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Clément Depres : « Ce retour à Nîmes, c’est vraiment l’amour du maillot »

Propos recueillis par Clément Gavard
13 minutes

Ce vendredi après-midi, le Nîmes Olympique retrouve le chemin de l’entraînement après avoir validé sa présence en National 2 devant la DNCG. Ce sera avec Clément Depres, 30 ans, qui a fait le choix du cœur en revenant dans son club formateur, tout en faisant une entrée dans le capital en compagnie d’autres anciens de la « Génération Costières ». Tout ça après une aventure dépaysante en Thaïlande.

Clément Depres : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Ce retour à Nîmes, c’est vraiment l’amour du maillot<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Comment as-tu vécu ce début de semaine particulier entre le stress, puis le soulagement de voir Nîmes valider son maintien en N2 devant la DNCG

Je ne suis pas quelqu’un de très stressé. J’avais rencontré le président (Thierry Cenatiempo, NDLR) qui m’avait expliqué qu’ils avaient absolument tout fait pour que ça passe, et c’est passé. J’étais assez serein finalement, j’avais confiance dans les nouveaux dirigeants.

Ton retour au Nîmes Olympique était conditionné à cette décision. Quel a été le cheminement pour te convaincre de revenir, à 30 ans, dans ton club formateur ?

Ce n’était pas vraiment prévu. En fait, je connais très bien le coach qui vient d’être mis en place (Mickaël Gas, 32 ans, lui aussi formé à Nîmes, NDLR), c’est un ami avec qui j’ai été formé. On s’est croisés à plusieurs reprises pendant l’été et il m’en a parlé en me disant qu’il venait d’être diplômé et qu’il allait peut-être reprendre la N2. Il me dit : « Est-ce que ça te dirait ? » Dans un premier temps, j’ai donné le genre de réponse pour noyer le poisson, ne pas dire non, ne pas dire oui. Puis la question s’est vraiment posée, et je me suis dit que c’était la bonne chose à faire. C’est mon club formateur, j’y ai tout vécu, ce club m’a construit, m’a donné une identité… C’est compliqué de mettre des mots sur ce choix. J’avais des propositions bien plus importantes en Thaïlande par rapport à ce que je vais toucher à Nîmes, mais il y a des choses qui ne s’expliquent pas. C’est un choix du cœur. Ce retour, c’est vraiment l’amour du maillot et je me dis que je dois ça à ce club.

 

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Comment as-tu suivi et vécu la descente aux enfers du club des dernières années en étant à distance ?

C’était un véritable crève-cœur. On voyait tomber le club et c’était difficile, le pire, c’est de ne rien pouvoir faire, même pas aller au stade pour encourager. D’un autre côté, on le sentait arriver, c’était une suite logique de tout ce qui s’était passé sur les quatre dernières années. Mais aller en N2… c’était très compliqué de se dire que c’était une possibilité. Et pourtant…

Ça n’avait aucun sens d’arrêter le centre de formation : tout ce qui a fait la réussite de Nîmes, ça a toujours été avec des joueurs du cru.

Tu étais en colère contre le président Rani Assaf ?

Non, pas en colère. J’ai eu affaire à lui quand j’étais au club, ça ne s’est pas très bien fini entre nous deux. Je lui avais dit : « Vous êtes un super actionnaire, mais vous êtes un mauvais président. » Au niveau du management et du recrutement, il n’a vraiment pas été bon. Il y a des torts chez tout le monde : la mairie, M. Assaf, etc. Il portait quand même un projet sympa, avec un super stade à Nîmes, ça aurait été quelque chose de génial. À partir du moment où ils ont arrêté le centre de formation, c’est peut-être là où j’en voulais à M. Assaf. Ça n’avait aucun sens : tout ce qui a fait la réussite de Nîmes, ça a toujours été avec des joueurs du cru. Toujours. Je ne comprends pas cette décision, j’espère qu’on remettra vite ça en place.

