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Méfie-toi d’Igor Tudor
La Juventus entame sa saison de Ligue des champions ce mardi face à Dortmund. C’est grâce à Igor Tudor que le club peut arriver avec ambition, mais l’entraîneur n’est pas encore pleinement à l’abri des critiques. Toute sa carrière de coach est marquée par cette méfiance, qu’il arrive souvent à surpasser... avant de partir.

Un mètre 93, un regard capable de transpercer n’importe quelle muraille, une pilosité qui témoigne d’une vie de tension. Homme de peu de mots, Igor Tudor n’est pas l’entraîneur le plus sexy du circuit. Le natif de Split, époque Yougoslavie, a pourtant troqué le survêtement de son année marseillaise pour le costume cravate au bord des pelouses italiennes, mais doit encore continuer de séduire pour convaincre les sceptiques.
Expériences courtes, mais marquantes
C’est l’histoire de sa vie. Cette défiance l’empêche de rester longtemps en poste. À moins que ce ne soit l’inverse. Qu’importe, sa plus longue expérience reste sa première, chez lui, du côté du HNK Hajduk Split, entre 2013 et 2015. Le rugueux défenseur central y avait été formé et est revenu jouer les pompiers de service en plein Covid après quelques piges ni ratées ni franchement concluantes entre la Grèce, la Turquie et l’Italie. À son arrivée en France, à l’été 2022, son imposante carrure n’avait pas suffi à rassurer les supporters de l’OM. Des critiques sur les réseaux sociaux durant toute la présaison, des sifflets pendant un match amical et une bronca avant la première journée de Ligue 1, puis un Vélodrome charmé par les courses incessantes de ses joueurs, l’essorage en règle du PSG à domicile et même quelques espoirs européens.

L’opinion publique reste pourtant mitigée au sujet d’Igor Tudor. Tacticien ayant l’intensité chevillée au corps, manager capable d’être suivi par son groupe jusqu’au bout du monde, ou imposteur qui ne tient pas plus d’une année dans chaque club après avoir épuisé ses hommes ? La ressemblance avec Marcelo Bielsa n’est pas purement fortuite. Après avoir tenu seulement onze matchs à la Lazio, le voilà en passe de se mettre les supporters de la Juventus dans la poche, grâce à ses qualités d’entraîneur avant tout.
Comme on se retrouve
Même s’il avait porté les couleurs de la Vieille Dame durant sept saisons, alors qu’il avait encore quelques mèches rebelles, qu’il tentait de cadrer avec une courte frange ou des décolorations, l’ancien international croate n’arrivait pas pour autant en terrain conquis. Une énième fois, pour sa onzième expérience de coach principal, il devait faire ses preuves, montrer qu’il était la bonne personne pour remplacer Thiago Motta – belle gueule et CV attrayant, mais licencié avant même la fin de son premier exercice – et que ses larges épaules sauraient supporter le costume.
Le début d’aventure a été satisfaisant, et lorsque la tempête a commencé à pointer le bout de son nez avec une défaite et deux nuls en quatre matchs dans la dernière ligne droite, les critiques se sont mises à pleuvoir. Encore une fois, l’équipe de Tudor allait s’effondrer, comme son OM, défait quatre fois lors des cinq dernières journées de Ligue 1. Il a finalement redressé la barre, qualifiant les Bianconeri sur le gong pour la Ligue des champions, et s’assurant quelques semaines de sursis, avant d’être de nouveau pointé du doigt. « Pour moi, c’est du bon travail, compte tenu de tous les problèmes que nous avons eus. […] Quand je suis arrivé, l’équipe était au plus mal », s’était-il défendu la saison dernière.
Je ne suis pas surpris par sa progression la saison dernière. Il a toujours réalisé des performances incroyables et il est dévoué à son équipe.
Prolongé jusqu’en 2027, ce n’est pas dit qu’il reste aussi longtemps. Contraint ou non, il se doit de voir sa carrière à court terme. Après un début de saison réussi en Serie A, marqué par une victoire de prestige face à l’Inter (4-3), samedi, grâce aux ingrédients qui caractérisent ses formations, et une place de coleader partagée avec Naples, il se lance désormais à l’assaut de la Ligue des champions. Indigne de son rang depuis plusieurs saisons, la Juve ne pourra pas tout mettre sur le dos de son coach en cas d’échec, mais ce dernier ne sera jamais épargné. Dès ce mardi, contre Dortmund, il se sait attendu. Son ancien coéquipier en sélection, Niko Kovač, davantage placide et habitué aux expériences plus longues, n’a pas tari d’éloges à son égard : « Je ne suis pas surpris par sa progression la saison dernière. Comme nous, il a atteint la Ligue des champions, ce qui est un exploit exceptionnel. Il a toujours réalisé des performances incroyables et il est dévoué à son équipe. » Lors du dernier match de Ligue des champions d’Igor Tudor, face à Tottenham, en 2022, quelques secondes d’errance avaient réduit à néant les espoirs de l’OM et fait repartir de plus belle les interrogations à son propos. Ce n’était ni la première ni la dernière fois.
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