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De Laurentiis et les ultras du Napoli : le bruit du silence

Par Florian Porta, avec Maxime Renaudet

En passe d'aller chercher son troisième Scudetto et de réaliser une saison historique, le Napoli doit pourtant faire face à la gronde de ses supporters. Leur cible : Aurelio De Laurentiis et ses inspirations anglaises.

De Laurentiis et les ultras du Napoli : le bruit du silence

Dimanche 2 avril : Naples accueille l’AC Milan dans un choc qui, en plus d’être une passation de pouvoir entre le champion en titre et son futur successeur, ressemble surtout à une mise en bouche avant la double confrontation entre les deux écuries en quarts de Ligue des champions. Trois batailles à livrer en moins de trois semaines face au même adversaire : l’occasion pour le Napoli, large leader de Serie A, et le stade Diego Armando Maradona, d’envoyer un message aux Milanais dès cette première manche. Raté. Balayés sur leur pelouse (0-4), les Partenopei le sont également en tribunes. À la suite d’une grève d’une bonne partie des ultras, l’enceinte, d’ordinaire volcanique, reste silencieuse pendant que les tifosi milanais s’en donnent à cœur joie. Le résultat de longues semaines, voire d’années, de défiance envers Aurelio De Laurentiis, de plus en plus contesté malgré l’incroyable saison réalisée par le club.

« De Laurentiis a toujours été un étranger à Naples »

« La relation entre De Laurentiis et les supporters est caractérisée par des tensions depuis de nombreuses années, il suffit de voir ce qui est écrit sur les murs de la ville », retrace Ciro Troise, journaliste pour le Corriere della Sera et rédacteur en chef de IamNaples.it. Massimo Gallo, à la tête du site de supporters Il Napolista, dans des propos rapportés par La DH, abonde : « Culturellement, De Laurentiis a toujours été un étranger à Naples. Il n’a jamais été bien vu, ni par les supporters purs et durs, ni par une grande partie de la ville. » Pourtant, quand il débarque en Campanie en 2004, Aurelio De Laurentiis endosse d’emblée le costume de sauveur d’un club qui vient de passer par la case faillite et qui doit redémarrer en Serie C1 (désormais Serie C), le troisième échelon du football italien. « Pour ma part, même s’il n’est pas napolitain, j’apprécie le président. C’est grâce à lui si on en est là aujourd’hui et que le club n’a pas de dettes. Après, c’est vrai que quand j’étais jeune, l’ambiance était plus festive à San Paolo  », admet Gianfranco, la soixantaine et abonné en Curva A.

« Les premières années sous De Laurentiis ont été positives, rembobine Saverio Passaretti, président de l’associazione Italiana Napoli Club (AINC), chargé de coordonner les différentes activités des clubs de supporters affiliés au Napoli. Il y a eu des contacts avec le directeur général de l’époque, Pierpaolo Marino, un quota de billets gratuits pour les clubs de supporters et même des échanges avec les joueurs. » Mais cette idylle ne dure pas. « Ces tensions remontent à loin, je me souviens d’un Napoli-Frosinone en Serie B en 2007 avec déjà des signes de tension, rejoue Troise. Cette relation houleuse a ensuite été alimentée par une distance créée entre la ville de Naples et le président, notamment à propos de certaines déclarations qui ont blessé les Napolitains à plusieurs reprises. »

«  Ce ne sont pas de vrais supporters, ce sont des délinquants  »

Alors que des échauffourées entre Napolitains éclatent en tribunes lors de la partie face à Milan, le président du Napoli en profite, une nouvelle fois, pour reprendre de volée ses propres ultras : « Ce ne sont pas de vrais supporters, ce sont des délinquants à qui on permet d’aller au stade, s’en prenant aux familles et aux vrais tifosi avec des incidents qui sont sous les yeux de tous. » Une déclaration qui ne passe pas pour Ciro Troise : « Diaboliser les supporters organisés est une grave erreur. Les violents devraient être écartés du stade, mais il est contre-productif de se passer de la passion et du soutien de ces groupes. Le défi n’est pas d’interdire, une pratique facile et récurrente en Italie, mais de faire coexister le respect des règles et cette ferveur, comme c’est le cas dans tant d’autres pays. » D’autant plus que les ultras sont privés, depuis de long mois et des affrontements avec ceux de la Roma, de tout leur matériel, comme le rappelait Alessandro Cosentino, capo des Feday de la Curva B avant la partie face à Milan : « La question de la réglementation est qu’elle ne s’applique qu’aux « Curve » (les virages), car les banderoles et les drapeaux entrent dans les “distinti” (les tribunes latérales). Il s’agit donc d’une disposition réservée exclusivement aux secteurs ultras. »

En réponse, le club lâche un communiqué pour le moins laconique, rappelant ladite réglementation autour des drapeaux et banderoles pouvant entrer dans le stade. « L’opinion publique est partagée, beaucoup voudraient que les groupes organisés soient autorisés à amener des drapeaux, des mégaphones, des tambours ou des banderoles », confesse le journaliste napolitain. Les mêmes supporters déplorent également l’augmentation des tarifs pour pouvoir se rendre au stade et ont profité de l’avant-match face aux Rossoneri, en dehors de l’enceinte, pour se rassembler et se faire entendre.