Tu es né à Mus, une petite commune du Gard située quasiment à mi-chemin entre Montpellier et Nîmes. Comment es-tu tombé amoureux de ce club ? 

Eh ben, on va dire que je suis né du bon côté, celui du Gard ! J’ai étudié à Sommières, qui est vraiment la frontière Gard-Hérault, donc j’ai toujours eu cette rivalité Nîmes-Montpellier. Très jeune, mon père m’a emmené aux Costières plutôt qu’à la Mosson, et ça a commencé comme ça. À 16 ans, j’ai signé au Nîmes Olympique et je suis tombé sur un coach (Yannick Dumas, aujourd’hui au PSG, NDLR) dingue de ce club, de cette ville, et il a réussi à me transmettre ça. Il y a eu les années, les montées jusqu’à la Ligue 1 et voir aussi ce que cette ville a de plus beau. Petit à petit, j’en suis tombé amoureux.

Qu’est-ce qui rend la ville de Nîmes si spéciale ?

On a réellement une histoire et un ADN inscrits dans cette ville depuis longtemps, avec tous les monuments qui font notre fierté. Le Nîmois est chauvin, aussi, comparé à des villes comme Montpellier où les gens sont beaucoup de passage, sans jugement. Nous, ils restent à Nîmes, ils vivent à Nîmes, il y a ce chauvinisme. On a nos défauts, la ville n’est pas parfaite, mais on a cette particularité d’être très attachés à nos monuments, notre mentalité, ce côté sang chaud et excessif. C’est aussi ce qui a fait les plus beaux jours du Nîmes Olympique dernièrement.

Le fait de partir, ça permet de se rendre compte qu’on n’a pas ça partout et qu’on a de la chance, en plus des férias, des fêtes de village, ce sont des ambiances qu’on ne retrouve pas ailleurs.

Être parti à Rodez et surtout en Thaïlande, à des milliers de kilomètres, ça doit donner un côté encore plus nostalgique dans ton rapport à la ville, non ?

Oui, c’est vrai. Par exemple, là, je suis posé dans un café devant les arènes de Nîmes, ça devient habituel de les voir tous les jours. Le fait de partir, ça permet de se rendre compte qu’on n’a pas ça partout et qu’on a de la chance, en plus des férias, des fêtes de village comme à Mus, ce sont des ambiances qu’on ne retrouve pas ailleurs. Et ça manque beaucoup, quand on ne revient que de temps en temps. Donc revenir de façon définitive, c’est extraordinaire.

 

Tu sors d’une année en Thaïlande, la première à l’étranger de ta carrière, où tu jouais au Ratchaburi FC. C’était comment, cette aventure ?

Très difficile dans un premier temps, c’était une première. Rodez, ce n’était pas très loin de chez moi. C’était un choix de vouloir vivre quelque chose de fou grâce au foot. Les 10-15 premiers jours ont été très durs, entre le décalage horaire, le fait d’être seul et la nouvelle culture. Puis, ma compagne m’a rejoint, et ça s’est très bien passé, comme sur le plan sportif. Une fois que j’ai réussi à trouver mes marques, j’ai découvert un pays incroyable.

Qu’est-ce qui t’a marqué là-bas ?

J’ai fait tout ce qu’il était possible de faire avec le temps que j’avais. La découverte de la vraie Thaïlande, c’est ce qui m’a fait le plus gros choc. Je ne parle pas de Bangkok, mais vraiment là où j’étais (Ratchaburi est à 100 kilomètres à l’ouest de la capitale, NDLR) ou même un peu plus loin dans les terres. On allait sur les marchés pour découvrir ce que les gens mangent, voir comment ils vivent. Ils ont cette culture du zéro stress, du respect total des autres, sans méchanceté. C’est ça qui me donne envie de retourner là-bas en vacances, les gens sont ultra-respectueux. On devrait peut-être s’en inspirer ici. La spécialité aussi là-bas, c’est que tout est facile, on peut manger à n’importe quelle heure sur le bord de la route. Le bon gros Sticky Rice, c’est un dessert extraordinaire, j’en mangeais quasiment tous les jours.

