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Lucas Hernandez, le soldat reconnu
Convoqué pour la troisième fois consécutive après 15 mois d’absence, Lucas Hernandez reste un cadre de l’équipe de France malgré un temps de jeu famélique et un rôle flou au PSG. Entre arguments sportifs et poids du vestiaire, le défenseur incarne plus que quiconque la logique de groupe chère à Deschamps : pas titulaire, mais toujours là.
Il y a des certitudes dans la vie : le retour de l’hiver, la pluie à Brest, et le nom de Lucas Hernandez dans la liste des Bleus. Peu importe sa forme, son poste du moment ou son club : sauf blessure, Lucas est toujours là. Le gars sûr, le fidèle, le « Deschamps guy » finalement. Celui qu’on appelle quand on ne sait pas trop qui prendre, mais qu’on veut quelqu’un « de confiance ». À chaque fois, son nom ressurgit comme une évidence un peu forcée, un automatisme du sélectionneur. « Ah oui, Lucas, bien sûr. » Il symbolise cette France de Deschamps où l’on préfère un soldat cabossé à une nouveauté risquée. Et s’il ne joue pas, tant pis : au moins, il connaît les consignes par cœur.
Le mouton à cinq pattes
Depuis qu’il a posé ses valises au PSG et qu’il est revenu de ses graves blessures au genou, Lucas Hernandez s’est spécialisé dans le dépannage. Défenseur central ? Parfois. Latéral gauche ? Souvent. Solution de secours ? Toujours. Il a ce profil de joueur qu’on garde parce qu’il « peut tout faire ». Comme un couteau suisse qui traîne dans la boîte à pique-nique. Et Deschamps adore les couteaux suisses, surtout quand le tiroir est vide. Le sélectionneur français a justifié la nouvelle convocation de l’homme aux 39 sélections avec son habituelle combinaison de pragmatisme et de psychologie. Lors du dernier rassemblement, « DD » a précisé que le défenseur du PSG était appelé avant tout en tant qu’axial et non comme latéral. Un poste couvert par Lucas Digne et son frère Theo, et pour lequel il ne semble plus avoir les aptitudes qui – en 2018 – lui avaient permis d’être titulaire dans une équipe championne du monde.
Lucas est bien et a plus de temps de jeu, la sélection lui a fait du bien dans son retour.
Mais si à 29 ans, il est encore là après s’être remis de deux ruptures du ligament croisé, c’est aussi parce que l’équipe de France souffre d’un manque chronique de défenseur « axe gauche », et par association, de gauchers en général. Il est ainsi le seul gaucher disponible pour accompagner la Sainte-Trinité Saliba-Upamecano-Konaté, tous droitiers. Ceux qui poussent derrière ? Les droitiers Benjamin Pavard, Pierre Kalulu, Loïc Badé, Leny Yoro ou Wesley Fofana ne peuvent lui contester sa place, alors que les gauchers Castello Lukeba, Benoît Badiashile ou Aymeric Laporte n’ont plus marqué de points depuis longtemps. De là à dire que si Samuel Umtiti n’avait pas raccroché les crampons, il aurait eu plus de chances que les trois derniers cités, il n’y a qu’un pas.

État d’esprit es-tu là ?
La justification de Deschamps comprend un autre critère, celui de l’humain, qui compte tout autant à ses yeux dans une logique de groupe. « C’est un combattant, quelqu’un de très solaire. Je connais très bien son mental. Il a un temps de jeu un peu limité, mais il est toujours à fond, c’est quelqu’un qui a un état d’esprit incroyable. C’est un élément important, même s’il n’a pas toujours été titulaire, même avec nous. » Mieux, ce serait ces convocations qui auraient permis au natif de Marseille de rester à la surface quand il était dans le dur. Ou quand l’équipe de France est « bouffée d’oxygène » pour les soldats en quête de rebond : « Lucas est bien et a plus de temps de jeu, la sélection lui a fait du bien dans son retour. »
Dans une époque où le foot de sélection et le foot de clubs semblent avoir des intérêts contraires, le cas de Lucas Hernandez est un des rares où Luis Enrique et Didier Deschamps y trouvent leur compte. Cette confiance et ce temps de jeu retrouvés lui permettront de colmater les brèches des Bleus comme celles du PSG, au métier. Et quand viendra la Coupe du monde nord-américaine, il sera sûrement là, encore. Pas premier choix, mais premier servi.
Lucas Chevalier, terrain glissantPar Sacha François

