De Laurentiis, lui, continue de se justifier : « Milan va encaisser plus de dix millions d’euros quand on va aller là-bas (à l’aller, succès 1-0 des Milanais mercredi dernier) et nous, on arrivera peut-être à cinq millions (au retour, ce mardi). » Une inflation face à laquelle Passaretti se montre compréhensif : « Il est clair que l’augmentation des prix vient aussi du fait qu’il y a des adversaires prestigieux en face. C’est pareil au théâtre, vous payez 50 euros pour aller voir un artiste moyen et 150-200 euros pour un artiste plus important. C’est la loi de l’offre et de la demande. Et la demande est énorme dans ces cas-là. » Le gros du problème concerne surtout les virages : « Il est clair que ceux qui sont dans les virages se plaignent de payer 90 euros pour être en virage. C’est beaucoup mais, encore une fois, cela dépend de l’importance de l’événement. On parle d’un quart de finale, d’une éventuelle demi-finale… Les coûts sont justifiés. » Toujours est-il que ce nouvel accroc suffit à déliter des relations déjà plus que fraîches entre De Laurentiis et ses supporters. Et pour cause, le président du Napoli a un rêve plus grand : celui de suivre le modèle anglais.

Le rêve anglais

« De Laurentiis a toujours été attiré par la rapidité et la fermeté dans le respect des règles à l’intérieur des stades, ses références constantes aux stades anglais s’expliquent précisément dans le contexte des tensions historiques avec les ultras, raconte Ciro Troise. Rappelons qu’en 2019, après les travaux du stade, des amendes ont été émises pendant quelques mois pour des violations des règles d’utilisation identifiées grâce au système de caméras de vidéosurveillance. Une pratique qui a ensuite été abandonnée début 2020, peu avant l’interruption liée au Covid. »

Là encore, les ultras ne goûtent que très peu ce genre de pratiques, tout comme l’instauration de la carte de fidélité vendue vingt euros et devenue un outil indispensable pour se procurer des places en ligne. Une simple formalité pour Saverio Passaretti : « Je crois que toutes les personnes qui se soucient du sort du Napoli n’ont rien contre le fait de souscrire à la carte de fidélité. C’est un acte de loyauté envers le club qui vous permet d’acheter librement n’importe quel type de billets. » La réalité semble un peu plus nuancée comme le rappelle le journaliste : « La carte de supporter est née en 2009 avec le quatrième gouvernement Berlusconi, elle sert à créer un mécanisme de fidélisation qui surveille encore plus les spectateurs dans les stades. Elle a été contestée par les ultras principalement parce que les personnes condamnées pour des délits de stade, même avec du sursis, et celles qui ont pris le Daspo (interdiction d’accès aux événements sportifs, NDLR) et purgé leur peine ont été exclues. En 2017, la carte de supporter a un peu changé, elle est devenue une carte de fidélité de facto, mais pour certains groupes organisés dans le monde des supporters italiens, et pas seulement à Naples, elle reste un outil indésirable qui limite les droits des supporters. » 

Des droits que les ultras tentent de conserver. Voilà pourquoi ils en sont arrivés à se taire lors de la réception de Milan en championnat. Un scénario que Luciano Spalletti ne veut pas revivre ce mardi soir. Le technicien italien y est allé de ses menaces en conférence de presse, indiquant qu’il serait prêt à quitter le stade ce mardi soir si l’ambiance n’était pas au rendez-vous. « De Laurentiis se doit d’être un homme de gouvernement, d’oublier les rancœurs et de remporter une nouvelle victoire, la plus importante : créer un bon climat dans le stade et dans la ville », indique Ciro Troise à l’aube de célébrations qui promettent déjà. Sans doute la raison pour laquelle, à la suite du coup de pression de son entraîneur, ADL s’est arrangé pour rencontrer les différents groupes de supporters du Napoli juste avant la rencontre face au Hellas Verone ce samedi.

Résultat immédiat puisque le stade Diego Armando Maradona a retrouvé sa ferveur originale dans la foulée, et ce, malgré la piètre performance de ses ouailles (0-0). « À un moment décisif de la saison, cela peut donner un énorme coup de pouce et c’est une grande poussée d’adrénaline surtout en vue de la Ligue des champions », se réjouit le président de l’AINC. Une bonne nouvelle pour le Napoli qui aura bien besoin d’un stade en éruption pour renverser les Milanais ce mardi soir.

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Par Florian Porta, avec Maxime Renaudet

Propos de Passaretti et Troise recueillis par FP.
Ceux de Gianfranco par MR, à Naples.

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