Quand j’étais jeune, j’avais des ambitions, je voulais gagner des trophées, être en équipe de France. Puis, bon, les blessures et peut-être aussi mon niveau ont fait que je n’ai pas pu prétendre à ça, donc il faut savoir se remettre en question.

C’est aussi comme ça que tu vois le foot, une occasion de vivre ce genre de choses ?

Complètement. Quand j’étais jeune, j’avais des ambitions, je voulais gagner des trophées, être en équipe de France. Puis, bon, les blessures et peut-être aussi mon niveau ont fait que je n’ai pas pu prétendre à ça, donc il faut savoir se remettre en question. Aujourd’hui, la Ligue 2, je la connais, c’était le moment de découvrir des choses incroyables grâce au foot. J’ai conscience qu’être bien payé pour aller jouer au foot en Thaïlande, c’est une chance que 95% de la population aimerait avoir. Je ne regrette pas du tout, c’était une belle opportunité qui s’est concrétisée rapidement. Il y avait un peu de peur, mais pas trop d’hésitation.

Qu’est-ce qui est différent aussi là-bas au niveau de l’approche du foot ?

Le management ! Là-bas, tu es un mercenaire ! Tu es considéré comme ça, si tu n’es pas bon, c’est que tu n’as pas eu envie de jouer ou que tu es juste là pour ton oseille. C’est un peu particulier à appréhender au début, les dirigeants n’ont pas d’états d’âme. Tu peux être fatigué ou avoir tes raisons, si tu n’es pas bon tu dégages. Un joueur de mon équipe a fait la prépa pendant un mois et demi, un match et il est parti. En France, on a les conventions, le droit du travail, là-bas ça n’existe pas. C’est un management très particulier.

À quelle division française peut-on comparer la D1 thaïlandaise ?

C’est compliqué de faire une comparaison, je donne cette réponse à tout le monde. Les Thaïlandais sont très bons techniquement, mais beaucoup moins tactiquement et physiquement. C’est pour ça qu’ils viennent chercher des étrangers, qui ont de la taille et de la puissance, notamment des Brésiliens, les Français, les Espagnols. Il y a des équipes qui pourraient jouer en Ligue 2, les étrangers français ont généralement évolué en National… L’adaptation au climat, c’est aussi très dur. Par exemple, on a des stats athlétiques moins importantes qu’en France : je courais 11 kilomètres en moyenne par match en Ligue 2, quand tu dépasses les 10 en Thaïlande, c’est déjà extraordinaire. Il y a aussi la saison des pluies, ça peut te massacrer un match que tu maîtrises. Il faut s’adapter !

 

Pour en revenir à Nîmes, c’est la reprise de l’entraînement ce vendredi avec un effectif encore incomplet et beaucoup de nouveautés. Ça risque d’être une vraie mission sportivement.

C’est plus qu’un challenge, oui, comme tu dis, c’est une mission. On part avec 15 jours de retard, un nouveau président, un nouveau directeur sportif et un nouveau coach, qui n’ont pas beaucoup d’expérience, des nouveaux joueurs qui ne se connaissent pas et une attente forte. La N2 est aussi un championnat extrêmement compliqué (Nîmes va par exemple retrouver Cannes, le FC 93 Bobigny ou Créteil, NDLR) avec une seule montée. Ça va être une saison intense.

Être une personne qui met en péril sa carrière pour revenir dans son club formateur, je me retrouve là-dedans. L’argent ne m’a jamais vraiment motivé, je vois ça plus comme une étape de vie.

Comment à 30 ans et avec près de 200 matchs pros au compteur, on parvient à avoir l’humilité de se dire qu’on va repartir en quatrième division ?

