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Bleus : attention les secousses

Par Maxime Brigand, au stade Al-Thumama
Bleus : attention les secousses

Secouée sans ballon en première période, l'équipe de France a ensuite su logiquement dominer la Pologne grâce à un Kylian Mbappé toujours capable de faire du feu avec deux silex et à un Olivier Giroud record. Néanmoins, ce huitième de finale aurait pu mal tourner pour des Bleus qui ne devront pas oublier ce qu'ils ont aussi fait de mal avant de défier l'Angleterre.

C’est une étape où les jambes tremblent et s’alourdissent, où il est demandé à la force collective d’une équipe de tenir en équilibre sur une corde tendue au-dessus du vide et où, comme était venu l’expliquer Antoine Griezmann cette semaine, un joueur peut ne « pas sentir le ballon » au moment de déclencher certaines passes. Un huitième de finale de Coupe du monde n’est pas un match comme les autres. C’est un premier saut périlleux dans une autre dimension, « un match bascule » où l’on attendait l’équipe de France au tournant, et elle a répondu en sautant dans le quart grâce à un Olivier Giroud record, mais aussi et surtout à un Kylian Mbappé qui su nettoyer le déchet qu’il a connu sur quelques situations en soufflant quasiment à lui tout seul sur une Pologne qui a fini par céder.

  Sur la première mi-temps, il y a eu trop de hauts et de bas. La Pologne a été bien organisée, nous a mis en difficulté avec son pressing, on a commencé à perdre quelques ballons… On sort gagnants, mais ça n’a pas été facile.  

Les Bleus déroulent depuis le début de ce Mondial une histoire tactique construite pour faire briller la dynamite du PSG, et dimanche soir, moins d’une heure après la défaite de sa sélection (3-1), le sélectionneur des Biało-Czerwoni, Czesław Michniewicz, est venu déposer les armes avec fatalisme : « Il n’y a pas besoin d’être sélectionneur pour connaître le point fort de la France, mais il n’y a aucune formule magique pour arrêter Mbappé. C’est un joueur fantastique, qui nous a fait beaucoup de mal. Il y a Cristiano Ronaldo, Messi, Lewandowski, mais quelqu’un doit prendre la relève, et Kylian Mbappé incarne parfaitement cette relève. On a travaillé sur lui, sur les ailiers de l’équipe de France avec des prises à deux, mais c’est très difficile de les arrêter tous les deux en même temps. On a donc voulu amener plus de joueurs sur Mbappé, mais l’autre souci, c’est qu’il y a aussi Griezmann et Giroud, qui est un grand joueur, intelligent, qui est souvent dans la surface… »

1+1+1+1 = quinze tirs tentés en 90 minutes, sept cadrés, trois buts marqués, et la confirmation que lorsqu’elle réussit à aligner les planètes, cette équipe de France peut accrocher n’importe quelle proie à son tableau de chasse, même si on demande encore de la voir face à du plus gros gibier. Quelque chose nous dit qu’on n’est pas seul, car si Adrien Rabiot et Jules Koundé sont venus étaler la « sérénité » d’un groupe qui n’aura finalement concédé que deux tirs cadrés – les deux sur la même situation – avant le penalty inscrit par Lewandowski au bout du temps additionnel, Hugo Lloris et Didier Deschamps ont, eux, présenté une autre photographie. Priorité au sélectionneur : « La Pologne nous a donné du fil à retordre. Si leur composition d’équipe ne l’était pas, les Polonais ont été beaucoup plus offensifs que lors de leurs trois premiers matchs. On a notamment eu un coup de mou pendant 25 minutes, avec et sans le ballon. Cela vient peut-être du fait que les joueurs, pour la plupart, n’avaient pas commencé le dernier match, qu’ils manquaient de peps. Modifier la position d’Antoine Griezmann nous a ensuite amené une meilleure dangerosité. Les mi-temps servent à ça et, si je ne veux pas tout mettre sur lui, il sait qu’il s’est un peu dispersé en première période. » Relance de Lloris, qui a égalé dimanche le record de sélections de Lilian Thuram : « Sur la première mi-temps, il y a eu trop de hauts et de bas. La Pologne a été bien organisée, nous a mis en difficulté avec son pressing, on a commencé à perdre quelques ballons sur des passes faciles après les premières minutes… On sort gagnants, mais ça n’a pas été facile. »

Si tous les sélectionneurs du monde se font des nœuds au cerveau du matin au soir afin de dessiner la structure idéale permettant l’expression idéale de leurs joueurs lorsqu’ils ont le ballon dans les pieds, le football se joue aussi évidemment sans ballon. Didier Deschamps le sait très bien et avait parfaitement conscience, au moment de quitter le stade Al-Thumama de Doha, que son attention allait principalement se concentrer sur les 45 premières minutes de ce huitième de finale face à la Pologne au moment de le revisionner. À l’aise pour baisser le bloc et piquer à la récupération sur plusieurs séquences lors du premier tour, notamment contre le Danemark, ses Bleus ont cette fois affiché une fébrilité parfois inquiétante.

