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Bayern-Bayer, le nouveau duel à distance de la Bundesliga
Parmi les huitièmes de finale de Ligue des champions, on retrouvera dans quelques jours un duel germano-allemand entre le Bayern Munich et le Bayer Leverkusen. Une affiche qui pourrait achever de supplanter le Klassiker face à Dortmund en matière de rivalité sportive. À moins que ce ne soit déjà le cas ?

2025 est une année lors de laquelle le FC Bayern Munich a l’interdiction de se foirer. Et pour cause, elle marque le 125e anniversaire du club et la finale de la Ligue des champions se jouera dans la capitale bavaroise le 31 mai prochain. Pour s’offrir une nouvelle Finale dahoam (une « finale à la maison » en bavarois) après celle (perdue) face à Chelsea en 2012, il faudra commencer par se défaire du Bayer Leverkusen en huitièmes de finale, à l’occasion d’un double duel germano-allemand prévu les 5 et 12 mars. Et c’est loin d’être gagné. Malgré les 8 points qui séparent les Munichois du club de la banlieue de Cologne en championnat, ce sont bien les hommes de Xabi Alonso qui s’affichent en position de favoris. Du moins, c’est ce que croit savoir Karl-Heinz Rummenigge, lequel, en marge de la première d’un documentaire consacré à Thomas Müller, s’est déclaré « optimiste » malgré cet état de fait. « Je connais notre équipe. Et elle en a ras le bol. » Ancien joueur et directeur sportif du Bayer Leverkusen, Rudi Völler se la joue un peu plus modeste et parle d’un duel « d’égal à égal », précisant que « ce sera équilibré lors des deux matchs et à la fin, c’est l’équipe la plus chanceuse qui passera. Leverkusen sait que ce n’était pas le vrai Bayern qu’on joue en championnat. »
Neuer Klassiker
Pourtant, même si on leur fait dire ce qu’on veut, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sous Xabi Alonso, le Werkself n’a encore jamais perdu contre le Rekordmeister (six matchs, trois victoires, trois nuls). Actuellement, seuls huit points séparent les deux clubs, tous deux en grande forme. La dernière défaite de Leverkusen remonte en effet au 21 janvier, en Ligue des champions contre l’Atlético de Madrid (2-1), celle du Bayern, le lendemain face à Feyenoord (1-0). « De toute évidence, ils ont beaucoup de confiance en eux après la saison dernière – et à juste titre. Bien sûr, ils ont aussi quelques grands joueurs. Florian Wirtz joue incroyablement bien », reconnaissait Serge Gnabry peu après le tirage. « Ils sont probablement nos adversaires les plus forts en ce moment. Ce sera un match décisif et nous sommes impatients ! » Même si le Bayern dernier semble avoir déjà effacé l’affront du titre perdu la saison dernière, en témoigne sa confortable avance en tête du classement (58 points avant de se déplacer à Stuttgart ce vendredi soir), Leverkusen (50 points, avant de jouer Francfort samedi) n’en reste pas moins un concurrent sérieux et qui ambitionne de valider une deuxième qualification d’affilée en C1.
Cela semble en bonne voie et viendrait confirmer qu’outre-Rhin, un nouveau Klassiker est en train de prendre la place de Bayern-Dortmund, un duel qui ne fait plus rêver personne depuis longtemps, tant le BvB, contrairement à Leverkusen, n’a jamais su sortir les griffes pour frapper au bon moment. Actuellement, les hommes de Niko Kovač pointent au dixième rang de Bundesliga, et rien ne les place dans la peau du favori au moment d’affronter le LOSC en huitièmes de finale de LDC. À force de jouer avec le feu, Dortmund a fini par laisser passer sa chance et plus personne ne voit les Schwarzgelben comme un concurrent crédible face à l’écrasante domination bavaroise, dont le coup d’arrêt de l’exercice précédent n’était finalement rien d’autre qu’un petit accident de parcours.
Une rivalité pas si nouvelle
Au terme de leurs deux rencontres du mois de mars, Bayern et Bayer se seront affrontés pas moins de cinq fois depuis le début de la saison. La dernière fois que le Rekordmeister avait affronté autant de fois le même club lors d’une seule saison, c’était en 2012-2013 face au Borussia Dortmund, supplanté par Leverkusen depuis le début de la décennie. Et si l’on peut tiquer devant l’emploi du terme Klassiker, qui n’a d’autre valeur que celle d’un coup marketing, force est de constater que les deux clubs entretiennent un passif qui ne date pas d’hier. Ainsi, en l’an 2000, le Bayern Munich est sacré champion d’Allemagne lors de la toute dernière journée à la différence de buts, après que le Bayer Leverkusen s’est sabordé tout seul face à la modeste équipe d’Unterhaching à cause d’un CSC signé Michael Ballack qui contribuera à faire entrer dans la légende le surnom Neverkusen… jusqu’à la saison dernière.
Tout cela a bien changé après le premier titre de l’histoire du club rhénan, Robert Andrich proclamant sans détour que le football allemand était entré dans « l’ère du Bayer Leverkusen. À présent, on a enfin un bon champion d’Allemagne ». Lors du mercato qui s’ensuivit, les deux clubs s’écharpèrent par communiqués interposés à propos d’un transfert du défenseur Jonathan Tah, que Leverkusen refusait de voir partir chez son concurrent. Une attitude venue freiner les aspirations vampiriques du Bayern, lequel a dû admettre que le temps du siphonnage sans vergogne était peut-être terminé. Tant mieux pour la compétition car, en dépit du titre déjà joué, les cinq places européennes restantes se jouent encore entre onze équipes, dont neuf se tiennent en neuf points. Parmi elles, le Borussia Dortmund qu’on avait presque fini par oublier. Mais pour combien de temps encore ?
Thomas Müller prétend que le Bayern pourrait battre des extraterrestres et sauver l’humanitéPar Julien Duez