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Dani Alves, la tête, les pieds et les micros

Revenu à son meilleur niveau depuis une saison et demie, Dani Alves n’a jamais déçu par son bagou. Une nouvelle preuve en a été donnée la semaine passée lorsque le latéral barcelonais s’en est pris frontalement à la presse espagnole. À raison, n’en déplaisent à certains.
« NiAs, niMarca. Je ne vais pas répondre à vos questions. Moi, je suis comme Mourinho, je ne parle qu’avec les chefs. » Friand de punchlines et phobique de la langue de bois, Dani Alves se veut une mine d’or pour journalistes. Sauf pour ceux des principaux quotidiens merengues, et plus gros tirages du pays, donc. Cette brouille, vieille de novembre dernier en conférence de presse, n’est pas la première entre le Brésilien et les gratte-papier, ni la dernière. Au lendemain du second derby barcelonais de 2016, le latéral droit du FCB s’est fendu d’un message peu propice aux doutes quant à son attachement pour la presse : « Chaque jour qui passe me donne encore plus honte de faire partie de ce sport(…). Aujourd’hui, nous sommes des objets utilisés par la presse pour son propre bénéfice. On parle toujours moins de football, de stratégie, des actions, des dribbles, des buts, des parades, du spectacle… « Quelle saloperie ». » En cause, la couverture médiatique du derby houleux de Copa disputé au Camp Nou, que Dani Alves juge complaisante envers une supposée violence des Pericos. Et s’il n’avait pas tort ?
Une rectification salvatrice
Assez fleuris, les termes du Brésilien résonnent encore dans toutes les rédactions sportives d’Espagne. De Madrid à Barcelone, de Valence à Séville, tout bon journaliste s’est senti offusqué par une telle charge. Dans la foulée, l’Association espagnole de presse sportive, la bien nommée AEPD, souhaite « une rectification » . « Nous ne savons pas quelle pourra être sa prochaine connerie » , insiste Julian Redondo, président de ladite organisation. La correction intervient sitôt le coup de sifflet final du match de Liga remporté face à Grenade : « Il y a un mot que j’ai utilisé et que je retire, mais je maintiens tout le reste. » Dani Alves détaille ainsi dans les coursives du Camp Nou que « certains médias et informations sont de la merde. » Comme preuve, il pointe du doigt la suspension de deux matchs infligée à Luis Suárez pour une brouille supposée à la fin de la manche aller des huitièmes de finale de Copa del Rey. Une punition qui fait jaser, d’autant plus que certains témoins présents dans le tunnel du Camp Nou affirment que Javier Mascherano aurait proféré cette menace à l’encontre des joueurs pericos.
Dans l’esprit de Dani Alves, cette suspension est le fruit des pressions de certains médias pro-Madridistas. Plus que les canards Marca ou As, les talk-shows à forte audience pour décérébrés sont visés : pêle-mêle, les émissions Punto Pelota, El Chiringuito ou celles de Deportes Cuatro. Elles jouent les vierges effarouchées et répètent leur devise passe-partout : « Nous sommes là pour informer. » Un leitmotiv des plus dignes s’il n’était basé sur un autre sport national en Espagne : la polémique. Plutôt qu’analyser l’apport de Luis Suárez, la vista de Neymar ou l’utilité de Rakitić, ces émissions préfèrent s’attarder sur des faits de match, ou de zone mixte, en leur offrant une importance démesurée. Par là même, ces émissions sont les premières à s’attrister des débordements violents. Ce qui fout hors de lui Dani Alves : « Certains médias et informations sont de la merde parce qu’ils n’apportent rien au football. Ensuite, les gens se plaignent de la violence, des insultes(…). Mais il ne faut pas se plaindre de cette violence sur les terrains ou dans les tribunes si les informations sont gonflées. »
Piqué, « merveilleuse minorité » et menace de mort
Entre rivalité et haine, certains médias ne font guère de différence. Un autre protagoniste blaugrana en fait d’ailleurs les frais depuis cet été. Gerard Piqué, grande gueule affirmée et Culé rempli de fierté, aime à se rappeler aux bons souvenirs de ces rivaux héréditaires que sont Real Madrid et Espanyol. Sans méchanceté, sans insulte, ses sorties médiatiques offrent un humour de bon goût, en atteste sa dernière : « Ils forment une merveilleuse minorité. J’espère qu’ils arriveront au moins à remplir leur stade. » La commission de discipline de la LFP, bien aidée par un tapage médiatique de tous les instants, s’est saisie de l’affaire. Ce, alors même que des chants évoquant la mort de son fils Milan et de sa femme Shakira ont été proférés quelques jours plus tôt dans le Cornellà-El Prat… Une certaine vision de la liberté d’expression. Dans un univers du ballon rond toujours plus policé, Dani Alves et Gerard Piqué peuvent certes exaspérer. Ils n’en demeurent pas moins de « bons clients » adeptes du franc-parler. Autant de caractéristiques qui devraient réjouir les rédactions du pays. Ou pas.
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