs qui sont nécessaires au club. On se rend compte qu’on a vraiment des gens qui sont très reconnaissants d’être ici. Pour un joueur de N1, avoir Jordan comme coach avec son staff, c’est une putain de chance et ils s’en rendent compte. Je pense sincèrement que si j’étais joueur, j’aimerais fondamentalement être à Versailles.
Tu découvres les recrues à quel moment ?
On m’informe juste. Je n’interviens pas dans le recrutement. J’interviens sur la logique de recrutement, sur quel type d’équipe on veut. J’ai pondu les principes avec Fabien, le cadre. Comment est-ce qu’on recrute, la théorie du recrutement, quelle est notre vision du recrutement et qui est le document principal de Salomon qui est affiché dans son bureau. Ça, c’est un truc sur lequel on se challenge à mort toutes les semaines et c’est un produit qui évolue. Mais les joueurs, jamais ils ne me demandent ce que j’en pense.
Tu avais dit dans L’Équipe que tu trouvais que Bilbao était un très bon modèle avec un ancrage local. Tu penses que c’est possible en Île-de-France de créer une forme d’ancrage, avec tous ces clubs concurrents ?
Les bons artistes copient, les grands artistes volent. Je vole continuellement. On était vachement inspiré par Bilbao et on s’est dit, en fait, si c’est possible à Bilbao, pourquoi ce ne serait pas possible en Île-de-France, sachant que c’est le plus gros terreau de talents ? Si tu prends les cinq premières équipes du PFC, de Créteil, de Bobigny, etc. En fait, il reste un nombre de joueurs incroyable. La question maintenant, c’est : est-ce que c’est vraiment vers ça qu’on doit aller ? On est en train de créer notre culture, notre ADN et on est vachement lié à celle de Versailles. Quand tu regardes l’histoire de la ville, le cœur de Versailles a été constitué par des gens qui venaient de partout en France, partout en Europe. On est en train de se dire : est-ce que Versailles, ce n’est pas un club qui va réussir avec des gens qui viennent de partout en France ? Je veux vraiment que ce club soit un étendard du vivre-ensemble et qu’on participe vraiment à faire comprendre aux Français qu’il faut arrêter de se polariser.
J’aimerais bien qu’un gamin qui fait du basket, qui ne connaît rien au foot, mais qui trouve que ce qu’on fait c’est cool, puisse se dire qu’il a envie de prendre une part du FC Versailles.
À ce niveau-là, tu as déjà pensé à instaurer un système de socios ?
Fabien m’a envoyé un message hier à ce propos ! Je pense que ça aurait vraiment du sens d’ouvrir le capital à tout le monde. Donc oui, on y réfléchit depuis deux ans parce qu’on a envie, il faut qu’on s’ancre à fond dans les Yvelines. On doit être le porte-étendard. J’aimerais bien qu’un gamin qui fait du basket, qui ne connaît rien au foot, mais qui trouve que ce qu’on fait c’est cool, puisse se dire qu’il a envie de prendre une part du FC Versailles. Parce que je suis yvelinois et parce que ce qu’il prône, c’est un truc de réconciliation qui me parle.
Le PSG qui irait à Poissy, ça ne serait pas embêtant pour vous ?
Je crois très fort au ruissellement. Donc non, pas du tout. On n’est pas du tout positionné comme le PSG. Sur le stade, il y aura toujours écrit « Ici c’est Paris ». Même si je pense qu’ils ne devraient pas quitter le Parc, parce qu’un stade, c’est l’ADN d’un club.
Quel regard vous portez sur tous les riches investisseurs de grandes familles françaises ?
C’est génial d’avoir des gens comme ça. C’est génial d’avoir des entrepreneurs comme Pinault à Rennes, Arnault au PFC ou Niel à Créteil. Des gens qui savent ce qu’ils font, qui sont des vrais entrepreneurs, qui savent gérer des équipes et des entreprises qui ont les moyens de se projeter à très, très, très, très long terme sur des clubs français de haut niveau. C’est génial.
On parle de financements, de nouveau stade, mais aujourd’hui, vous n’avez pas de sponsors maillot et vous avez annoncé être à la recherche d’un contrat.
