City : la vengeance d’Ericksson ?
Guess who's coming to dinner ? Alors que ça se resserre au sommet de la Premier League avec les très prévisibles Big Four (Gunners 1ers, Lily Pool 3ème, Devils 4èmes et Blues 5èmes), Manchester City pointe à la 2ème place ! Alors qu'on leur avait promis l'enfer, les Citizens déjouent, pour le moment, tous les pronostics. Grâce au Sven, les frères Gallagher peuvent enfin la ramener !
City c’est lose. Non, sérieux. Y’a rien qu’à écouter l’hymne des supporters, le mélancolique “Blue Moon” : “Blue Moon / You saw me standing alone / Without a dream in my heart / Without a love of my own”… Snif… La faute à un palmarès un peu short (1 C2 en 70, 2 championnats en 37 et 68 et un dernier trophée, la Coupe de la League 76). Et puis, la faute surtout au Baron Rouge qui éclipse le versant bleu de la ville…
Mais tout ça, ça va changer, nom de dieu ! Grâce au milliardaire thaïlandais, le docteur Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre de son pays et tycoon des Telecom. Recherché par la justice thaïe pour enrichissements frauduleux, il s’est réfugié dans cette terre d’asile fiscal et judiciaire qu’est devenu le Royaume Uni. Avec l’achat d’un club de foot, comme il se doit, chez tous les candidats à la gentry locale…Shinawatra a fait pleuvoir les dollars pour le recrutement du nouveau coach, Sven Göran Erickson, qui a succédé à Stuart Pearce. Un paquet de recrues très United Colours of Benetton : les Italiens Bianchi (venu de la Reggina pour15 millions d’Euros) et Corradi, les Bulgares Petrov (ex-Atletico Madrid) et Bojinov (ex-Juve), le prometteur Javier Garrido (défenseur international espagnol de 22 ans), les Brésiliens Elano et Geovanni, le jeune Croate Vedran Corluka (1m93, défenseur international de 21 ans)…
Très peu d’Anglais sur le terrain, hormis LA star montante du foot anglais, Micah Richards (international promu hier capitaine des Citizens contre Aston Villa, à 19 ans !) et le milieu Michael Johnson. Les Onuoha, Vassell et Ball ne jouant que des miettes de matchs. Les mauvaises langues racontent qu’Ericksson a enfin pu réaliser son rêve inassouvi quand il était sélectionneur de l’Angleterre : mettre tous les joueurs étrangers qu’il veut dans son équipe…
Attention ! Ericksson a un compte à régler avec Albion, un gros passif à éponger : l’échec qu’on lui a imputé avec l’équipe aux Trois Lions (Coupes du monde 2002 et 2006, Euro 2004). Que des places de quart finaliste avec une soi-disant Dream Team qui devait renouer avec la glorieuse équipe de 66.
Le coach à succès qu’il avait été en Suède et en Italie* n’a jamais digéré le mauvais procès qu’on lui avait intenté. A l’inverse de Shinawatra qui a fui la justice de son pays, Ericksson veut se confronter à ses “juges”.
Une presse tabloïd qui a atrocement révélé ses différentes coucheries (notamment avec une secrétaire de la Fédé anglaise), qui l’a piégé avec ses faux sheiks arabes et qui a mené avant le Mondial 2006 une campagne killer xénophobe contre le premier sélectionneur étranger, « Sack the Swede ! » ( « Virez le Suédois ! » ).
Sven a aussi des comptes à régler avec “la FFF anglaise”, coupable à ses yeux de ne pas lui avoir donné les moyens de ses ambitions : une Premier League à 18 clubs (au moins pour un temps), une vraie trêve hivernale (les Rosbifs arrivent toujours vannés au printemps des grandes compétitions internationales) et une plus grande mise à disposition des internationaux (Ericksson a dû souvent batailler seul avec les managers de Premier League, les passes d’arme téléphoniques avec Ferguson au sujet de Rooney sont restées homériques !)
Sven n’oublie pas non plus le public anglais qui, à de rares exceptions près (le fameux Allemagne-Angleterre 1-5 en 2001), l’a toujours conspué, en critiquant notamment son salaire élevé (6 millions d’euros par an). Le fait de se retrouver à Manchester City n’est pas étranger au fait qu’il pourra y reconquérir une légitimité auprès d’un des publics les plus chaleureux d’Angleterre…Car Ericksson needs to be loved !
Viré en 2006 alors que son contrat courait jusqu’en 2008, Ericksson a les crocs contre l’establishment du foot anglais. Une première tentative de rachat du club de Birmingham City (avec Beckham dans sa valise !) avait avorté. Alors, aujourd’hui, Ericksson fait le beau à Manchester City…
Avec le club, Ericksson fait du Ericksson. Très solide derrière (les bestiaux Dunne, Onuoha, Corluka et surtout la bombe Micah Richards, 19 ans) et bien organisé au milieu (le vétéran allemand Hamman, le jeune Espoir anglais Michael Johnson 19 ans et 2 buts et les expérimentés Brésilien Geovanni et Bulgare Petrov). C’est un peu moins brillant en attaque avec pléthore de joueurs qui doivent compléter leurs automatismes (Corradi, Bianchi, M’Penza, Bojinov – blessé pour un bon bout de temps -, Elano, Vassell). City marque peu (5 buts : 2-0 à West Ham, 1-0 à dom contre Derby, MU et Aston Villa) mais encaisse peu (0-1 à Arsenal et à Blackburn).
Une équipe qui sera dure à jouer, qui ne finira pas dans les quatre premiers mais qui postule pour l’avenir en s’immisçant dès maintenant dans ce fameux “deuxième cercle” situé entre la 5ème et la 8ème place de l’élite anglaise, avec les Everton, Newcastle, Tottenham (certes, mal en point, cette saison).
A suivre, donc… Comme l’hymne du club, « Blue Moon » , avec son seul couplet plein d’espoir :
And then there suddenly appeared before me
The only one my arms will ever holdI heard somebody whisper please adore me
And then I looked to the Moon it turned to gold
Blue Moon
Now I’m no longer aloneWithout a dream in my heart
Without a love of my own
Chérif Ghemmour
*Entraîneur de Göteborg 1979-82 (Coupe de l’UEFA 82), il réussit ensuite au Benfica Lisbonne 1982-84 (champion 83 et 84) puis en Italie 1984-2001 (AS Roma, Fiorentina, Sampdoria et surtout Lazio de Rome, vainqueur de la Coupe de l’UEFA 99 et du doublé coupe-championnat 2000)
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