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Virgil Moutaud : « Au pays de Galles, tu es mis en valeur »

Propos recueillis par Mathieu Rollinger
Virgil Moutaud : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Au pays de Galles, tu es mis en valeur<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Virgil Moutaud a 26 ans et revient d'une année au pays de Galles où la D1, bien que confidentielle, offre de belles conditions pour découvrir le rugueux football britannique. Rentré cet été à Bourges, sa ville natale, il est certain que cette expérience avec les Druids de Cefn lui ouvrira des portes plus adaptées à son profil technique.

La France et le pays de Galles s’affrontent ce dimanche en Coupe du monde de rugby. Vas-tu regarder le match ?Honnêtement, non. Je n’accroche pas trop avec le rugby… Le seul sport qui m’intéresse en dehors du foot, c’est le football américain.

Tu as évolué pendant un an au pays de Galles, la saison dernière. As-tu senti si les gens se passionnaient plus pour le rugby que pour le foot ?Non, je n’avais pas vraiment cette sensation. De ce que je sais, ils sont très fans de l’équipe de leur localité, foot et rugby confondus. Et sur les grands événements, ils défendent tous les couleurs du pays. Mais entre Cefn, le petit village gallois où se trouvait mon club, et Chester, la ville anglaise où j’habitais, c’était compliqué de s’en rendre compte. Ma sœur a vécu en Irlande dans la ville où joue le Munster (Limerick, N.D.L.R.) et c’est vrai qu’on voyait toujours des personnes avec le maillot du club ou celui de l’Irlande. À Cefn, il n’y avait rien de tout ça.

Peux-tu nous présenter Cefn Druids, le club dans lequel tu jouais ?C’est le club doyen du pays de Galles, fondé il y a extrêmement longtemps (en 1892, N.D.L.R.). Après, on est vraiment dans une toute petite ville de 7000 habitants. C’est un peu l’équivalent de Guingamp chez nous. Le club est dans le dur, a très peu de moyens, mais reste très familial et essaye de se structurer petit à petit. Quand je suis arrivé, ils étaient qualifiés pour le premier tour de Ligue Europa, et on a perdu de justesse face aux Lituaniens du Trakai FK, mais la saison a été compliquée ensuite, puisqu’on a échappé de justesse à la relégation.

Comment tu t’es retrouvé là-bas ?À la base, je jouais à Bourges en CFA2. Je suis parti comme ça, les mains dans les poches en direction de la Belgique, où ça parle français et où j’avais deux trois connaissances sur place. Là-bas, j’ai trouvé un club en D4, le KAC Betekom, et j’ai été mis en contact avec un agent qui aide les Français à aller à l’étranger. Moi, je cherchais une expérience de l’autre côté de la Manche, et les Druids avaient besoin d’un milieu comme moi, en vue des tours préliminaires. Jouer l’Europe, ne serait-ce que deux matchs, et dans une D1, c’était une opportunité à ne pas rater. Je suis parti à l’essai et j’ai signé comme ça au tout début de l’été 2018.

Avant ça, tu n’avais jamais bougé de Bourges ?C’est ma ville et mon club, mais j’ai passé aussi deux ans en sport-études à Châteauroux. Et depuis que mon contrat a expiré à Cefn, je suis revenu ici en attendant de trouver quelque chose. Je m’entraîne avec eux, mais j’espère toujours trouver quelque chose d’autre, maintenant que j’ai goûté au circuit professionnel, même si c’était une petite ligue.

Quand ces équipes sont en difficulté, ils mettent de côté le jeu pour revenir à leur football à l’anglaise. Moi, en tant que milieu organisateur, j’ai été écarté au bénéfice de joueurs plus athlétiques pour récupérer du ballon.

Pourquoi ne pas être resté au pays de Galles ?Leur style de jeu ne me convenait pas vraiment. C’est très british à l’ancienne, du kick-and-rush. Il n’y a que les premières équipes du classement, notamment les New Saints (octuple champion en titre, N.D.L.R.), qui essayent de développer du jeu de possession. À la fin de saison, le coach m’a dit que si je voulais rester dans le coin, il fallait que je trouve un club dans les 4 premières divisions anglaises. Tout le reste, c’est basé sur l’intensité, les duels et les longs ballons. Physiquement, il faut être costaud. Ça reste le plus haut niveau que je n’ai jamais connu, même si en matière de culture tactique, on reste plus forts en France.

Tu as eu ta chance ?Avec les coupes, j’ai dû jouer 10 matchs, pas plus. L’élimination en Ligue Europa et le début de championnat compliqué ne m’ont pas aidé. Quand ces équipes sont en difficulté, ils mettent de côté le jeu pour revenir à leur football à l’anglaise. Moi, en tant que milieu organisateur, j’ai été écarté au bénéfice de joueurs plus athlétiques pour récupérer du ballon.

Ça a été formateur tout de même pour toi ?Oui, carrément ! Ne serait-ce qu’au niveau de l’environnement. Il y avait un staff très compétent, avec un préparateur physique qui s’occupait de nous, on avait des conseils sur la diététique, on avait les stats des matchs, que des choses que je n’avais pas eues auparavant. C’est médiatisé, la télé galloise diffuse les matchs. Donc on sent un engouement supplémentaire. Et puis c’est un vrai pays de supporters. Moi, ça m’a fait bondir d’un cran, sur le CV c’est toujours bien. Le regard des gens change un petit peu quand tu peux dire que tu as connu une D1, même si ce n’est que le pays de Galles.

