Aquilani entre deux eaux
On peut être un génie et un gros connard, ce n'est pas forcément incompatible. C'est vraisemblablement le cas d'Alberto Aquilani, génial milieu de la Roma sur le terrain, grand espoir du foot italien que l'Europe s'arrache et fasciste convaincu en dehors.
Paolo Di Canio a beau avoir pris sa retraite, il peut être rassuré. Le flambeau est passé dans les mains d’un héritier, Alberto Aquilani, 23 ans. Seule différence, c’est que ce dernier évolue dans les rangs de…l’AS Roma, club plutôt estampillé à gauche habituellement.
Pur produit de l’AS Roma, le milieu international A, vainqueur de l’Euro des moins de 19 ans en 2003, confesse ainsi sans pudeur à La Gazzetta dello Sport ne pas être une lumière : « La politique, je n’y comprends pas grand chose et, de toute façon, je ne cherche pas non plus trop à comprendre » . Ce qui ne l’empêche pas, en bon inculte, de donner son avis en reprenant des thèmes si chers à l’extrême droite : « Je dirais cependant qu’il y a trop d’impôts et trop d’immigration. La majeure partie des violences sont le fait des étrangers, ils ne causent que des dommages… » .
Si talentueux et pourtant tellement con. A croire que la nature lui a retiré des neurones après s’être aperçue du talent dont elle l’avait généreusement doté.
Contacté à 16 ans par Chelsea et Arsenal, Alberto parvient à intégrer l’équipe de ses rêves, l’AS Roma, le 10 mai 2003, jour de son premier match en Serie A. Année faste pour lui puisqu’il fait partie de l’équipe d’Italie qui remporte l’Euro des moins de 19 ans.
Prêté ensuite à Trieste lors de la saison 2003-2004, en Serie B, il revient dans la capitale. Et profite de la saison où quatre entraîneurs se succèdent (Prandelli, Völler, Del Neri, Conti) en 2004-2005 pour s’incruster dans l’équipe et s’imposer comme titulaire sous les ordres de Cesare Prandelli, de retour au club. Il confirme en intégrant l’équipe type de l’Euro des moins de 21 en 2007 alors qu’il a déjà intégré la Squaddra Azzurra, la vraie, le 15 novembre 2006. Donadoni semble même avoir un gros faible pour lui.
S’il marque peu, ses buts sont souvent pour le moins spectaculaires. Milieu de terrain ultra technique au port altier, il n’est pas non plus du genre à se laisser faire, quelque part entre Gattuso et Pirlo. Aquilani fait en outre partie de cette nouvelle génération de milieux relayeurs extra-lucides tactiquement et on ne peut plus complets. Une sorte de mutant aux fulgurances techniques doté d’une frappe à déclenchement automatique dès les 25 mètres franchis ou encore d’un sens du placement qui rappelle un peu Deco ou Tiago (enfin pas celui qui évolue à la Juve bien entendu)…
Sa progression est alors perturbée par deux blessures. La première, au genou droit, survient le 25 novembre 2006 tandis que la seconde intervient le 2 octobre dernier contre Manchester United. Elle le tiendra éloigné des terrains pendant trois mois. Il profite d’ailleurs de cette période de convalescence pour fricoter avec Francesca Chillemi, Miss Italia 2003, histoire de garder la mire.
L’occasion de faire une parenthèse enchantée, juste pour se faire une idée, comme ça…
De retour sur le pré, Aquilani ne tarde pas à faire parler de lui, tant sur le terrain par ses prestations convaincantes que par ses prises de bec avec son coéquipier Christian Panucci. Après un petit trip échange de baffes lors d’un Juve-Roma mi-février, les deux belligérants décidèrent de remettre ça le lendemain à l’entraînement. Surtout, après son élimination par le club romain, le Real propose 25 millions d’euros pour Aquilani alors qu’il figure déjà sur les tablettes de l’Inter, de la Vieille Dame ou encore de l’Atletico.
Si son idole se nomme Guardiola, Alberto semble néanmoins loin, si loin de partager les convictions politiques du Catalan, pas vraiment qualifiable de conservateur. Ainsi, le Romain, jamais le dernier pour la déconne, met les pieds dans le plat à propos de l’avortement, droit fortement remis en cause en Italie à l’approche des élections.
Aquilani l’humaniste lâche que « cela devrait être illégal. C’est une chose terrible, même s’il peut arriver que, jeune, on fasse une bêtise…Sans compter qu’un enfant peut également naître sans être normal… » . Avec les oreilles de Mr Spock par exemple ?
Enfin last but not the least, le Giallorosso détient, comme l’irréductible ex-Laziale, une photo du Duce Benito Mussolini, et se justifie plutôt mollement : « J’ai un oncle obsédé qui m’a offert quelques trucs. Mais, comme je vous le disais, je ne comprends rien à la politique » . Ça, on l’avait bien compris.
Vincent Ruellan
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