- Coupe de France
- 32es
- Lyon-Saint-Cyr (3-0)
Clément Guillot : « À 0-0 à la mi-temps, on s’est pris à rêver »
Vaillant pendant 90 minutes contre l’Olympique lyonnais, le FC Saint-Cyr Collonges a bien fait valoir son statut de petit Poucet. Modeste équipe de Régional 1, ce club de la métropole de Lyon a vécu pendant plusieurs semaines la frénésie de la Coupe de France. Une épopée vécue à travers son entraîneur Clément Guillot, déjà habitué de la compétition.
À quel point ça change la vie, de jouer un tel match de Coupe de France ?
Le dimanche de notre qualification avait déjà un peu tout changé, mais le tirage nous a envoyés dans une autre dimension. Il fallait s’organiser, trouver un stade, pendant qu’on devait jouer d’autres matchs en championnat. L’Olympique lyonnais nous a aidé à assurer, car on n’avait pas l’habitude de s’occuper de la sécurité à un point professionnel. Ils nous ont permis de se concentrer sur tout le reste. À savoir, lancer une commande d’écharpes, organiser la billetterie, un petit kop pour nos supporters. Et ils nous l’ont bien rendu, car au dernier entraînement sous une pluie battante, il y en avait une centaine pour nous accompagner ! Tous chauds avec des tambours, à nous pousser tard le soir. On a même pu en laisser certains pour faire la reconnaissance du terrain avec nous.
Comment prépare-t-on un match comme celui-ci, face à l’équipe que l’on supporte depuis tout petit ?
Forcément, notre rêve au moment du tirage, c’était de tomber sur l’Olympique lyonnais. Moi et 90 % de l’effectif sommes fans du club, certains sont abonnés au Groupama Stadium depuis des années. Quand c’est arrivé, c’était comme un rêve éveillé ! On n’a même pas suivi le reste du tirage tellement tout était parfait pour nous. (Rires.) Face à cela, je n’ai pas tant souhaité modifier notre programme habituel. On s’entraîne déjà trois fois par semaine, il y a près de 500 licenciés pour un seul terrain. Séance vidéo, puis entraînement terrain. La seule différence, c’est qu’on a vécu la journée de dimanche tous ensemble, pour en profiter au maximum.
Le prêtre du village est même venu en voiture pour assister au match et est même venu sur la photo d’équipe dimanche ! Malheureusement, il a oublié de bénir l’équipe.
Lorsque l’arbitre siffle la mi-temps et vous renvoie aux vestiaires à 0-0, vous avez commencé à croire que vous alliez encore faire un match sans encaisser de but en Coupe de France ?
Se retrouver à 0-0 à la mi-temps, faire en sorte que les supporters huent leurs joueurs, ça prouvait qu’on était dans le vrai. Forcément, nos bons résultats depuis le troisième tour nous offrent une certaine confiance derrière. À ce moment-là, on s’est pris à rêver pour être honnêtes. On s’est dit que chaque minute nous offrait une chance supplémentaire, et menait à ce qui avait piégé les Lyonnais la saison dernière. Un peu comme le plan que l’on avait organisé contre Thonon Évian au septième tour (0-0, 4-2 TAB). On avait un bloc médian certes, mais on a souhaité proposer du jeu, être protagoniste pour leur faire mal. Personnellement, je retiendrai qu’à la 85e minute, on était à 1-0 et on a tenté de pousser pour égaliser. Là est ma plus grande fierté.
Vu du terrain, il y a un joueur qui vous a impressionné en particulier ce soir-là ?
De mon côté, forcément j’ai envie de dire que tout le monde a donné son maximum. Maintenant, on peut dire qu’en défense centrale, Sekhouba Souaré s’est comporté comme un capitaine, a eu beaucoup de courage et s’est arraché sur chaque duel. On a peut-être péché offensivement, mais on a fait un bon match. Sinon en face, l’entrée de Pavel Šulc nous a fait du mal, il a apporté toutes ses qualités. Il a un sens du but très particulier, avec ses appels… Afonso Moreira est un joueur que l’on a trouvé très intéressant aussi.

En sachant que vous avez un passif particulier avec la Coupe, c’est quand même votre plus belle histoire, ce match contre l’Olympique lyonnais ?
Très clairement, ouais. Je réfléchissais à cette question avant le match. Il y avait une épopée en tant que joueur avec Chasselay, contre Monaco. Il y avait une fois avec Saint-Cyr où l’on avait failli sortir Grenoble il y a quelques années. Mais maintenant que c’est passé, je n’ai plus de doutes. Quand on remplit 1 000 places pour des matchs, qu’on fait pleurer des adultes pour des matchs de football, ça dépasse tout ce que j’aurais imaginé. Quand tu vois ce qui s’est passé sur le terrain et en dehors, c’est juste extraordinaire.
Pour le club en lui-même, qu’est-ce que cette affiche a pu offrir ? De la confiance pour accrocher le maintien en Régional 1 ?
À la base, on n’était connus que dans le département, car on restait un club de district. Il y a cinq, six ans on était encore en Départemental 2, puis on a enchaîné les promotions. C’est un peu pour ça qu’on a encore de petites infrastructures. Maintenant, on va être vus comme une équipe qui a joué dans un grand stade, tenant tête à l’OL. Et ce sur le plan national. Mais je dirais que ça a permis de rapprocher les deux communes du club, qui sont Saint-Cyr-au-Mont-d’Or et Collonges-au-Mont-d’Or. Dans le village, on était klaxonnés, on était applaudis. La fanfare de Saint-Cyr est venue jouer devant le stade. Le prêtre du village a assisté au match et est même venu sur la photo d’équipe dimanche ! Malheureusement, il a oublié de bénir l’équipe. (Rires.) Ce tirage nous a donné énormément de force. Cette affiche ne nous a pas pénalisés, puisqu’on a gagné deux matchs de championnat entre deux, là où c’était plus difficile à l’origine. Content quand même qu’il y ait la trêve. Ça va être un peu comme refaire une deuxième saison, passer du tout au tout. Se rendre compte que c’est éphémère. C’est un peu ça, la magie de la Coupe de France.
Coupe de France : un club amateur est prêt à laisser la recette du match à l’OLPar Mathieu Plasse
Propos recueillis par Mathieu Plasse.



























