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Le PSG pouvait-il éviter la cascade de blessures ?
Vitinha et Khvicha Kvaratskhelia se sont ajoutés à la longue liste des joueurs parisiens blessés en ce début de saison. Des pépins qui tombent forcément mal à l’approche du premier gros choc européen face à Barcelone, mais qui n’ont rien de surprenant. Éléments de réponse avec deux préparateurs physiques.

Ousmane Dembélé, Désiré Doué, Marquinhos, João Neves, Vitinha et Khvicha Kvaratskhelia. Ces six joueurs majeurs du Paris SG sont blessés ou incertains avant la rencontre à Barcelone ce mercredi. Cette hécatombe dans l’effectif du PSG est inquiétante, mais pas anodine. Elle s’explique par plusieurs facteurs. Ancien préparateur physique de l’Olympique lyonnais, Alexandre Marles est tout sauf étonné des nombreuses blessures dans le camp du champion d’Europe en titre et chez d’autres grands clubs européens. « Les joueurs sont focalisés sur un an de compétition désormais, ce qui n’existe dans aucun autre sport, pointe celui qui a également travaillé pour Manchester City, Chelsea ou encore Tottenham. Les organismes ont besoin de récupérer, mais même mentalement, il faut une décompression. Le problème, c’est qu’au PSG, la plupart des joueurs ont repris très vite et n’ont eu que trois semaines de break, donc c’était prévisible dans les conditions de début de saison. »
« Le Mondial des clubs a fait beaucoup de dégâts »
Réputé pour la bonne gestion de son effectif, Luis Enrique, l’entraîneur du club de la capitale, n’a sûrement pas pu faire souffler ses protégés comme il le souhaitait, notamment à cause de la Coupe du monde des clubs, qui est à l’origine de beaucoup de pépins aujourd’hui pour Xavier Frezza, préparateur physique personnel de joueurs de haut niveau européen : « Le Mondial des clubs a fait beaucoup de dégâts. Les clubs sortaient d’une saison déjà très dense avec le nouveau format de la Ligue des champions, donc sans surprise, c’est une catastrophe, mais on ne s’en rend compte qu’aujourd’hui. C’est en grande partie des blessures musculaires, ce qui peut sous-entendre une fatigue et qu’il y a une surcharge importante. » Une autre réalité est que les joueurs ont toujours plus faim de matchs et que leur faire rater les cinq premiers rendez-vous de la saison est inimaginable, même si cela aurait été nécessaire selon ces professionnels de santé.
Maintenant, dans ce football où la récupération se raccourcit de plus en plus, les préparateurs physiques du PSG auraient-ils pu vraiment faire les choses différemment pour éviter cette hécatombe ? Alexandre Marles en doute fortement : « C’est difficile pour les préparateurs physiques. Il faut se remettre dans le rythme et les joueurs devaient jouer très vite. Mais concrètement, c’est impossible en aussi peu de temps. Une préparation physique d’avant-saison, c’est 4 à 6 semaines. Là, il n’y en a pas eu. Aujourd’hui, Paris paie les pots cassés. »
Tous les ans, le club qui aura tout raflé et qui ira loin dans toutes les compétitions aura de grandes chances d’avoir une cascade de blessures la saison suivante.
Heureusement, le club de la capitale dispose d’un effectif large et pourra tout de même aligner un onze de qualité à Barcelone ce mercredi, tout en pensant à prendre de nombreuses précautions : « Enrayer la mécanique, c’est très compliqué, puisqu’avec autant d’absents, le groupe va se restreindre et donc ceux qui jouent moins de rencontres à haute intensité vont être plus sollicités et il faudra gérer ce changement de charges. La clé sera de ménager leur temps de jeu, et de remplacer les joueurs qui ont une alerte à la 60e minute. En définitive, prendre soin des valides et surtout ne pas faire reprendre trop rapidement les blessés, à cause du risque de récidive. »
Des préparateurs physiques démunis
Dans ce genre de cas, le temps de convalescence est un enjeu important pour les staffs médicaux, qui se mettent également à serrer les dents. « Quand il commence à y avoir du monde à l’infirmerie, ça se tend dans le staff, assure l’ancien préparateur physique des Gones. Certains kinés dans les clubs s’occupent de 4-5 joueurs en même temps et si ces derniers sont tous blessés, le planning devient dingue et la pression est forte. » Joueurs, staffs, entraîneurs tentent tous les jours de répondre à l’exigence du haut niveau et à l’enchaînement infernal des rencontres, mais forcément à un moment, cela coince. « Selon moi aujourd’hui, on ne peut que constater les dégâts, souffle Frezza. Le constat est triste, amer, mais la réalité est que les préparateurs physiques sont assez démunis. Tous les ans, le club qui aura tout raflé et qui ira loin dans toutes les compétitions aura de grandes chances d’avoir une cascade de blessures la saison suivante… C’est inévitable. » Ainsi va le foot pour les grands clubs en 2025, celui où les profits ont pris le dessus sur la santé des joueurs.
Barça - PSG : prends ta place pour la soirée So Foot !Par Thomas Morlec