Juste en se remettant en question, hein. À partir du moment où je suis parti en Thaïlande, je pense que j’avais déjà fait ce travail sur mes rêves de trophées ou de rejouer en Ligue 1. Je n’avais pas de projection sur l’avenir, et l’opportunité est arrivée. Être une personne qui met en péril sa carrière pour revenir dans son club formateur, je me retrouve là-dedans. L’argent ne m’a jamais vraiment motivé, je vois ça plus comme une étape de vie. Aujourd’hui, je suis footballeur, après j’essaierai autre chose. J’ai assez confiance en l’avenir et en moi pour me dire que je n’ai pas besoin d’attendre des années pour gagner des milliers d’euros. Plus tard, je travaillerai comme tout le monde, et peut-être aussi qu’avoir fait ce choix-là m’aidera à trouver un boulot, on verra bien.

Tu vas être un peu plus qu’un joueur à Nîmes, puisque tu es aussi entré au capital du club avec plusieurs anciens coéquipiers (Renaud Ripart, Théo Valls, Anthony Briançon, Benoît Poulain). Tu sais en quoi ça va consister ? 

On a une ligne directrice tous les cinq, c’est Renaud au départ qui était en discussion avec le président. On a monté un petit collectif, et le président nous a octroyé une partie du capital, on a sauté sur l’occasion, car c’est ce qu’on voulait faire. L’objectif, c’était d’abord de passer la DNCG, et on va voir maintenant rapidement ce qu’on peut amener au club. Est-ce qu’ils attendent de l’aide, de la visibilité, des conseils, on ne sait pas encore quel sera notre rôle, si ce n’est que Renaud sera le président de notre collectif. Personnellement, je reste à ma place de joueur, de façon très humble, je ne suis pas là pour sauver le club ou prendre des grandes décisions. Je suis là en tant qu’amoureux du club et pour mouiller le maillot.

 

Comment tu expliques que cette génération de joueurs qui ont fait partie de l’aventure en Ligue 1 soit aussi soudée et attachée au club ? 

Pour devenir des gens très proches, il faut vivre des choses, bonnes ou mauvaises. C’est en traversant des moments émotionnellement forts qu’on devient soudés. Tout ce qu’on a vécu, des U17 nationaux pour certains à la Ligue 1, ça ne peut que nous rapprocher. Vous ne pouvez même pas imaginer à quel point on est liés. Quand on se réunit, c’est toujours le même plaisir, les souvenirs. Le fait d’être nîmois, ça permet aussi aux gens de s’identifier à nous. Ils ont pu nous voir aux férias, aux fêtes, on est comme eux.

Vous êtes en train de créer une société qui va s’appeler Génération Costières. Qu’est-ce que ça a pu te faire de voir justement Nîmes quitter les Costières ?

Ouais… (Il réfléchit.) Le problème, c’est que ce soit à l’abandon, mais changer de stade ça me dérange moins. Dans la région, à l’époque, tout le monde nous parlait de Jean Bouin, Jean Bouin, Jean Bouin… Ouais et bah nous, c’est les Costières et peut-être que l’étape d’après ce sera les Antonins. Je ne suis pas très attaché au matériel, tant qu’on est bons et qu’on peut vivre des choses, le stade ça n’a pas d’importance.

Dans quelques semaines, ce sera le début du championnat en National 2 avec ce tout nouveau projet. Quels peuvent être les objectifs personnels pour toi et collectifs pour Nîmes ?

Trouver une voie ensemble. Tous ensemble, les dirigeants, les joueurs, les supporters. Je pense qu’on ne connaîtra pas la montée trois années de suite, la chance est infime. Il faut construire un projet, un club solide, sans faire de conneries, c’est une vision à mettre en place tous ensemble. Je souhaite que tout se passe à merveille, mais il faut rester lucide et se dire que l’objectif doit être de construire quelque chose sur le long terme et on sait que ça prend du temps.

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