Tu avais tenté ta chance ailleurs, avant d’opter pour le pays de Galles ?Oui, j’ai fait des essais aux États-Unis, à Nashville en D2, en Norvège, au Spišská Nová en D3 slovaque. Ça n’a pas toujours été concluant, mais par exemple, en Slovaquie, ça s’est super bien passé. Le problème, c’était les conditions de vie, ça n’était pas suffisant pour moi. Ils proposaient un petit salaire et on était logé dans une espèce d’internat pour sportifs. Quand tu as 17 ans, ça fait partie du truc et tu acceptes. Mais à 23-24 ans, tu as quand même besoin d’un minimum de stabilité dans ta vie personnelle. Et là, c’était bancal. Et des bruits couraient comme quoi après deux ou trois défaites, les joueurs n’étaient pas payés…

C’est donc plus dans les pays latins que tu aimerais évoluer par la suite ?Oui, j’ai fait un essai en Espagne cet été, au Club Deportivo Lealtad, j’ai même joué un match amical avec eux contre Gijón. Mais financièrement, c’était compliqué. Par rapport aux Britanniques, les salaires sont bien inférieurs. Et quand on change de pays, on repart de zéro, les gens ne nous connaissent pas en tant que footballeur. Mais dans le style, c’est clairement ça que je recherche. Cependant, je ne suis pas fermé à la France et je pense avoir de la chance d’avoir été formé ici.

Qu’est-ce qui t’a poussé à t’expatrier ?Lors de ma dernière saison à Bourges, en 2015, j’étais blessé. Je me suis posé la question de ce que je voulais faire et je voulais m’ouvrir à autre chose, tenter ma chance à l’étranger.

En France, on est en retard sur des pays comme l’Angleterre ou l’Espagne, où les championnats inférieurs sont très suivis. Quand on parle à des agents, ils savent ce qu’il se passe en D4 anglaise, beaucoup moins en N2 ou N3 française.

Tu avais la sensation d’être bloqué en France ?Ici, on a énormément de bons joueurs. Mais si on n’arrive pas rapidement en N2, qui est un bon niveau et où tu peux vivre du foot, en dessous tu es obligé de travailler pour gagner ta vie. Le foot ne devient plus une priorité et tu ne peux pas faire tout ce qu’il faut pour progresser. La muscu, les entraînements quatre fois par semaine, la récupération… c’est difficile à enchaîner quand tu as un boulot. À l’inverse, le niveau au pays de Galles n’est pas vraiment supérieur, mais tu as des super conditions, il y a des scouts à tous les matchs. Et forcément, tu peux grimper un peu plus vite et être mis en valeur. En France, on en prend le chemin, mais on est en retard sur des pays comme l’Angleterre ou l’Espagne, où les championnats inférieurs sont très suivis. Quand on parle à des agents, ils savent ce qu’il se passe en D4 anglaise, beaucoup moins en N2 ou N3 française.

Tu parlais des New Saints, mais ce qui est étrange, c’est que ce club se situe de l’autre côté de la frontière, en Angleterre…Je crois qu’ils ont déménagé entre-temps, oui. Mon club était aussi très proche de la frontière et j’habitais en Angleterre, à Chester. Mais le championnat est assez récent dans sa formule actuelle et a été créé en 1992. Les meilleurs clubs gallois comme Cardiff et Swansea sont inscrits dans les championnats anglais. Il y a même Wrexham, la grande ville la plus proche de Cefn, qui évolue en D5 anglaise avec le statut pro, et donc a plus de moyens que 90% des clubs de Welsh Premier League. Le fait qu’ils soient rattachés administrativement à l’Angleterre, ça a fait du mal au développement du championnat gallois.

Le public doit être un peu perdu avec tout ça.Il y a une petite base de supporters qui suivent leur équipe locale, surtout dans les clubs qui sont vraiment à l’ouest du pays de Galles. C’est là-bas qu’il y a les plus grosses affluences, ça chante, parfois un petit kop. Mais ailleurs, c’est plus parsemé. Même les New Saints, c’est assez vide, car trop proche des clubs anglais. Par exemple, à Wrexham, ils avaient 1500-2000 spectateurs, alors que nous, c’était plus 500. Mais c’est un pays qui est très centré sur lui-même : il n’y a que la Premier League qui compte. L’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne, c’est insignifiant pour eux…

Tu as pu en profiter pour voir des matchs anglais ?Le club de Chester est National League (D6), et j’avais vu un amical face à Liverpool. Mais c’est tout. On joue souvent en même temps, puisque là-bas tous les matchs se jouent l’après-midi.

C’est un pays qui est très centré sur lui-même : il n’y a que la Premier League qui compte. L’Italie, l’Espagne ou l’Allemagne, c’est insignifiant pour eux…

Qu’est-ce que tu as aimé dans la vie quotidienne là-bas ? L’accent gallois n’était-il pas trop fort ?Les Gallois ne sont pas les plus faciles à comprendre, surtout qu’ils ont leur langue spécifique. Mais dans l’équipe, il y avait quelques Anglais et tous les entraîneurs parlaient anglais. Pour ce qui est de la culture, c’est très européen. Je n’ai pas eu de difficultés pour m’adapter. En Belgique, c’était un peu pareil.

Tu as pu sympathiser avec d’autres joueurs ?Oui, je me suis très bien entendu avec un Polonais. Entre étrangers, on a tendance à se rapprocher. On avait aussi un international zimbabwéen dans notre équipe, Alec Mudimu. Il a fait la CAN, et je suis encore en contact avec lui, on avait de bonnes affinités.

J’imagine que tu as pu goûter à la culture de la troisième mi-temps.Pour être honnête, je suis du genre à faire très attention. J’essaye toujours de rester pro, donc je ne sortais pas trop. Mais oui, on est dans le cliché du Britannique qui aime la bière, tout en sachant rester sérieux par ailleurs. On s’est fait une ou deux fois une sortie entre joueurs, les week-ends sans match, et certains avaient une belle descente, oui.

Propos recueillis par Mathieu Rollinger

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