Quand on a racheté, on n’était pas du tout suivi. La marque était sympa, mais c’était la marque identique à la ville de Versailles. Pendant deux ans, on a travaillé la qualité de la marque FC Versailles. Aujourd’hui, on considère qu’elle est assez forte pour aller voir des vrais gros partenaires. Donc c’est ouvert et on est en recherche. Ensuite, on va développer à fond, ce qu’on ne pouvait pas faire à Paris ou à Chambly. On veut trouver des gens qui veulent participer à l’aventure. On a de grosses ambitions sur la partie sponsoring parce que c’est un truc qu’on n’a pas priorisé pendant deux ans.
Le CM attend une proposition de @DurexFrance 👋 (C’est pour un pote, c’est pas ce que vous croyez 😅) pic.twitter.com/nbHCb4MwQe
— FC Versailles (@FC_Versailles) August 14, 2025
Comment tu construis une image de marque en jouant à Chambly ou en ayant cette affaire de match truqué, pour laquelle vous avez finalement été blanchis ?
Je pense qu’il n’y a personne qui a cru à ce truc-là. Ce que j’ai dit à la communicante qu’on avait embauchée, c’est que je veux vraiment en sortir grandi, pas juste m’en sortir. Mon objectif, c’est d’être le chef de file d’un football ultra-vertueux sur la transparence. Je pense qu’on en est sortis grandis. Les gens ont beaucoup plus en tête le type de club qu’on est, parce qu’ils ont dû s’intéresser grâce à ça. La vraie question, c’est : comment est-ce qu’on fait pour continuer à agréger des gens autour du club plus qu’au moment où on est en galère totale. On le fait avec notre propre communication interne, avec de l’autodérision, en montrant les coulisses, comme sur mon compte LinkedIn, en montrant les galères qu’on peut vivre, etc. J’ai expliqué plusieurs fois que c’est pas parce que Jordan avait perdu quatre ou cinq matchs de suite qu’il sortirait. On pourrait descendre en N2 qu’il resterait avec nous.
C’est toujours d’actualité pour Jordan ? Aujourd’hui, tu peux dire que vous finirez la saison avec lui ?
Non. Parce que ça reste quelqu’un qu’on connaît depuis maintenant une petite année, novembre à peu près. On le connaît bien, mais bon, je ne suis même pas sûr de connaître parfaitement ma femme. Tu peux découvrir des choses sur la route, mais je suis quasiment sûr et certain qu’il va rester pendant encore longtemps.
Vous avez repris le club il y a deux ans, vous parliez de la Ligue 2 sur trois ans. C’est toujours le cas ?
On n’en parle même pas en interne. J’ai plutôt pour habitude de mettre des objectifs hyper-ambitieux pour montrer le niveau d’investissement des dirigeants et des actionnaires dans la boîte. C’est ce que j’ai fait au début en arrivant. Sauf qu’en fait, on n’était pas du tout prêt. La structure du club n’était pas du tout prête à accueillir ce genre d’objectifs. Depuis, je ne parle que de maintien.
Quelles sont les relations avec les supporters ? Dans les premiers épisodes de la série, c’est un peu étrange, avec ce moment où ils viennent s’exprimer devant les joueurs après un entraînement.
On se parle quasiment tous les jours, j’ai le Discord avec tous les supporters, ils savent tous qu’on est dedans. Je n’interviens peut-être pas tous les jours, mais deux ou trois fois par semaine, en racontant des conneries d’ailleurs. C’est un vrai truc. Aujourd’hui, ça reste une entité qui veut quand même être à part, avec son propre logo, etc, mais qui doit absolument être maillé au club. Nous, on considère que notre slogan « une seule équipe », c’est : l’asso, avec laquelle on est de plus en plus proche, les supporters, la SAS, tout le monde.
Tu te nourris beaucoup des échanges avec d’autres dirigeants ?
Ah oui, complètement. Patrice Haddad du Red Star a été exceptionnel avec nous. Dès la première réunion de la fédé, il nous a donné un conseil qui a été game changer pour nous. On ne serait pas là sans lui. Il nous a dit de racheter les 49% restants de parts qu’on n’avait pas du club. Il avait la même démarche avec moi que j’ai avec Antoine Arnault, Xavier Niel, etc. En fait, on réussira mieux ensemble. Thierry Gomez (Le Mans) est un peu mon papa dans le foot, c’est un mec d’une bienveillance… Je trouve qu’il y a plein de mecs top. On m’avait un peu mis en garde, mais finalement pas du tout. Il y en a quelques-uns, j’irai pas bouffer avec eux, mais globalement, c’est super !
National : Versailles reçu trois sur trois, Sochaux surpris à RouenPar Julien Faure