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Aaron Wainwright, footballeur exilé en ovalie

Par Mathieu Rollinger
4 minutes
Aaron Wainwright, footballeur exilé en ovalie

Au-delà de sa moustache discutable, on se souviendra d'Aaron Wainwright pour avoir été celui qui a fait vriller Sébastien Vahaamahina et le XV de France dans ce Mondial japonais. Pourtant, bien avant d'être un punching-ball et un chouette rugbyman, le natif de Newport se rêvait en Patrick Vieira gallois. Et sans un club de Cardiff sélectif, ce beau bébé d'1,88m et 105 kilos aurait pu faire du grabuge dans les ligues anglaises. Récit.

À peu de choses près, le programme d’Aaron Wainwright ce mardi aurait dû consister à débriefer le revers de Newport County sur la pelouse de Colchester United en League Two (1-3). Au lieu de ça, le Gallois se trouve au Japon et doit se remettre d’une demi-finale de Coupe du monde de rugby perdue face à l’Afrique du Sud (16-19). Malgré cela, le flanker du XV du Poireau est à 22 ans l’une des révélations du tournoi : c’est lui notamment qui a été élu homme du match face à la France et qui a profité des mains savonneuses de Guilhem Guirado pour inscrire le premier essai gallois après une course de 50 mètres aussi inélégante qu’efficace. « J’ai récupéré le ballon et ne me souviens plus de grand-chose, à part que j’ai sprinté jusqu’à la ligne d’en-but » , avait-il sobrement analysé après la rencontre.

Mais le grand public gardera surtout en mémoire son visage déformé par le coude de Sébastien Vahaamahina, ce coup de folie qui poussera les Bleus vers la sortie. « J’ai été étonné qu’il ne soit pas K.-O., assurait à L’Équipe son entraîneur aux Dragons de Newport, Bernard Jackman. Mais c’est un dur, il est resté debout. Un autre aurait pu faire plus de spectacle. » Traduction : Wainwright n’a pas fait son footballeur. Pourtant, il y a seulement quatre ans, il se lançait à fond dans le rugby, faisant définitivement une croix sur une carrière de… footballeur.

Une idole nommée Patrick Vieira

Pour l’actuel troisième-ligne, cet « itinéraire singulier » a donc commencé avec un ballon rond entre les pieds. Avec un certain talent puisqu’il a intégré l’académie de Cardiff, où il évoluait en tant que milieu défensif. Un « box-to-box » avec des références françaises en tête : Patrick Vieira et Claude Makélélé. Comme un signe, il rencontre justement la légende d’Arsenal lors d’une session de détection pour les moins de 16 ans organisée par la Fédération galloise. Patrick Vieira complétait alors ses diplômes et était accompagné par David Ginola. « J’étais vraiment nerveux, en admiration devant lui, racontait Wainwright récemment. J’étais jeune, j’avais environ 14 ans, j’ai juste essayé d’en tirer le maximum. » Les années passent, mais le grand blond au physique déjà avantageux n’arrivera pas à se faire une place en sélection, ni à s’imposer à Cardiff, où il finit par se faire éjecter pour une simple raison de niveau insuffisant.

Retour donc à Newport, dans un club un cran en dessous et aux bancs de la fac. Dans sa ville d’origine, il évolue alors avec les U23 des Exiles, de manière désenchantée. « Nous avons dit à Aaron qu’il y avait une opportunité pour lui ici, mais son père ne se faisait pas d’illusions sur le fait de percer dans le football, explique Danny Elliott, entraîneur des U23 de Newport, à Press Association. Ce qui lui est arrivé à Cardiff a eu un impact énorme sur lui. » En parallèle, Wainwright mène d’autres activités : les études, donc, et le rugby. « Il avait le projet de devenir dentiste et son père trouvait judicieux qu’Aaron aille à l’université et obtienne ses diplômes, continue Elliott. Le rugby (qu’il pratique depuis l’âge de 11 ans, N.D.L.R.) était mis en arrière-plan. Il adorait ça, mais il ne prenait pas trop ça au sérieux à l’époque. » Si certains coachs estiment qu’il aurait pu avoir sa chance au plus haut niveau, Aaron claque la porte du foot à l’âge de 18 ans, pour pousser avec beaucoup plus de réussite celle du voisin rugby.

« Il aurait pu faire des dégâts dans un milieu de terrain »

Sa nouvelle vie, il l’entame d’abord avec les Whiteheads RFC avant de rejoindre en octobre 2017 les Dragons de Newport. L’été suivant, il est déjà appelé par le sélectionneur Warren Gatland lors d’une tournée en Argentine et gagne sa place dans le XV gallois. « C’est là que j’ai réalisé que tout allait devenir beaucoup plus sérieux pour moi » , assure-t-il. Une ascension facilitée par les circonstances, comme la blessure de Taulupe Faletau et du repositionnement de Josh Navidi pour hériter du numéro 6, mais aussi à des capacités physiques hors normes.

Et si sa balance l’a vu passer en dix-huit mois de 85 à 104 kilos, pour répondre aux exigences du rugby pro, il n’en a pas perdu certaines caractéristiques. « Personne ne se rend compte à quel point il est rapide. Autant que certains trois quarts, peut-être plus » , commentait Shaun Edwards, l’entraîneur de la défense galloise. « J’ai vu son essai (contre la France) et je me suis dit qu’il aurait pu faire des dégâts dans un milieu de terrain » , regrette presque Danny Elliott. Ce vendredi, Aaron Wainwright aura tout de même une dernière mission à Tokyo avant de rentrer au pays : affronter les All Blacks pour le compte de la petite finale. Forcément moins haletant qu’une grande finale. Mais pour un type qui rêvait de jouer pour les Gunners, échouer si près du but a une certaine cohérence.

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Par Mathieu Rollinger

Tous propos recueillis par L’Équipe, l'AFP et Press Association

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