Cassano à la SPA : SOS Adoption !

Cassano au Real, c’te blague ! Tout faux dès le départ, un certain mardi 3 janvier 2006 à l’aéroport de Barajas (Madrid)… En plein milieu de saison. C’est déjà louche, ça sent la fuite à la Romaine. Tonio est avec sa gonzesse de l’époque. Huit kilos en trop, à vue de nez. Il mâche son chewing-gum en souriant comme un abruti. Grosse veste matelassée beige avec un gros col en peau de lapin (!). Il reçoit son nouveau maillot, N°19, des mains de Butragueno, alors qu’habituellement c’est Di Stefano-la-classe qui s’y colle. Même Florentino Perez est absent. Le coach de l’époque ? Un intérimaire : Juan Ramon Lopez Caro… Les Galactiques ? Ouais, ouais : aucun titre depuis 3 ans, une ambiance de merde, le clan des Brésiliens, 11 points de retard en Liga…

Tonio a été évidemment bradé : 5 millions d’euros alors que la Roma en avait raqué 32 quatre ans plus tôt pour le faire venir de Bari. Z‘en pouvaient plus à la Roma, du bacille de la rage : même Totti, qui l’avait couvé au club, ne supportait plus son jumeau offensif devenu un peu trop siamois bordélique. La jeune perle géniale du foot italien, révélée à 17 ans à Bari d’un but de fou contre l’Inter, puis passée terreur des surfaces chez les Giallorossi en 2001, est devenue ingérable. La faute à une enfance pourrie du Sud de l’Italie, un ado mal éduqué que Capello (coach de la Roma) n’est pas parvenu à « civiliser » …
Au fait, pourquoi le Real ? Because en attaque Raul et Ronaldo sont sur le flanc, Baptista n’est pas à la hauteur, Robinho un peu trop vert et Soldado beaucoup trop vert… Fallait juste un bouche-trou pour boucler la saison. Va pour 5 millions la transaction, c’est pas cher ! A cette époque, le Real balance encore l’argent par les fenêtres et donc peut payer l’Italiano 4 millions d’euros l’année pour un contrat de quatre saisons. Tonio, lui, croit qu’on l’a fait venir pour son talent.

Trop gros, pas en forme, encore plein d’illusions pour la Coupe du monde en Allemagne (Lippi kiffe Cassano), le Talentino (son surnom en Italie) joue au boss en appelant Florentino Perez : « Président, on peut tout gagner ! 11 points de retard en championnat, c’est que dalle » ! Evidemment, Tonio ne jouera que des bouts de matchs (12) et plantera par hasard (1 but). Idem la saison suivante : 7 matches pour un but. Avec excommunication à la clef, fin octobre 2006, après la victoire contre Tarragone (3-1) où Capello l’a fait s’échauffer 45 minutes sans le faire entrer : « Tu n’es qu’un salaud ! Je me suis battu pour toi à la Roma et c’est comme ça que tu me remercies » ? Exclu du groupe, mis à l’amende, c’en est fini de lui… Champion d’Espagne, certes, mais tricard.

Antonio vient d’avoir 25 ans, ça fait deux saisons qu’il ne joue pratiquement pas… Même Donadoni qui l’avait rappelé contre la Lituanie en septembre dernier (grand match !) n’est pas très chaud pour le relancer encore en Squadra. Aux dernières nouvelles, Tonio serait sur le point d’attaquer le Real en justice pour « mobbing » (sorte de harcèlement moral) qui viserait à le faire craquer. En « forçant » la mule à résilier son contrat, le club économiserait une indemnisation à laquelle Tonio aurait de fait renoncé… Tonio revendique un pactole de 12 millions d’euros si le Real venait à le virer, histoire de faire payer à la Casa Blanca le prix de ces pressions dont il se dit victime…

Flash-back : Euro 2004 au Portugal. Un Cassano monstrueux, meilleur joueur de la Squadra, marque d’une super volée contre la Bulgarie à la 93ème : il vient de qualifier l’Italie pour les quarts ! Comme un môme, Antonio extatique fonce sur le banc italien pour exulter avec Trappatoni et les autres azzuri. Douche glacée scandinave : Panucci lui apprend que l’Italie est éliminée because la Suède et le Danemark ont fait match nul (2-2)… Antonio a marqué pour rien. Talentino s’écroule en pleurant. Comme un môme.

Chérif Ghemmour