Régler le train sans ballon

Comment l’expliquer ? Tout d’abord car on a assisté durant une grosse période – de la vingtième à la quarantième minute – au retour d’une équipe de France passive sans ballon, dont les différents éléments, sauf Mbappé, totalement détaché de l’animation offensive (ce qui a forcément des conséquences), se sont contentés de faire coulisser un bloc pas toujours net, et ce, sans jamais harceler le porteur ou déclencher de pressing haut (dommage, car les rares fois où ils le font, les Bleus sont souvent récompensés). Laisser le ballon à la Pologne (61% du temps sur cette séquence de vingt minutes) peut s’entendre, mais seulement s’il existe un plan clair pour attirer l’adversaire dans certaines zones. Avancer sans ce plan et sans un train compact revient à lancer une pièce en l’air, exposer ses ailes à des une-deux mortels – comme l’a souligné Arsène Wenger dimanche matin, cette Coupe du monde est en plus celle des joueurs de côté avec 58% d’actions offensives construites dans les couloirs – et laisser les joueurs adverses chargés de la construction libres de s’amuser. C’est aussi ouvrir une fenêtre aux petites erreurs, aux fameux détails qui peuvent avoir des conséquences colossales dans un match de ce type.

Exemple de l’animation bancale de l’équipe de France en première période, où on a plusieurs fois vu Glik, Kiwior et Krychowiak se régaler des espaces laissés autour d’Olivier Giroud. Ici, Kiwior peut avancer tranquillement jusque dans le rond central…

… et déclencher librement un ballon mi-long en direction de Bereszyński, qui va ensuite gratter une faute dans les pieds de Dembélé.

Deux minutes plus tard, le problème persiste, et Olivier Giroud s’en plaint ouvertement auprès de ses coéquipiers.

Pourtant, sept minutes plus tard, le souci n’est toujours pas réglé, et la Pologne peut toujours se régaler pour remonter le ballon jusque dans le camp français.

Antoine Griezmann peine aussi à masquer son incompréhension.

Frileuse face au but depuis le début du tournoi (à peine plus de six tirs par match lors d’une phase de poules où seul le Costa Rica a moins tenté sa chance et le taux de centres tentés par match le plus bas des 32 équipes qualifiées), frileuse dans son pressing (troisième équipe qui pressait le moins activement avant la rencontre) et plutôt cliente de laisser ses adversaires contrôler (30e taux de possession moyen du premier tour), la Pologne a évidemment accepté de profiter des espaces offerts et a montré huit fois son nez près du but d’Hugo Lloris lors de la dernière demi-heure du premier acte. Une zone avait alors été ciblée : le dos de Jules Koundé, qui a souvent bu la tasse, notamment face à l’activité de Frankowski, placé en faux pied et que l’on a retrouvé impliqué dans la meilleure situation polonaise de la rencontre. À la suite d’une touche jouée côté gauche, le joueur du RC Lens a servi de relais à Bereszyński, qui a déposé le latéral droit français et a ensuite regardé Lloris sortir un arrêt devant Zieliński avant que Varane ne sauve sur la ligne une tentative de Kaminski. Initialement, la Pologne n’était pas venue dans ce huitième pour le jouer, mais il ne fallait peut-être pas trop la tenter non plus.

 C’est devenu une mode de ressortir court. Je ne demande pas à Hugo de dégager systématiquement, mais je ne pense pas avoir vu une équipe partir d’un 5,50m et marquer un but dans cette Coupe du monde…

« On s’est mis en difficulté tout seuls »

Avant cette triple occasion qui a poussé l’équipe de France à sortir la tête de l’eau au risque de se noyer, Robert Lewandowski s’était créé une belle opportunité après avoir gagné un second ballon devant Tchouaméni, mais durant cette première période, c’est aussi les sorties de balle françaises qui ont accroché les yeux. Il faudra se souvenir que la touche de la 38e minute est arrivée à la suite d’une passe latérale de Varane qui a été un poison pour Koundé et que lorsqu’ils ont été mis sous pression (5e), les Bleus ont de nouveau bégayé. « Sur les relances courtes, on s’est mis en difficulté tout seuls, a reconnu Deschamps après la rencontre. C’est devenu une mode de ressortir court. Je ne demande pas à Hugo de dégager systématiquement, mais je ne pense pas avoir vu une équipe partir d’un 5,50m et marquer un but dans cette Coupe du monde. On a déjà connu ces difficultés face à la Tunisie. Il y a des choses qu’on peut améliorer, on est loin d’être parfaits, et c’est vrai que ce déchet n’a pas amené de la tranquillité à notre jeu. »

À ces séquences difficiles, il a été ajouté quelques erreurs de relance de Raphaël Varane, de Jules Koundé et même de Theo Hernandez, mais aussi les difficultés rencontrées par Hugo Lloris avec ses pieds. Heureusement, la seconde période aura été d’une autre facture grâce à plusieurs éléments : la reprise du contrôle du ballon, un réglage fait sur les marquages préventifs qui ont facilité l’efficacité du contre-pressing, le réveil d’Antoine Griezmann, qui est grimpé d’un cran après la pause pour accompagner Giroud, le nouveau match assez monstrueux envoyé par Adrien Rabiot avec et sans ballon (7 ballons récupérés, un gros paquet de passes réussies dans les 30 derniers mètres polonais, pas mal de bonnes contre-pressions, des changements de rythme…), la malice en appuis d’Olivier Giroud, et la faculté de Kylian Mbappé à faire du feu (et quel feu) avec deux silex. Le message envoyé est pour le moment le suivant : ces Bleus ne font pas tout bien, mais savent surfer sur les vagues adverses pour créer des tsunamis. Et pour le reste, alors que l’Angleterre se profile, il y a ce numéro 10 dont les étincelles permanentes compensent jusqu’ici sa complète déconnexion des phases sans ballon. La note est réglée par Rabiot : « C’est simple : on charbonne derrière et on attend qu’il fasse le boulot devant. » Gare, cependant, à ne pas multiplier les secousses.

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