- Éliminatoires Euro 2016- Groupe H
- Italie/Malte
Conte a la tête ailleurs

Alors qu'il tente de reconstruire une équipe d'Italie convalescente, Antonio Conte est contraint de scruter régulièrement les actualités du procès pénal de l'affaire Calcioscommesse.
La Nazionale n’a pas encore gagné la moindre rencontre en 2015, son bilan annuel étant jusqu’à maintenant de trois matchs nuls et une défaite, tandis qu’apparaissent des joueurs de MLS dans la dernière liste de convoqués. Antonio Conte savait que son nouveau job ne serait pas une promenade de santé, et des doutes ont été régulièrement émis quant à sa permanence à la tête de la Squadra Azzurra. C’est que, depuis sa prise de fonctions, les vieux démons du Calcioscommesse resurgissent et l’empêchent de travailler sereinement.
Tête de gondole malgré lui
L’ex-entraîneur de la Juve n’a jamais digéré son implication dans cette affaire, et il l’avait fait clairement savoir lors d’une conférence de presse entrée dans l’histoire le 23 août 2012. Un règlement de comptes dans les règles de l’art qui lui avait valu 25 000 € d’amende. Surtout, il n’encaisse toujours pas le fait de voir sa tête en une dès que l’on parle de ce scandale, et même quand cela ne le concerne pas directement. Pour cause, le sélectionneur italien a un rôle très marginal. Il y a trois ans de ça, la justice sportive le condamna à quatre mois de suspension pour omission de dénonciation concernant la rencontre Albinoleffe-Siena en se basant sur les paroles d’un repenti, Filippo Carobbio, contre celle d’un vestiaire entier. Selon ce dernier, Conte, alors entraîneur des Toscans, ne se serait pas opposé à l’idée de laisser gagner l’adversaire du jour lors du dernier match de la saison sans enjeu pour Siena (montée en Serie A déjà acquise). Résultat, quatre mois de pigeonnier pour l’entraîneur de la Juve et une réputation bien entachée. En outre, deux autres de ses anciennes équipes, l’Atalanta et Bari, ainsi que de nombreux joueurs qu’il a dirigés se sont retrouvés mouillés jusqu’au cou. S’il a été entendu comme simple témoin à propos de ces autres dossiers, cela n’a fait qu’égratigner un peu plus son image.
Après le procès sportif, le procès pénal
Alors que la justice sportive continuait d’enchaîner ses procès et que d’autres parquets d’Italie bossaient sur de possibles nouveaux cas de matchs arrangés, celui de Crémone poursuivait son enquête jusqu’au printemps dernier. Quatre ans, c’est le temps qu’il a fallu pour entendre les suspectés et analyser toutes les preuves. Au terme de ce travail, le procureur général Roberto Di Martino propose sa liste d’inculpés, ils ne sont pas moins de 104. Parmi eux, Stefano Colantuono (coach de l’Udinese), Stefano Mauri (capitaine de la Lazio) et donc Antonio Conte, passé entre-temps à l’ennemi, puisqu’après tout, la justice sportive qui l’a condamné, injustement selon lui, est rattachée à la fédé italienne. L’accusation est de fraude sportive, délit relativement récent pour la justice italienne, toujours pour la rencontre Albinoleffe-Siena de mai 2011. On reproche à Conte de « ne pas avoir su sauvegarder la conduite morale des joueurs, c’est-à-dire les surveiller afin qu’ils respectent les principes de loyauté et de probité » . Nous ne sommes pas loin du « il ne pouvait pas ne pas savoir concernant le match arrangé » de la justice sportive. Devant ces accusations un brin alambiquées, Conte ne bronche pas, mais a toujours autant de mal à encaisser.
Procès au printemps prochain ?
Qu’en pensent les Italiens ? Il y a ceux qui exigent une démission immédiate, se contrefoutant de la présomption d’innocence, il y a le président fédéral Carlo Tavecchio qui le défend. Et puis, il y a le juge des enquêtes préliminaires qui devra accueillir, négativement ou positivement, la requête de son procureur général. Une décision qui devrait être prise d’ici la fin de l’année et qui pourrait donc mettre fin à cet imbroglio. En cas d’avis positif en revanche, Conte demandera le processus accéléré, pas de témoins ou de preuves, juste des débats à partir des conclusions de l’enquête. S’il ne risque pas grand-chose, l’idée est de se sortir le plus vite possible de cette délicate situation afin d’affronter l’Euro 2016 dans les meilleures conditions. Mais vu la légendaire lenteur de la justice italienne, Conte pourrait bien se présenter en France avec une épée de Damoclès, ou plutôt un fleuret, au-dessus de la tête, mais tout de même très gênant.
Brentford rachète un club espagnolPar Valentin Pauluzzi