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Benítez, le goût du grand large

Au fur et à mesure que les jours passaient, la rumeur ne cessait d’enfler. Et puis ce week-end, la rumeur est devenue réalité : Rafael Benítez est le nouveau coach de Newcastle United. Malgré deux passages en Premier League, l’ancien entraîneur du Real Madrid va encore devoir faire ses preuves. La faute à l’impatience.
Sale temps pour le Real Madrid. Battu sur la pelouse de Villarreal pour la troisième défaite de sa saison, les Blancos comptent cinq points de retard sur leur grand rival, le FC Barcelone.
Devant les micros de l’émission El Larguero le 17 décembre dernier, les mots du président Pérez sont forts. « Benítez est l’entraîneur du Real Madrid, et nous l’avons choisi parmi beaucoup pour être la personne adéquate au problème que nous avions. Nous avions gagné la Coupe du monde des clubs, mais depuis janvier (2015, ndlr), nous souffrions d’une détérioration progressive. La défaite face à Schalke, le 4-0 au Calderón, l’élimination de la coupe. Nous étions sur une pente descendante et nous avions besoin d’un nouvel essor. C’est impossible de dire à Benítez de partir après seulement trois mois quand on pense qu’il est la personne idéale pour cet essor. Il faut lui donner du temps. »
Mais du temps, à Madrid, il n’y en a plus. Trois semaines après ses déclarations pour conforter le coach dans sa position, Pérez annonce le remplacement de Rafa Benítez par Zinédine Zidane. Et si tous les médias présents voient dans cette déclaration l’officialisation du double Z au poste d’entraîneur, Benítez quitte le Real par la toute petite porte, après cinq mois passés à la Maison Blanche. Personne ne le sait encore, mais deux mois plus tard, Benítez s’engagera à Newcastle United. Oui oui, le dix-neuvième de Premier League.
Pression omniprésente
Si l’aura de l’entraîneur Benítez a pris du plomb dans l’aile suite à ce passage manqué à Madrid, force est de constater que cet échec est aussi dû à la crise interne que subissent les Madridistas depuis plus d’un an maintenant. Benítez est arrivé dans la capitale espagnole pour apporter de la sérénité. C’est ce qu’il a fait dans un premier temps grâce à Casemiro, un numéro six plus reculé, pour imposer son style de jeu. Le Real n’est pas flamboyant, mais le Real gagne à nouveau. Hélas pour Benítez, sa toute première défaite de la saison contre le FC Séville remet tout en question au pire moment, à une semaine du Clásico au Santiago-Bernabéu.
De façon très surprenante, Casemiro se retrouve sur le banc, et le Real Madrid applique une stratégie plus offensive, en contradiction avec les méthodes de Benítez.
Sans surprise, le Real se fait corriger à domicile par le Barça. Benítez est-il fautif ? Aurait-il subi des pressions extérieures afin de remodeler son onze ? « Que l’on gagne ou que l’on perde, nous avons tous une partie de responsabilité dans l’issue d’un match, expliquait le Mister en conférence d’après-match. Perdre de cette façon contre une équipe comme le FC Barcelone, ça fait mal, très mal… Ce que nous devons faire maintenant, c’est rester unis et travailler pour réussir notre prochain match. » Une réponse politiquement correcte, la seule chose que pouvait rétorquer Benítez sous le joug des socios madrilènes.
Objectif maintien
Après ce fiasco face au Barça, Casemiro aurait pu retrouver une place de choix dans l’équipe. Il n’en est rien. Entré en cours de jeu contre Eibar, sur le banc à Getafe, le Brésilien ne bénéficie plus d’une exclusivité et redevient titulaire pour la défaite à Villarreal.
Benítez est décrédibilisé, les déclarations de Florentino Pérez ne changeront rien, le compte à rebours est déjà activé. Devant les caméras de BT Sport en février dernier, Benítez explique son désarroi quant à la situation qu’il subit. « Je crois que nous étions en train de faire du bon travail, on progressait au fur et à mesure que la saison avançait, explique-t-il à la télé britannique.
C’était normal que ça mette un peu de temps, mais il n’y avait aucune patience. Je crois qu’on faisait les choses bien, mais les supporters ont commencé à s’inquiéter un peu, le président aussi et ils ont décidé de changer d’entraîneur. » Désormais éloigné de la cacophonie madrilène, Rafa Benítez reprend les rênes de Newcastle avec l’objectif premier de se maintenir dans l’élite anglaise. Un défi abordable quand on connaît la légitimité de l’homme outre-Manche, mais un défi qui devrait en appeler d’autres.
Vers un Nuevo Castillo ?
La descente en Championship avec Newcastle, c’est quelque chose qu’Alan Shearer connaît bien. Nommé pour sortir la Toon Army d’un trop gros pétrin en 2009, la légende anglaise voit l’arrivée de Benítez comme une excellente nouvelle, sous conditions. « S’il peut gérer le club de la façon dont il le souhaite, Rafa Benítez sera un bon coup pour Newcastle, évoque Shearer à la BBC. Il faut toujours travailler sous un certain contrôle ici, alors que Rafa souhaitera quelque chose de différent. Il va installer ce qu’il souhaite, contrôler les transferts et gérer le club comme il l’entend. »
Sa signature d’un contrat de trois ans suppose que Rafa ne vient pas en simple pompier de secours, mais avec l’idée d’un vrai projet sur le long terme basé sur un recrutement hispanisé, comme il l’avait fait à Liverpool ou Naples.
Pour arriver à cela, il faudra revenir sur le premier non-relégable d’abord, le rival Sunderland, en accumulant les points face à des adversaires aussi très ambitieux, avec cette réception de Leicester, puis ce derby déjà brûlant contre Sunderland dans deux semaines. Pour se donner un peu de baume au cœur, Benítez pourra se rappeler sa dernière arrivée en cours de saison dans un club en crise : c’était à Chelsea, en 2012-2013. L’exercice s’était bouclé avec une troisième place qualificative pour la C1 et une Ligue Europa. Pas mal pour un pompier.
Aston Villa se défoule sur NewcastlePar Antoine Donnarieix